Les vêtements usagés ont la cote

Jean-François Couture (à gauche) a quitté son emploi pour démarrer une boutique de vêtements usagés.
Photo : Radio-Canada / Kassandra Nadeau-Lamarche
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Soutenue par une croissance importante de la demande à laquelle les millénariaux ne sont pas étrangers, l’industrie du vêtement de seconde main a le vent dans les voiles au Québec et ailleurs au Canada.
Que ce soit pour des raisons éthiques, esthétiques ou environnementales ou par souci de réaliser des économies, les consommateurs sont de plus nombreux à se tourner vers les vêtements usagés. Ce n’est donc pas un hasard si les friperies, comptoirs et autres boutiques qui en font le commerce semblent pousser à vue d'œil.
Jean-François Couture a récemment quitté son emploi pour se lancer en affaires. D’abord ouverte exclusivement en ligne, sa boutique, Le Petit Couture, qui offre des vêtements unisexes de seconde main, a maintenant pignon sur rue dans le quartier Limoilou, à Québec. La clientèle, dit le jeune entrepreneur, est au rendez-vous.
J'ai de belles semaines de vente, je traite quand même entre 20 et 25 commandes par semaine via mon site web avec une moyenne d'achat de 80 $
, indique M. Couture en entrevue à Radio-Canada.
« J'ai de plus en plus de commandes de partout au Canada. Ce week-end, j’en ai eu une de l’Alberta. »
À en croire l’une de ses clientes, Catherine Kotiuga, l’attitude des consommateurs vis-à-vis des friperies, en particulier les plus jeunes, a considérablement évolué au cours des dernières années.
Dans le temps, le Village des Valeurs, pour moi, c'était une place pour aller se costumer
, se souvient-elle. Pour [moi et la plupart de] mes amies qui sont dans ma tranche d'âge, c'est rendu vraiment normal d'aller dans les friperies. C’est même l'fun, c'est comme une chasse au trésor.
Qualité et originalité
Sophie-Charlotte Gaudreau a elle aussi un penchant pour les friperies, où elle arrive à trouver des vêtements de qualité et durables, faits avec de bonnes matières
, et dont elle aime le côté unique
.
J'aime quand même ça, trouver des petits trésors, trouver des trucs originaux, puis pouvoir changer de look tous les jours; être très western un jour, très classique l’autre jour. Aller vraiment avec les multiples facettes de ma personnalité
, confie la jeune femme.
Bernard Korai, professeur agrégé au Département d'agroéconomie et des sciences de la consommation de l'Université Laval, affirme que les jeunes contribuent à la forte croissance de l’économie de seconde main au Canada.
Une affaire de gros sous
C'est un marché qui est présentement de l'ordre de 36 milliards de dollars et qui va croître jusqu'à 77 milliards d'ici 2025, et [parmi] les facteurs qui font croître ce marché-là, [il y a] l'intérêt que les milléniaux ont pour le secteur du textile de seconde main
, mentionne le professeur.
M. Korai explique que les jeunes sont davantage soucieux des impacts environnementaux de l’industrie du textile, parmi les plus polluantes au monde.
Il ajoute que les consommateurs issus de la génération du millénaire n’achètent pas des vêtements uniquement pour répondre au besoin de se vêtir, mais pour vivre l’expérience rattachée à l’achat.
Il y a quelques années, le vêtement était perçu comme une position. J’achète un vêtement pour moi [...] Aujourd’hui, j'achète un objet, mais [pas juste] pour moi. Je vais l'utiliser et puis permettre aussi à d'autres personnes de l'utiliser. Donc, l'achat, aujourd'hui, n'est plus seulement une position, mais devient une expérience
, précise Bernard Korai.
30 % des biens usagés
Selon le 5e Indice Kijiji de l’économie de seconde main - 2019 publié par l’Observatoire de la consommation responsable de l’UQAM
, les vêtements représentent la plus importante catégorie de biens de seconde main échangés au pays.En 2018, 30 % des transactions de biens de seconde main réalisées au Canada visaient des vêtements, des chaussures et des accessoires de mode.
La popularité de ces articles contribue à faire en sorte que l’économie de seconde main génère 1,23 % du produit intérieur brut canadien.
Avec les informations de Kassandra Nadeau-Lamarche