Hydro T.-N.-L. emploie un ex-cadre de Nalcor mêlé à des démarches « peu scrupuleuses »
Ancien vice-président de Nalcor, Gilbert Bennett a été une figure marquante du projet de Muskrat Falls pendant 15 ans et il a été vivement critiqué dans le rapport de la commission d’enquête dirigée par le juge Richard LeBlanc.
Photo : CBC/Terry Roberts
Un cadre de la société Nalcor qui a été lié au projet controversé de Muskrat Falls pendant 15 ans et qui fait partie de ceux qui ont fait des démarches « peu scrupuleuses » pour faire approuver le projet demeure un cadre de la société Hydro Terre-Neuve-et-Labrador, restructurée au début du mois.
Le nom de Gilbert Bennett figurait en évidence dans le rapport de l’enquête publique sur le projet hydroélectrique de Muskrat Falls, qui a connu des années de retard et des dépassements de coût évalués à des milliards de dollars. M. Bennett est maintenant vice-président au développement de l’énergie d’Hydro Terre-Neuve-et-Labrador.
Il était auparavant vice-président directeur du développement de l’énergie chez Nalcor. Même si son nouveau titre est allégé, il conserve son salaire annuel de 340 000 $ qui est considérablement plus élevé que le maximum de 286 000 $ de la nouvelle échelle salariale.
Un porte-parole d’Hydro Terre-Neuve-et-Labrador confirme que M. Bennett n’est pas admissible à toute autre augmentation de salaire, parce que le sien dépasse déjà l’échelle établie pour les vice-présidents.
À lire aussi :
La présidente et première dirigeante d’Hydro Terre-Neuve-et-Labrador, Jennifer Williams, n’a pas accordé d’entrevue pour expliquer la raison pour laquelle Gilbert Bennett est toujours en poste alors que d’autres vice-présidents de Nalcor ont été renvoyés.
Gilbert Bennett était un bras droit de l’ancien premier dirigeant de Nalcor Ed Martin pendant des années avant que ce dernier ne parte dans la controverse en 2016. Il était aussi un assistant du premier dirigeant de Nalcor Stan Marshall qui a pris sa retraite il y a cinq mois.
L’ancien premier ministre Dwight Ball a ordonné une enquête publique sur le projet de Muskrat Falls en 2017. Le juge Richard LeBlanc a dirigé la commission d’enquête. Il avait des mots durs dans son rapport au sujet d’Ed Martin et de Gilbert Bennett.
Le juge a indiqué dans son rapport que les deux hommes et d’autres dirigeants du projet ont fréquemment fait des démarches peu scrupuleuses
pour faire approuver le projet en 2012. Selon le juge, il ont dissimulé des renseignements qui auraient nui à l’analyse de la rentabilité du projet. Ni le public, ni le gouvernement, ni le conseil d’administration de Nalcor n’a eu accès à ces renseignements, a souligné M. LeBlanc.
Richard LeBlanc a aussi remis en question les compétences de M. Bennett pour ce poste en expliquant qu’il n’avait jusque-là aucune expérience en matière de projet hydroélectrique, de transmission de l’électricité et de gestion de travaux de construction.
Le premier dirigeant de Nalcor au moment de la publication du rapport, Stan Marshall, avait refusé de tenir M. Bennett responsable de faux pas qui ont mené à ce projet qu’il a lui-même qualifié de gâchis. M. Marshall avait expliqué qu’il voulait se concentrer sur l’exécution du projet plutôt que sur la défense de certaines personnes.
Des économies en matière de salaires
Jennifer Williams a annoncé le 2 novembre l’abolition de sept postes de direction dans le cadre de l'intégration de Nalcor à Hydro Terre-Neuve-et-Labrador.
Le gouvernement provincial a annoncé en juin sa décision de démanteler Nalcor et d’intégrer les activités de cette société à celles d’Hydro Terre-Neuve-et-Labrador. Cette dernière était autrefois une filiale de Nalcor.
Nalcor a été la cible de nombreuses critiques pour ses liens avec Muskrat Falls et les primes annuelles de rendement qu’elle accordait à ses hauts dirigeants. Ces primes, qui pouvaient atteindre 20 % pour un cadre de la société et 30 % pour un vice-président, ont été éliminées.
La restructuration a entraîné une baisse du nombre de cadres, de 18 à 11, et des économies de 2,2 millions de dollars en salaires, selon Hydro Terre-Neuve-et-Labrador, qui compte maintenant 10 vice-présidents et sa première dirigeante.
Le salaire annuel de Jennifer Williams s’élève à 395 000 $.
La rémunération totale de Stan Marshall chez Nalcor en 2020, primes comprises, s’élevait à 840 000 $.
D’après un reportage de Terry Roberts, de CBC