De la route 185 à l’autoroute 85
Retour sur un grand chantier visant à convertir « la route de la mort » en autoroute à quatre voies.
Les travaux pour convertir la route 185 en autoroute ont commencé il y a une vingtaine d'années.
Photo : Radio-Canada / Patrick Bergeron
Le 29 décembre 2001, huit personnes, dont cinq jeunes du Nouveau-Brunswick, ont perdu la vie dans un accident de voiture sur la route 185. Cette tragédie et de nombreux autres accidents mortels ont mené à la mobilisation de la population des deux côtés de la frontière pour exiger l’élargissement de la route à quatre voies.
En janvier 2004, la campagne de sensibilisation La 185 tue a été lancée. Son but était de mettre de la pression sur les gouvernements pour convertir la route, surnommée la route de la mort
, en autoroute.
Une moyenne de 10 décès par an y était alors enregistrée.
La mobilisation a eu pour effet de convaincre les instances gouvernementales de convertir la route 185 en autoroute sur 94 km entre Rivière-du-Loup et la frontière du Nouveau-Brunswick.
La première phase du projet avait pour but de sécuriser rapidement quatre tronçons de la route totalisant 21 km. L’ouverture de ces tronçons s’est échelonnée entre 2002 et 2011, selon le ministère des Transports.
La deuxième phase visait à compléter la conversion de la route 185 entre le secteur Cabano de Témiscouata-sur-le-Lac et la frontière avec le Nouveau-Brunswick.
La construction des trois tronçons de route s’étendant sur 33 km s’est terminée en 2015.
C’est pendant cette étape, en 2014, que l’autoroute 85 s’est vue attribuer le nom du défunt ministre libéral Claude Béchard.
La dernière et troisième phase du chantier consiste à terminer le réaménagement de la route entre Saint-Antonin et Saint-Louis-du-Ha!-Ha! sur 40 km. Elle s’est amorcée en 2018.
Déjà, les dirigeants du ministère des Transports du Québec remarquent une baisse du nombre d'accidents dans le secteur.
« Depuis la mise en service des deux premières phases [...], le nombre d'accidents et la gravité des accidents ont diminué significativement sur l'autoroute 85. »
La phase 3 de la conversion est divisée en sept tronçons. Les travaux dans les secteurs jugés plus dangereux ont été entamés en premier par le ministère.
Des expropriations et un échéancier controversés
La dernière phase de conversion a forcé l’expropriation de 235 propriétés privées en bordure de la route 185 entre Saint-Antonin et Saint-Louis-du-Ha! Ha!.
Le processus a connu son lot d'embûches.
En août 2021, trois ans après le début des travaux, 17 propriétaires n’avaient toujours pas conclu d’entente financière avec le ministère des Transports.
Pour ce qui est de l’échéancier pour la dernière étape du projet, le ministère des Transports estime que l’autoroute 85 devrait être entièrement accessible aux automobilistes en 2025.
La date d’achèvement des travaux a par contre provoqué de la confusion après l’annonce du début de la phase 3 du projet en 2015.
Plusieurs élus pensaient que les travaux seraient achevés en 2021 et ont été surpris d’apprendre, en 2016, qu’ils se termineraient plutôt en 2025.
La situation avait alors été dénoncée par des élus, dont le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup, Michel Lagacé, inquiet que d’autres drames se produisent entre-temps sur la route 185.
Le ministre responsable du Bas-Saint-Laurent à l’époque, Jean D'Amour, s’est défendu que l’échéancier avait toujours été le même et que certaines portions de l’autoroute allaient ouvrir en 2021.
Plusieurs mises en service partielles ont d’ailleurs été annoncées cette année. Un nouveau tronçon de 3,4 km dans le secteur de Saint-Antonin sera complètement accessible aux automobilistes le 11 novembre.
Les coûts
À l’heure actuelle, l’ensemble des coûts pour la transformation de la route 185 s'élève à environ 1,7 milliard de dollars.
La majeure partie du financement provient du gouvernement provincial et le reste, du gouvernement fédéral.
L'impact environnemental
Pour ce qui est de l’impact environnemental du projet, le ministère des Transports indique sur son site web que l’analyse des informations recueillies au sujet des milieux naturels et humains ne révèle aucun enjeu majeur.
Des passages fauniques et des clôtures pour la faune ont été installés à différents endroits sur la nouvelle autoroute. La troisième phase du projet compte par exemple 22 passages fauniques et 30 km de clôture contre la grande faune.
Le ministère indique que des projets de recherche et de suivi sont en cours pour développer plus de connaissances sur les façons de limiter l’impact des constructions routières sur la faune et la flore.
Un projet de recherche en partenariat avec l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) et l’Université Laval vise notamment à documenter comment la faune utilise les passages aménagés sous l’autoroute et à mesurer l’efficacité des clôtures installées pour empêcher les animaux de traverser la chaussée.