400 000 véhicules électriques et hybrides produits en Ontario d’ici 2030

Près de 4 milliards de dollars d'investissements sont actuellement injectés dans la refonte de plusieurs lignes de production chez les constructeurs automobiles installés en Ontario.
Photo : Associated Press / Jerry S. Mendoza
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, annonce une nouvelle phase dans son plan pour faire pivoter l’industrie automobile vers les moteurs électriques et souhaite atteindre 400 000 véhicules nouvelle génération produits dans la province d’ici 2030.
Ce plan, qui compte sur l’augmentation des exportations de technologies et de pièces automobiles conçues en Ontario
, pourrait cependant être contrarié par le protectionnisme du président des États-Unis, Joe Biden.
Lancée en 2019, la réforme du secteur automobile voulue par le gouvernement conservateur s’appuie sur la volonté de rediriger la production de véhicules et de pièces automobiles vers les modèles électriques, de créer une chaîne d’approvisionnement ontarienne pour les batteries électriques, d'innover
dans le secteur et d'attirer des travailleurs qualifiés.
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Plusieurs constructeurs ont d’ores et déjà investi pour convertir une partie de leur production dans la province, comme l’usine Ford à Oakville ou celle de General Motors à Oshawa.
« L'industrie automobile évolue à mesure que les consommateurs exigent différents types de technologies automobiles. »
Toutefois le premier ministre reconnaît l'existence de deux principaux obstacles à son plan, à commencer par le manque de main-d'œuvre qualifiée. En conférence de presse mercredi, M. Ford a lancé une invitation aux travailleurs étrangers.
Nous ressentons tous la pénurie en ce moment. Nous avons besoin de gens du monde entier. Les amis, vous qui êtes là-bas, s'il vous plaît, venez en Ontario
, a-t-il déclaré.
Pour Benoît Charette, journaliste spécialisé dans l'actualité automobile, Ottawa doit consulter les constructeurs pour déterminer les besoins et les aider au recrutement et à la formation des travailleurs nationaux et étrangers.
« On a beau avoir de grandes facilités, de grandes possibilités de production, s'il n'y a personne pour remplir les postes vacants, on ne produira pas d’autos. »
Par ailleurs, le premier ministre ontarien se dit très préoccupé
par le crédit d’impôt de 12 500 $ compris dans le Buy American Act que compte verser l'administration Biden à tous les acheteurs de véhicules électriques neufs fabriqués aux États-Unis. Cette politique est perçue comme un avantage injuste consenti aux grands constructeurs automobiles américains.
Nous ferons tout pour éviter d'être exclus de ce Buy America [sic]. Ça va faire mal des deux côtés de la frontière s'il continue de faire ça
, a déclaré Doug Ford.
Il a assuré être solidaire de Justin Trudeau, qui participe mercredi, avec les présidents des États-Unis et du Mexique, à un sommet à Washington où le sujet doit être abordé.
Pas d'incitatifs provinciaux à l'achat de véhicules électriques
Pour ce qui est des ventes en Ontario, M. Ford n'a pas fermé la porte à la remise en place de rabais sur l'achat de véhicules de l'avenir
, selon son expression, lui qui a mis fin à cette aide financière allant jusqu'à 14 000 $ lors de son arrivée au pouvoir, disant qu'elle bénéficiait aux millionnaires
.
Ce type d'incitatif permet pourtant à la Colombie-Britannique et au Québec de mener les ventes à l'échelle nationale, rappelle M. Charette.
C'est toujours l'histoire de l'œuf et de la poule, selon lui. Si on a des incitatifs, on va avoir des acheteurs.
Les partis d'opposition insistent sur cette faiblesse
du plan des conservateurs, comme le qualifie le NPD de l'Ontario.
« [Doug Ford] refuse toujours d'avoir des incitatifs ou des rabais sur les véhicules électriques et refuse de s'engager à remettre les bornes de recharge qu'il a retirées. »
Pour le Parti vert de l'Ontario, la remise en place d'incitatifs à l'achat est également cruciale pour relancer les ventes.
La transition verte doit être ancrée dans l'équité. Elle doit être abordable pour tout le monde
, déclare le chef des verts, Mike Schreiner, dans un communiqué.
L'analyste automobile Benoît Charette estime quant à lui que les incitatifs peuvent se traduire par autre chose que des subventions à l'achat, par exemple en rendant gratuits les stationnements des centres-villes pour les véhicules électriques ou en veillant à ce que des autoroutes comme la 407, qui est payante, soient gratuites pour les véhicules électriques
.