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Exportation d’électricité : les électeurs du Maine disent non à Hydro-Québec

Le projet de « corridor énergétique » doit rapporter des revenus de 10 milliards de dollars en 20 ans à la société d’État.

Un corridor de ligne de transport d'électricité déjà existant, près du sentier des Appalaches, au Maine.

Le projet de corridor énergétique, qui s’étend sur 233 kilomètres dans le Maine pour rejoindre le Massachusetts, ne faisait pas l’unanimité au sein de la population du petit État.

Photo : Radio-Canada / Thomas Pakulski

Radio-Canada

Près de 6 électeurs du Maine sur 10 (59 %) ont dit non lors d'un référendum au passage d’une ligne à haute tension dans leur État, qui doit permettre à Hydro-Québec d’exporter 9,45 térawattheures d’électricité par année vers le Massachusetts.

C'est ce que révèlent les résultats de cette consultation qui avait lieu mardi. Après le dépouillement de 507 des 571 bureaux de scrutin, 229 974 électeurs du Maine ont répondu oui à la question Doit-on arrêter le corridor énergétique de la Nouvelle-Angleterre?. Un peu plus de 158 000 électeurs ont répondu non à l'arrêt du New England Clean Energy Connect (NECEC).

Le résultat du vote signifierait également que les futures lignes de transport d'électricité à haute tension du genre devraient obtenir l'appui des deux tiers de la législature de l'État pour aller de l'avant.

Le premier ministre François Legault a réagi devant cet échec lors d'un point de presse en marge de la conférence sur le climat à laquelle il participe, à Glasgow, en Écosse. On savait que le référendum serait serré, on a effectivement un plan b, a-t-il indiqué, notant que le gouverneur du Massachusetts, Charlie Baker, est bien décidé à ce que l’entente soit mise en place.

On regarde différents scénarios avec Hydro-Québec et avec le Massachusetts [...] Il y a différents chemins qu’on peut prendre pour se rendre au Massachusetts et il y a différents moyens aussi [...] Malheureusement, je ne peux pas donner plus de détails.

Je suis confiant que ça va se faire, a-t-il assuré.

Dans une courte déclaration transmise un peu après minuit, mercredi, Hydro-Québec annonce quant à elle qu'elle entreprendra les actions nécessaires pour faire reconnaître ses droits et assurer la poursuite de la construction du projet qui contribuera de façon importante à la lutte aux changements climatiques.

La société d’État affirme qu’au cours des trois dernières années, les avantages environnementaux et les retombées économiques du projet New England Clean Energy Connect ont été reconnus par la totalité des organismes réglementaires américains concernés, suivant un processus rigoureux et indépendant.

Hydro-Québec souligne que cette ligne de transport d'électricité est le fruit d'un effort de collaboration régionale visant à affronter la crise climatique, un effort qui continue de faire partie intégrante de notre vision à long terme .

Hydro-Québec se dit prête à aller en cour pour défendre son projet de ligne à haute tension vers le Massachusetts, malgré son rejet par les électeurs du Maine hier. La société d'État estime avoir tous les permis nécessaires pour poursuivre les travaux. Reportage de Vincent Maisonneuve.

Un corridor énergétique qui s'étend sur un peu plus de 200 kilomètres

Il s’agit du plus important projet d’exportation électrique du Québec vers les États-Unis. Il doit rapporter des revenus de 10 milliards de dollars sur 20 ans.

Le projet de corridor énergétique, qui s’étend sur 233 kilomètres dans le Maine pour rejoindre le Massachusetts, ne faisait pas l’unanimité au sein de la population du petit État.

Le département américain de l'Énergie et Ottawa avaient tous deux donné leur feu vert au projet, tout comme le gouvernement du Maine ainsi que six départements et agences, y compris les ingénieurs de l'armée américaine.

Cependant, la bataille n’était pas gagnée pour Hydro-Québec et pour son partenaire américain Central Maine Power, qui affrontaient de puissants intérêts dans cette campagne.

Les deux partenaires ont investi des dizaines de millions de dollars pour faire la promotion du projet qui permettrait de réduire les gaz à effet de serre de 3 millions de tonnes dans cette partie des États-Unis, soit l'équivalent de retirer 700 000 voitures de la route.

Actuellement, 50 % de l'électricité consommée en Nouvelle-Angleterre est produite à partir de la combustion d'hydrocarbures.

Une constellation d'opposants

Face à l'alliance Hydro-Québec–Central Maine Power, se dressaient d'abord les principaux mouvements environnementaux du Maine qui estimaient que cette ligne à haute tension menaçait l'équilibre des forêts sensibles.

De plus, le fait qu'Hydro-Québec était une société étrangère déplaisait à une frange de la population du Maine, qui aurait préféré voir une entreprise américaine être maître d’œuvre du projet.

Enfin, Hydro-Québec devait aussi composer avec l’opposition de ses concurrents énergétiques américains qui voyaient d’un très mauvais œil l’arrivée massive d’électricité à bon marché du Québec dans les foyers américains.

C’est notamment le cas de Nextra, une compagnie de Floride qui produit de l’électricité dans l’est des États-Unis à partir de centrales nucléaires ou thermiques, mais aussi des centrales éoliennes et solaires. Nextra était d’ailleurs le plus important contributeur financier de la campagne d’opposition au projet d’Hydro-Québec.

En tout, les différents lobbys engagés dans cette campagne ont dépensé plus de 90 millions de dollars pour influer sur le vote des habitants du Maine, ce qui en fait la plus coûteuse campagne référendaire qu’on ait vue dans cet État. Des 90 millions de dollars déclarés par les deux camps, les deux tiers auraient été dépensés par Hydro-Québec et la Central Maine Power, quoique toutes les sommes engagées par les opposants ne sont pas connues.

Avec les informations de Portland Press Herald et La Presse canadienne

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