Le patron d’Air Canada dit ne pas avoir le temps d’apprendre le français

Michael Rousseau, PDG d'Air Canada
Photo : Radio-Canada
Interpellé après avoir prononcé un discours uniquement en anglais devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), le PDG d'Air Canada, Michael Rousseau, a laissé entendre qu’il n’avait pas le temps d’apprendre le français.
« Si vous me posez des questions sur mon français, je vous répondrai que j’aimerais pouvoir le parler, mais que ma priorité en ce moment est de remettre Air Canada sur pied. Si vous regardez mon horaire, vous comprendrez. »
Michael Rousseau est à la tête du plus grand transporteur aérien du Canada depuis février dernier. Le poste lui a été confié même s'il ne parle pas français, alors qu'il vit en banlieue de Montréal depuis 14 ans. J'ai été capable de vivre à Montréal sans parler français et je pense que c'est tout à l'honneur de Montréal
, a aussi dit M. Rousseau.
La réponse du patron du principal transporteur aérien du Canada, assujetti à la Loi sur les langues officielles, n’a pas manqué de faire réagir.
Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMMsurpris
par les propos du patron d’Air Canada.
La ministre fédérale des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a rappelé que les deux langues officielles sont notre richesse, et nos leaders se doivent d’en faire la promotion
. Elle s'est adressée directement à M. Rousseau, l’invitant à faire l'effort d'apprendre la magnifique langue qu'est le français
.
C’est inacceptable!
, a lancé le libéral Pablo Rodriguez, ministre du Patrimoine canadien et lieutenant du Québec.
« L’insulte à l’injure. Air Canada doit des explications aux Québécois et aux francophones de partout au pays. C’est un manque de respect envers notre langue. Inacceptable! »
Le Québec, dont la seule langue commune et officielle est le français [une des deux langues dites officielles du Canada], paie plus de 20 % des subventions et des aides fédérales à Air Canada
, a écrit le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, sur son compte Twitter.
Le ministre de la Justice et leader parlementaire du gouvernement du Québec a aussi eu des propos durs à l’endroit du PDG d’Air Canada sur Twitter.
« Le grand patron d’Air Canada exprime tout ce que nous avons rejeté il y a des décennies : le mépris pour notre langue et notre culture chez nous au Québec. Ces propos sont indignes des fonctions qu’il occupe. »
Je trouve ces propos épouvantables et irrespectueux
, a également réagi la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade. Air Canada a franchement la manie de ne pas comprendre l’impact de ses décisions.
Le chef parlementaire et porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a lui aussi réagi sur Twitter : De l'affairisme méprisant digne des années 50.
Pour Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, il s’agit d’un moment surréel de mépris
.
M. Plamondon pointe le gouvernement caquiste : Être incapable d’évoquer la possibilité de notre indépendance, ça donne un Québec incapable d’obtenir le respect.

Même s'il habite la région de Montréal depuis 2007, le patron d'Air Canada Michael Rousseau, refuse d'apprendre le français. C'est ce qu'il a dit aujourd'hui à la Chambre de commerce de Montréal alors qu'il venait de livrer un discours en anglais seulement. Et même si le transporteur est assujetti à la Loi sur les langues officielles, il refuse de s'engager à apprendre la langue. Reportage d'Olivier Bachand.
Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge, rappelle qu’il a formulé de nombreuses recommandations à Air Canada quant au respect du français, dont les résultats se font toujours attendre.
Il ajoute que le Commissariat aux langues officielles a très peu de pouvoir auprès des institutions fédérales
.
« L’exemple d’aujourd’hui milite en faveur d’une modernisation de la loi. »
Dans un communiqué, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFAsidérée
par les propos de M. Rousseau.
« Il doit s’excuser pour son attitude insensible et son manque de respect envers les francophones. »
Si le commissaire aux langues officielles disposait du pouvoir de délivrer des ordonnances et d’imposer des sanctions […] ça serait peut-être pris au sérieux
, ajoute Mme Roy.