« On passe de la vaccination obligatoire au dépistage obligatoire », dit Christian Dubé
Horacio Arruda, directeur national de santé publique, et Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, qui avait donné jusqu’au 15 novembre au personnel de la santé pour se faire vacciner, permettra finalement aux employés non vaccinés de continuer à travailler, mais à certaines conditions.
La vaccination ne sera plus obligatoire pour les employés actuels du réseau de la santé, mais elle le sera pour les nouveaux employés
, a déclaré le ministre Dubé, mercredi, en conférence de presse.
Les employés de la santé qui refuseront le dépistage seront suspendus sans solde
, a-t-il poursuivi, notant que certaines personnes ont déjà été suspendues, notamment à Québec.
Les travailleurs de la santé qui, à ce jour, n'ont reçu aucune dose du vaccin contre le coronavirus devront subir, trois fois par semaine, un test de dépistage très rigoureux
, a prévenu Christian Dubé. Tant les employés du secteur public que ceux du privé se verront imposer ce dépistage.
Le ministre Dubé, qui avait initialement décrété que tous les employés du réseau de la santé devraient avoir été vaccinés avant le 15 octobre dernier sous peine d’être suspendus sans salaire, avait dû repousser cette date butoir au 15 novembre en raison du nombre trop élevé d’employés non vaccinés.
Au moyen des simulations qu'il a effectuées, le ministère a estimé que 500 réductions de service – ou réorganisations – auraient été infligées au réseau si on avait suspendu l'ensemble des employés non vaccinés. Une situation jugée intolérable dans un réseau déjà fragilisé.
Le réseau de la santé compte environ 340 000 personnes, a noté le ministre. De ce nombre, 50 000 sont en congé, ce qui porte à 290 000 le nombre d'employés actuellement au travail.
Parmi ces derniers, 97 % sont vaccinés contre la COVID-19.
« Je dirais qu'on a tout essayé pour vacciner ce dernier 3 %. »
De Glasgow, où il assiste à la COP26, le premier ministre François Legault a lui aussi convenu qu'il semble y avoir un plafond, qu'on n’est pas capable d’aller à plus de 97 %
, affirmant qu'il agit de façon responsable
en renonçant à la vaccination obligatoire pour ce groupe réfractaire.
Il est inadmissible
que 3 % des employés de la santé de la province refusent le vaccin, a-t-il toutefois insisté.
« Malheureusement, on va être obligés de garder ces employés-là, sinon il y aura des ruptures de services. »
C'est la balance des inconvénients
, a expliqué le premier ministre, sans cacher son indignation. Ça me choque, pour être bien honnête, parce que j’ai de la misère à comprendre que quelqu’un qui a étudié en santé refuse de se faire vacciner.
En conférence de presse à Québec, le ministre Dubé a évalué à 8000 le nombre d'employés qui ne sont pas vaccinés dans le réseau de la santé.
De ces 8000 là, quand je regarde les infirmières, les préposés aux bénéficiaires [et] les autres types de services et les techniciens, il y en a à peu près 5000 qui sont dans des services aux clients
, a détaillé Christian Dubé.
Ces 8000 employés-là, qu'ils soient en contact direct ou pas avec les patients, devront subir des tests de dépistage contre la COVID-19 à raison de trois fois par semaine.
Une obligation déontologique
, dit le Collège des médecins
Le Collège des médecins a réagi brièvement sur son compte Twitter mercredi après l’annonce du ministre Dubé, réitérant que la vaccination contre la COVID-19 demeure une obligation déontologique et une responsabilité sociale pour l’ensemble de ses membres
.
L’organisation a souligné que le taux de vaccination chez les médecins québécois atteint près de 99 %
.
Cependant, le Collège des médecins s’est contenté d’annoncer qu’il prendra connaissance des amendements qui seront apportés au décret gouvernemental
.
Le décret portant sur l’obligation vaccinale du personnel de la santé accordait des pouvoirs accélérant le processus habituel de suspension du droit d’exercice
.
Il faudra voir ce que prévoit la nouvelle mouture
, a indiqué le Collège des médecins.
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L'opposition réprouve le recul du gouvernement
La cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade, a critiqué le gouvernement pour son recul injustifiable
, sur Twitter. Selon elle, il n'est pas capable de faire face à la musique
.
Vincent Marissal, porte-parole de Québec solidaire (QS) en matière de santé, a qualifié de mal ficelé
le plan de vaccination obligatoire dans le réseau de la santé du gouvernement Legault.
À partir du moment où il avait ouvert la porte à un premier recul, c'était certain qu'il venait de paver la voie à un second recul et, évidemment, on s'en doutait bien, au recul complet sur la question de la vaccination obligatoire
, a déclaré M. Marissal en point de presse.
Le député solidaire de Rosemont a affirmé que le ministre Dubé avait lancé un bouquet de ballons d'essai depuis quelque temps; ils se sont presque tous dégonflés
. Entre autres exemples, il a cité les conditions assorties aux primes de retour au travail accordées aux infirmières, ou encore ces fameuses adjointes administratives promises par le gouvernement. [...] Encore une fois, elles sont inconnues au bataillon.
Faire passer des tests de dépistage aux employés de la santé non vaccinés, c'est la moindre des choses
, a laissé tomber M. Marissal.
« La fin était prévisible. Elle n’en est pas moins lamentable. »
Selon Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, le gouvernement avait le devoir de planifier; il a préféré bluffer auprès du personnel de la santé et des services sociaux
.
Dès le début, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) aurait dû se doter d'un plan adéquat, selon le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine.
Et cette défaite
laisse les Québécois dans la frustration et l'incompréhension
, a-t-il estimé.