Pandémie et opioïdes font souffrir les jeunes, selon le protecteur de l’enfance

Les enfants ont beaucoup souffert de la pandémie et de la crise des opioïdes selon un rapport du Bureau du protecteur de l'enfance de l'Alberta.
Photo : iStock
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La pandémie de COVID-19 et la crise des opioïdes ont un eu de graves conséquences sur les jeunes les plus vulnérables de la province, révèle un rapport du Bureau du protecteur de l'enfance et de la jeunesse de l'Alberta.
Dans le document publié mercredi, Del Graff, indique que son organisme a été informé de 81 cas de blessures sérieuses et de décès de jeunes dont s'occupent les services de protection à l'enfance en 2020-2021.
Il s’agit d’une augmentation de 31 % par rapport à l’année précédente.
Il fait cependant remarquer que ces chiffres sont demeurés élevés au fil des ans. Pour l’année 2019-2020, 62 cas ont été rapportés, contre 69 en 2018-2019 et 86 en 2017-2018.
Cela nous inquiète, parce que [les chiffres] continuent d’augmenter
, affirme Del Graff, en ajoutant que l’année 2021-2022 s’annonce déjà pire que la précédente.
Selon lui, s'il faut tenir compte de beaucoup de facteurs, la crise des opioïdes a, à elle seule, eu des conséquences dévastatrices sur les jeunes.
Del Graff affirme que pour prévenir les morts par surdose, les jeunes doivent développer les habiletés et les réseaux de soutien nécessaires pour éviter de se tourner vers la drogue lorsqu’ils font face à l’adversité.

Le protecteur à l'enfance de l'Alberta, Del Graff.
Photo : Del Graff
En juin, le Bureau du protecteur de l'enfance de l'Alberta a d’ailleurs publié un rapport appelant la province à mettre sur pied une stratégie pour combattre l’abus de substances chez les jeunes et contrer une nouvelle hausse du nombre de décès.
L'année 2020 a atteint un nouveau sommet en la matière, avec 95 décès de jeunes de moins de 25 ans. Les 22 décès survenus dans les deux premiers mois de 2021 incitent Del Graff à penser que l'année en cours pourrait être encore plus meurtrière.
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Pandémie
Del Graff ajoute que le stress et l’isolement engendrés par la crise sanitaire ont amplifié de nombreux problèmes déjà existants.
Le nombre de demandes faites à son bureau a d’ailleurs augmenté d’environ 33 % depuis le début de la pandémie, indique-t-il.
Le rapport souligne également que la pandémie a perturbé les services offerts au tiers des enfants desservis.
Nous constatons que les systèmes desservant les enfants en Alberta ont eu de la difficulté à ajuster leurs services pour répondre adéquatement aux besoins des jeunes
, note le rapport.
Le Bureau du protecteur de l'enfance de l'Alberta a lui-même dû transférer la plupart de ses activités en ligne en raison de la crise sanitaire.
Les Autochtones surreprésentés
Le document démontre également que les Autochtones demeurent surreprésentés au sein du système de protection de l'enfance albertain. Au cours de l’année 2020-2021, ils représentaient 64 % des cas traités.
Del Graff affirme que la situation s’est empirée au cours des dernières années.
Il y en a plus, maintenant, qu’il y a dix ans.
Cheryl Whiskeyjack, de l’organisme Bent Arrow Traditional Healing Society, explique que ces enfants souffrent parfois de traumatismes intergénérationnels et viennent de familles défavorisées.

Des communautés et organismes autochtones réclament une nouvelle approche lorsque des enfants autochtones sont pris en charge par les services sociaux albertains.
Photo : Reuters / Chris Wattie
Ces problèmes seraient mieux traités au sein même de leur Nation, au lieu d’utiliser un système occidental, croit-elle.
Il y a une raison pour laquelle on les appelle "Premières Nations". C’est parce qu’ils ont une nation
, dit-elle.
Cheryl Whiskeyjack demeure tout de même optimiste. Selon elle, 40 % des enfants desservis par son organisme vivent avec un parent proche, au lieu d’être placés dans un foyer ou une famille d’accueil conventionnel.
Plusieurs recommandations
Le rapport publié mercredi fait état de six nouvelles recommandations. L’une d’entre elles vise le suicide chez les jeunes.
Le rapport demande l’organisation d’un forum afin de mettre en lumière les actions prises dans les deux premières années du plan quinquennal de la province pour la prévention du suicide et de présenter les actions qui seront prises au cours des deux prochaines années.
Selon le rapport, 11 % des jeunes décédés se sont suicidés.
La directrice des communications du ministère des Services à l’enfance, Nancy Bishay, affirme que le ministère a accepté le principe de la recommandation et qu’il s’engage, avec le ministère de la Santé, à soutenir sa mise en œuvre.
Elle ajoute qu’au cours de la prochaine année, le ministère compte mettre à jour son plan d'action et qu’un forum pourra être organisé après la pandémie.
Les autres recommandations du rapport concernent entre autres le transfert de dossiers, la collaboration entre agences communautaires et l’augmentation du nombre de résidences pouvant accueillir des familles complètes pour des programmes de traitements.
Eric Engler, l’attaché de presse du ministre adjoint à la Santé mentale et aux Dépendances, Mike Ellis, affirme que son gouvernement est d'accord avec la nécessité d'améliorer la coordination du soutien et des services offerts.
Il indique que son ministère souhaite améliorer l’accès aux services de désintoxication et qu’il examinera de près les recommandations du rapport commandé par la province auprès d’un panel d'experts en matière de bien-être chez les jeunes, dont la publication est prévue cette année.
De son côté, Del Graff soutient que de meilleurs mécanismes devraient être mis en place pour s’assurer que le gouvernement albertain rende des comptes par rapport aux actions mises en œuvre pour répondre aux recommandations et aux besoins des jeunes.
C’est quelque chose qui m’inquiète de plus en plus
, dit-il.
Avec les informations de Stephen David Cook