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Publicités antiracistes : quand « québécois » ne se traduit pas

Deux personnes noires assises sur un banc de parc avec, en surimpression, les mots « des amis québécois ».

La version française décrit les personnes rassemblées comme des « amis québécois ».

Photo : YouTube

Une campagne publicitaire pour lutter contre le racisme unit contre elle des représentants de la communauté anglophone et des groupes nationalistes. Bilingues, les publicités du gouvernement laissent tomber le vocable «  québécois » dans leur version anglaise. Après avoir invoqué le « choix éditorial », Québec se ravise.

C’était l’une des recommandations du rapport Le racisme au Québec : tolérance zéro, publié en décembre 2020 par le Groupe d’action contre le racisme : sensibiliser la population aux stéréotypes qui circulent toujours dans la société.

Pour ce faire, le ministre responsable de la lutte contre le racisme, Benoit Charette, a présenté quatre publicités mettant en scène des personnes d’origines diverses dans des moments susceptibles de faire ressortir les préjugés des téléspectateurs.

Les quatre publicités sont traduites. Elles sont identiques en français et en anglais, à un mot près : alors que la version française conclut que les individus représentés sont des amis, de la famille, ou des voisins québécois; en anglais, ils ne sont que des amis, de la famille, ou des voisins, sans plus.

Questionnée sur l’absence du qualificatif dans la publicité anglaise, la porte-parole du ministre Benoit Charette, Rosalie Tremblay-Cloutier, mentionne un choix de traduction. Le mot québécois n’aurait pas la même connotation que la traduction Quebecer, qui ferait davantage référence à une personne dont la langue maternelle est le français.

Fière d’être Quebecer

Le message qu’on envoie, c’est que nous ne sommes pas Québécois [à part] entière, s'insurge Eva Ludvig, de la Quebec Community Groups Network. Elle s’explique mal ce qui a pu faire penser au gouvernement qu’une pareille omission passerait inaperçue.

Le mot Quebecer décrit très bien notre appartenance à cette province, comme les Québécois francophones. C’est vraiment un refus de reconnaître notre identité comme faisant partie intégrante du Québec.

Elle déplore aussi que la publicité fasse appel à des stéréotypes qui risquent d’alimenter les divisions, plutôt que de les dissiper.

Malaise dans les deux langues

Fait plutôt rare pour ce type d’enjeux, le son de cloche est le même dans le camp nationaliste. Interpellé sur les réseaux sociaux, Frédéric Lacroix, auteur de plusieurs livres portant sur la question linguistique, estime que le gouvernement a été malhabile.

M. Legault fait souvent appel à la fierté, mais dans ce message-là, la fierté est absente, affirme le chercheur.

À son avis, ce choix est d’autant plus grave qu’on assiste présentement à une forme de décrochage identitaire d’une partie de la communauté anglophone, qui ne s’identifie plus comme québécoise.

Le gouvernement du Québec doit donner l’exemple : est Québécois celui qui habite au Québec. Si lui-même refuse d’envoyer ce message, qui le fera?, s’interroge le député Pascal Bérubé.

Le porte-parole du Parti québécois en matière de langue française demande donc au ministre responsable de retirer la version anglaise de la publicité, pour la corriger.

Québec se ravise

Un peu plus tard, en soirée, le ministre de la Lutte contre le racisme, Benoit Charette, a reconnu sur Twitter que les réactions que ces publicités ont suscitées démontrent que ce n’était pas la meilleure solution.

Il a indiqué qu’après discussions avec [le] responsable des relations avec les communautés anglophones, il a été décidé qu'on modifie la pub en anglais.

Tous les citoyens du Québec sont des Québécois, peu importe leur langue. Il a toujours été clair pour nous que c’était le cas, a ajouté le ministre Charette.

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