Quand s’intégrer rime avec amitié
Fane Abakar est accompagnée de sa nouvelle amie Ève-Marie Paquet.
Photo : Radio-Canada / Bruno Giguère
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Voici l’histoire d’amitié entre deux adolescentes, la Camerounaise Fane Abakar et la Québécoise Ève-Marie Paquet. La première cherchait à s’intégrer, l’autre était en quête d’estime de soi. Elles ont toutes deux trouvé leurs réponses dans le projet Émeraude de l’organisme Motivaction Jeunesse.
Fane Abakar est arrivée du Cameroun il y a trois ans. Elle a quitté son pays parce que ses parents voulaient fuir la violence et lui offrir un meilleur avenir. Quand je suis arrivée, je trouvais ça vraiment difficile de vivre au Canada avec de la neige. Je trouvais ça vraiment difficile à l'école. Au début, je ne connaissais personne
, raconte l’adolescente de 17 ans.
Le froid, la neige, l’isolement : elle a dû faire face à plusieurs défis avant de sentir qu'elle avait sa place dans son pays d’adoption. Cette place, elle l’a trouvée grâce au projet Émeraude de l’organisme Motivaction Jeunesse, destiné aux jeunes filles immigrantes ou qui vivent différentes difficultés psychosociales. Le projet mise sur le sport et les activités de plein air pour amener les jeunes à rayonner.
Fane a essayé plusieurs sports pour la première fois – boxe, escalade, planche à roulettes, vélo – avec Émeraude. Elle a particulièrement aimé le ski de fond, signe que la neige ne lui fait plus aussi peur.
Au-delà du sport, le projet Émeraude, c’est aussi de belles rencontres comme celle entre Fane et Ève-Marie. Toutes deux prennent le même autobus depuis longtemps, mais ce n’est que tout récemment qu’elles marchent ensemble de l’arrêt d’autobus à l’école.
Ève-Marie Paquet était une jeune fille timide en quête d’estime de soi quand elle a fait la connaissance de sa nouvelle amie camerounaise. Souvent, nous, les filles, on est beaucoup moins à l'aise face aux gars. En tout cas pour moi, c'est le cas
. C’est ce qui l’a attirée dans le projet Émeraude.
Une centaine de filles
L’intervenante Sophie Bergeron rencontre une quinzaine de filles de l’école Jean-de-Brébeuf deux fois par semaine. Une fois pour bouger et l’autre pour discuter.
À travers le sport et le plein air, on leur fait vivre des réussites, on leur fait prendre confiance en elles, on crée vraiment une espèce de petit lieu sécuritaire où elles sont à l'aise de bouger, de faire des choses des fois qu'elles ne font pas quand elles sont face aux garçons
, explique l’intervenante, qui travaille pour l’organisme Motivaction Jeunesse.
Une centaine de filles sont inscrites au projet Émeraude dans cinq écoles et deux milieux de vie de Québec.
Des résultats
On les voit vivre des réussites et c'est extraordinaire
, remarque l'intervenante, qui est témoin de la naissance de plusieurs amitiés.
Fane constate que les activités d’Émeraude ont contribué à diminuer son stress et à augmenter sa confiance en elle. Ève-Marie aussi se sent mieux. Elle remarque que sa nouvelle amie l’aide à voir le monde différemment.
Ça me permet d'avoir un œil différent sur un peu tout, on a des opinions différentes. Elle m'aide et ça va me faire un super grand plaisir quand elle va avoir besoin d'aide de pouvoir l'aider à mon tour
, dit-elle.