Très vulnérable, Cyrille Gibeault craint le personnel de la santé non-vacciné

Cyrille Gibeault avec son chien nommé Hémodialyse 2016, surnommé « Momo »
Photo : Radio-Canada / Catherine Poisson
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Cyrille Gibeault, un Gaspésien immunosupprimé, vit dans la crainte de contracter la COVID-19 lors de ses fréquents contacts avec des travailleurs de la santé. Il demande à Québec de revenir à son plan initial et d'exiger la vaccination obligatoire.
Sa condition fait en sorte que son système immunitaire ne fonctionne que partiellement, voire, plus du tout. Il est aussi atteint de polyarthrite rhumatoïde et d’une maladie du rein. Il est hémodialysé à la maison depuis cinq ans, à la suite d’un combat qu’il a mené en 2016, appuyé par son fils.

Cyrille Gibeault en 2016, en compagnie du député Gaétan Lelièvre, alors qu'il menait son combat pour l'accessibilité aux soins d'hémodialyse à Sainte-Anne-des-Monts.
Photo : Radio-Canada / Léa Beauchesne
Il avait donc un quotidien complexe avant l'arrivée de la pandémie. C'est risqué, c'est ma vie. Il me reste plus grand chose à vivre, mais j'aimerais pas la finir [ma vie] avec une COVID
, confie-t-il.
Le stress et la peur d'attraper le virus le suivent partout. Chaque fois que tu vas à l'hôpital, tu te poses des questions
, dit-il.
Si je l'attrape, ça va être quasiment la fin. Ça me surprendrait de passer à travers.
Cyrille Gibeault se sent encore trahi par cette annonce du 3 novembre, quand le ministre de la Santé a annoncé que les travailleurs de la santé non vaccinés contre la COVID-19 pourraient continuer à travailler. Déception, laisse-t-il tomber. Déception parce que c'est la seule sécurité que j'ai. Parce qu’avant qu'ils reculent, ce qu'ils nous disaient, c’est que la sécurité, c'est le vaccin, rien d'autre.

Cyrille Gibeault manipule la machine d'hémodialyse. (archives)
Photo : Radio-Canada / Léa Beauchesne
Maintenant, quand Cyrille Gibeault reçoit des travailleurs de la santé chez lui, ce qui est le cas plusieurs fois par semaine, il leur demande directement s'ils sont vaccinés.
Tout en sachant qu'il n'y a aucune preuve. Ce n'est pas dans la réglementation. La personne peut refuser de me le dire
, déplore-t-il.
Je ne me sens pas en sécurité quand je ne sais pas à qui j'ai affaire. Je ne sais pas s'ils sont vaccinés.
Aller à l'hôpital lui fait peur. J'aimerais mieux... qu'au moins ma maison soit sécuritaire, au moins ça, ajoute le Gaspésien. Ils viennent où je dors et je sais pas c'est qui.
Sans nouvelles du Ministère
Cyrille Gibeault a écrit une lettre au ministre de la Santé pour demander d'appliquer la promesse initiale, soit d’imposer la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé, au moins pour ceux qui sont en contact avec les patients. Si tu es derrière un bureau, je m'en fous, ce n'est pas ma place, considère-t-il. Mais la personne qui vient te prendre une prise de sang ou te faire un bandage quelconque, devrait être vaccinée. D'après moi, ils sont capables de le faire, mais qu'ils se donnent la peine.

Cyrille Gibeault peut maintenant recevoir ses traitements d'hémodialyse à la maison.
Photo : Radio-Canada / Catherine Poisson
Près de deux semaines après avoir envoyé sa lettre, il n'a toujours reçu aucune réponse. J'arrêterai pas, assure-t-il. Je veux au moins qu'ils me répondent, qu'ils me disent pourquoi c'était nécessaire pendant une semaine, un bout de temps. Un coup qu'il a fait son bluff, c'était plus nécessaire.
Ni le Ministère ni le CISSS de la Gaspésie n'ont voulu nous accorder d'entrevue.
Le CISSS indique toutefois mener des vérifications pour déterminer si le statut vaccinal des travailleurs de la santé représente une information confidentielle ou non.
Cyrille Gibeault, lui, attend toujours de retrouver sa paix d'esprit.
Avec les informations de Catherine Poisson