La suspension de Carrie Bourassa, « douce-amère » pour certains professeurs

Les révélations, qui ont provoqué une onde de choc sur Internet, ont mobilisé la communauté métisse.
Photo : (YouTube.com)
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le congé sans solde de la professeure Carrie Bourrassa a entraîné plusieurs réactions dans la communauté universitaire de la Saskatchewan. Cette dernière était notamment la directrice scientifique de l'Institut de la santé des Autochtones (ISA), avant qu'une enquête de CBC ne remette en question ses origines autochtones.
Carrie Bourassa est, depuis lundi, en congé sans solde de l'Institut de la santé des Autochtones (ISA) pour une durée indéterminée. L’Université de la Saskatchewan l'a aussi suspendue de ses fonctions jusqu’aux conclusions d'une enquête sur sa généalogie.
Selon la chercheuse Caroline Tait, professeure de psychiatrie à l'Université de la Saskatchewan, la décision de l'Université, qui a tardé, est un pas dans la bonne direction.
Toutefois, le congé de Carrie Bourasse est tout de même « doux-amer », affirme-t-elle.
Caroline Tait, elle-même d'origine métisse, a étudié la généalogie de Carrie Bourrassa pendant un long moment avant de déposer une plainte à l'Université à son sujet. Elle indique que son intention n'était pas de prouver que Carrie Bourrassa « n'était pas Autochtone ». C'est plutôt le souci de découvrir « la vérité » qui l'a conduite, avec des collègues, à poursuivre cette démarche.
CBC a mené une enquête ayant révélé que Carrie Bourrassa n’avait pas d'ascendance métisse, anichinabée ou tlingit, contrairement à ce qu’elle aurait prétendu durant plus de 20 ans. Carrie Bourassa n’a pas offert de preuves généalogiques pour soutenir ses affirmations. Elle a dit avoir retenu les services d'un généalogiste il y a plus de deux ans, afin de l'aider à déterminer qui étaient ses ancêtres. Cette recherche serait toujours en cours.
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L’un des défis a été que Carrie Bourassa supervisait des étudiants, donnait des cours, assistait à des conférences et interagissait avec nos aînés, indique Caroline Tait. Quand la vérité a éclaté, nous savions que certaines personnes seraient très blessées, particulièrement des étudiants. Le plus dur a été que certaines personnes la tenaient en haute estime.
Déjà, en 2018, Mme Tait avait suggéré à Mme Bourassa de produire sa généalogie, parce que des rumeurs persistaient sur ses origines autochtones. À ses yeux, les professeurs ont la responsabilité de dire la vérité et faire aussi preuve d'intégrité sur le plan universitaire.
Nous avons vu la communauté métisse se mobiliser, dit Mme Tait. les femmes métisses se mobilisaient, et ça se produisait localement, ici, à Saskatoon. C’était encourageant de voir nos femmes se mobiliser et elles étaient très en colère.
Selon Caroline Tait, le faux pas de l'Université, qui avait d'abord offert son appui à Carrie Bourassa, a été corrigé. Elle espère désormais que des personnes autochtones participeront au comité qui mène l'enquête annoncée par l'Université.
Des doutes qui se sont avérés
Raven Sinclair est professeure en travail social à l'Université de Regina. Elle s'est dite surprise quand ses doutes se sont finalement avérés.
Selon elle, Carrie Bourrassa a usurpé la culture et les ressources d'individus qui s'étaient lancés dans la même trajectoire professionnelle qu'elle.
Tout ça se résume à un gain matériel et à un poste, à du pouvoir, de l'autorité et un rôle. Ça se résume souvent à l'argent. Il y a des gains à faire, et ces gains sont une motivation qui pousse les gens à poursuivre leur mascarade
, déplore Raven Sinclair.
Avec les informations de Pratyush Dayal