Inondations en C.-B. : quelles conséquences pour les assureurs et leurs assurés?

Les inondations ont notamment touché la ville d'Abbotsford, en Colombie-Britannique. (Archives)
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
Le coût des inondations pour les assureurs des Britanno-Colombiens reste à déterminer, mais depuis 10 ans, les événements météorologiques extrêmes coûtent, en moyenne, 2,1 milliards de dollars par an au Canada. Ces indemnités versées par les assureurs sont généralement liées à des dommages causés par l'eau.
De 1983 à 2008, la facture liée aux intempéries était d'environ 422 millions de dollars par année, explique Robin Edger, le directeur national des changements climatiques pour le Bureau d'assurance du Canada (BAC).
Cette année [les assureurs] prévoyaient environ 1,3 milliard avant [...] les inondations en Colombie-Britannique
, explique-t-il. Ces inondations, un événement climatique extrême de plus, ne devraient pas affecter les taux individuels, assure-t-il.
« L'industrie de l'assurance est bien capitalisée pour ce genre d'événements. C'est ce qu'ils prévoient. »
Si les prix ne doivent pas augmenter, certaines exemptions pourraient néanmoins réduire les couvertures disponibles, explique Janis Sarra, professeure de droit à l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) et co-chercheuse principale de la Canada Climate Law Initiative.

Une route submergée par l'eau lors des inondations à Abbotsford, en Colombie-Britannique, le lundi 15 novembre 2021.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms / CBC
Janis Sarra remarque que les glissements de terrain ne sont généralement pas couverts par les polices d'assurance, d'où une dépendance aux aides gouvernementales, comme le programme d'aide financière en cas de catastrophe de la Colombie-Britannique.
Les anciens modèles de tarification des assureurs sont aussi obsolètes, selon Janis Sarra, ce qui rend difficile l'établissement de prévisions. Certains de ces assureurs pourraient, en fait, commencer à avoir eux-mêmes des problèmes
, considère-t-elle.
« Au Canada, nous construisons au bord des rivières [et] sur les flancs des montagnes parce que c'est magnifique, mais sans vraiment regarder [les] risques. »
Robin Edger regrette que la société canadienne manque d'une culture de la préparation
, mais il espère que les inondations et les feux de forêt de l'été déclencheront des actions pour atténuer les risques en prenant des mesures d'adaptation et [...] de résilience climatique
.
Il encourage les Canadiens à vérifier leur police d'assurance habitation.
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43 % de foyers britanno-colombiens assurés contre les inondations
Environ 53 % des foyers canadiens ont souscrit une police d’assurance contre les inondations, explique Robin Edger, alors qu'il n'y en a que 43 %, en Colombie-Britannique
.
Cette police d’assurance n'existe que depuis les inondations catastrophiques qu'a connues l'Alberta en 2013 et qui avaient obligé les assureurs à s'adapter.
Pour les récents sinistrés qui sont assurés, il faudra faire preuve de patience.
Si Robin Edger assure que les assureurs sont motivés à clôturer leurs sinistres le plus rapidement possible
, une pénurie d'experts en sinistres en mesure de traiter les réclamations et une pénurie d'entrepreneurs pour la reconstruction pourraient ralentir les remboursements.
La semaine prochaine, des représentants du BAC
, dont Robin Edger, seront à Abbotsford pour aider les résidents touchés ayant des questions d'assurance.Des cartes des zones inondables obsolètes
En 2020, un rapport publié par le BAC coûterait 5,3 milliards par an aux municipalités (Nouvelle fenêtre).
et la Fédération canadienne des municipalités expliquait que l'adaptation climatiqueLe fédéral commence à aller de l’avant en élaborant une stratégie nationale d'adaptation [qui] devra être financée et, bien que ce soit une stratégie nationale, le financement finira par aller aux projets municipaux
, explique Robin Edger.
Ces investissements auraient dû être faits hier
, reconnaît-il. Il explique que les infrastructures n’ont pas été entretenues en fonction des prévisions liées aux changements climatiques et que la cartographie des inondations de ce pays est dépassée depuis longtemps
.
« D'une manière générale, si vous cherchez à connaître la carte des inondations dans une zone particulière, vous pouvez vous attendre à ce qu'il n'y en ait pas ou, s'il y en a une, qu'elle date d'il y a 20 ans [donc] les informations seront basées sur le climat d'il y a 20 ans. »
Robin Edger impute l'obsolescence des cartes à un manque d'intérêt politique et explique que le BAC
fait un travail de sensibilisation auprès du gouvernement.Nos estimations sont qu'environ 6 % à 10 % des maisons canadiennes sont à haut risque d'inondation et pourraient subir des inondations répétées au cours des 20 prochaines années.
Le BAC
travaille avec le gouvernement fédéral sur un groupement national d'assurance contre les inondations à haut risque.À lire aussi :
Janis Sarra explique que certains coûts d’assurance sont prohibitifs pour les primo-accédants, notamment à cause des incendies de forêt. Nous entendons le secteur immobilier dire que les gens achètent des maisons sous certaines conditions et qu'ensuite, ils découvrent qu'ils ne peuvent pas se permettre l'assurance.
« Mon souci est que nous ne nous retrouvions pas dans une situation comme dans certaines parties de l'Australie ou de la Californie, où le risque est si élevé que les assureurs refusent tout simplement d'assurer complètement. »
Janis Sarra énumère des mesures pouvant aider, comme les lois sur la tarification du carbone, des changements dans le zonage municipal, l’interdiction de rénover certains sous-sols ou l'obligation d’avoir des pompes.
Janis Sarra et Robin Edger croient tous deux que le signal d’alarme est en train d'être entendu et que les Canadiens comprennent désormais que les changements climatiques sont un problème du présent.