Le village de Saint-Isidore perd sa seule épicerie

La seule épicerie de Saint-Isidore fermera ses portes le 4 décembre prochain.
Photo : Radio-Canada / Denis Babin
La seule épicerie du village de Saint-Isidore, dans l’est ontarien, va fermer ses portes le 4 décembre prochain, provoquant une onde de choc au sein de la population qui compte quelque 800 âmes.
Josée Laramée, qui a déménagé avec sa conjointe dans cette petite communauté de la municipalité de la Nation il y a une quinzaine d’années, peine encore à y croire.
Quand tu choisis un village, tu le fais en fonction de tes besoins. Pour nous, c’était hyper important d’avoir des médecins, une épicerie. Puis, quand on a appris [...] que l’épicerie fermait, [...] il y a eu comme un grand stress
, raconte d’entrée de jeu Josée Laramée.
Elle se fait difficilement à l’idée qu’elle devra bientôt se rendre à Casselman, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest, pour acheter ses aliments.
C’est sans compter les résidents des communautés environnantes, comme Fournier, Riceville ou Saint-Bernardin, qui devront aussi aller se ravitailler ailleurs.
[À Saint-Isidore], on parle d’un village, d’une communauté qui est vraiment vieillissante, à mobilité réduite. [...] Il y a des personnes qui marchent, qui viennent à l’épicerie, qui vont marcher jusqu’à chez elles pour rapporter leur épicerie. Elles n’ont pas toujours d’auto
, poursuit Josée Laramée.
L’heure de la retraite a sonné pour les propriétaires
Au cours des dernières années, les propriétaires Jacques et Lyne Roy ont tenté, sans succès, de trouver preneur pour leur commerce qui est exploité sous la bannière Valu-mart, une chaîne d’épiceries appartenant au géant canadien de l’alimentation Loblaw.
Ça fonctionnait très bien ici. C’est juste qu’il n’y a pas de relève pour reprendre le commerce
, confie Jacques Roy.
Le couple, qui prend une retraite bien méritée après une trentaine d’années en affaires à Saint-Isidore, se voit donc obligé de fermer boutique.
Le magasin d’alimentation compte plus d'une vingtaine d'employés, dont une douzaine à temps plein qui, avec l'aide de la famille Roy entre autres, ont rapidement été embauchés par des épiceries ailleurs dans la région.
L’heure est venue. [...] Mais c’est encore assez dur. Des clients, la semaine passée, sont venus me voir quasiment en larmes. [...] J’ai toujours été proche de mes clients. J’aimais voir les gens
, ajoute l’épicier.
Les élus locaux sont interpellés
Le conseiller municipal Alain Mainville, dont le quartier comprend le village de Saint-Isidore, a eu vent de cette nouvelle à la fin de l’été.
Il est le premier à l’avouer : le champ d’action de la municipalité de la Nation dans un tel dossier demeure limité.
J’espérais tout le temps que quelqu’un s'engage quelque part. Il semble que c’est très difficile [...], [mais] ce n’est pas le conseil municipal qui doit prendre la relève
, indique le conseiller.
Pour sa part, Josée Laramée continue de vivre d’espoir.
Elle souhaite de tout cœur que l’épicerie du village, qu’elle décrit aussi comme un lieu de rencontre pour les résidents, puisse poursuivre ses activités.
[Une épicerie], ça répond à un besoin réel dans notre communauté. [...] On a besoin de gens qui vont être capables de prendre la relève [pour que l’on puisse] avoir notre épicerie à nouveau
, conclut-elle.