La renaissance de Moffet : une augmentation de plus de 25 % de la population
La municipalité de Moffet est située au Témiscamingue, sur la rive Est de la rivière des Outaouais.
Photo : Radio-Canada / Tanya Neveu
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La population de Moffet, au Témiscamingue, a connu une croissance de sa population de 27 % au cours des quatre dernières années.
Depuis 2018, 54 nouvelles personnes se sont établies à Moffet. L’eau, la tranquillité et les terres cultivables sont les principaux éléments qui attirent les nouveaux arrivants.
Selon le plus récent Indice de vitalité économique, Moffet est la municipalité la plus dévitalisée de l’Abitibi-Témiscamingue. Pourtant, la municipalité de 200 habitants attire beaucoup de citoyens.
En ce moment, c’est exceptionnel. Toutes les maisons à Moffet sont vendues. Il n’y a plus de chalets, plus de maisons, tout est vendu
, se réjouit le maire de Moffet, Alexandre Binette.
Entre 2018 et 2021, 72 nouvelles personnes ont fait leur entrée à Moffet, 18 ont quitté ou sont décédées. Le bilan migratoire se chiffre ainsi à 54.
C’est difficile d’expliquer l’engouement que les gens ont pour la municipalité. On sait que ça a commencé en 2017-2018, mais c’est clair que la pandémie en a fait réfléchir plusieurs et ça a motivé les gens à déménager. On parle de ceux qui cherchaient le grand air, de l’espace et de la liberté. Ça, à Moffet, on en a, on en a en masse pour tout le monde et ça nous fait plaisir de le partager
, assure le maire.
Qui sont ces nouveaux arrivants?
Le profil des nouveaux arrivants est assez varié. La municipalité a accueilli de nouveaux entrepreneurs, de jeunes familles, des télétravailleurs et des retraités.
Catherine Tokarz fait partie du lot. De Chibougamau, la jeune femme d’origine polonaise est arrivée à Moffet en mai dernier avec son mari et ses deux enfants. Son projet : l’autosuffisance alimentaire.
J’étais très sélective au niveau des terres. Il fallait que le prix soit bien, qu’il n’y ait pas de terres de multinationales autour, pas de grands champs où il y a des pesticides et du Roundup. C'est tombé à Moffet. Ça nous donnait toutes les possibilités. Les terres n’ont pas été touchées depuis 40 ans ici
, affirme la jeune mère de famille.
Déjà, la culture de ses terres a donné des résultats concluants. Elle souhaite orienter ses activités vers la permaculture. Ses animaux de ferme lui permettent aussi de faire son propre fromage et son beurre.
Catherine et son mari sont tous deux travailleurs autonomes. L’accueil reçu à Moffet l’a littéralement surprise.
On a été tellement bien accueillis, ça n’a pas de bon sens. Ce sont des gens très aimables, très aidants, très tolérants. Je ne vois aucun racisme quelconque, malgré mes convictions et mes origines. Le fait que c’est une petite communauté, ça aide justement à être en lien avec les autres. Je suis heureuse ici, je ne déménage plus
, dit-elle en riant.
Le télétravail, terre de possibles
Peter Learn est propriétaire d’une agence de recrutement. Le télétravail lui a permis, avec sa femme, de déménager à Moffet en mai dernier. Originaire de Sudbury, il cherchait les grands espaces et souhaitait cultiver la terre.
On cherchait une place sur le bord de l’eau avec un terrain assez grand pour faire du jardinage. On voulait être plus proches de la terre. Ça semble être loin d’où on était, mais on s’est demandé "loin de quoi?"
, s’est-il questionné.
Peter Learn se voit très bien vieillir à Moffet. Il souhaite produire entre 30 % et 40 % de ses aliments à même son terrain.
« C’est simple, nous, ce qu’on veut, c’est que les gens qui arrivent ici se fassent du fun. »
Pour sa part, Danielle Jodoin a quitté la grande ville, Montréal, pour une vue sur le lac des Quinze à Moffet. La pandémie a largement influencé son désir d’accéder à la tranquillité. Elle est arrivée temporairement en mai 2020 et a décidé de ne plus repartir.
Si tu m’avais dit "tu vas t’installer au Témiscamingue", je ne t’aurais pas crue, mais quand on regarde le lac, le paysage, la qualité de vie ici, on ne peut pas faire autrement que de vouloir s’y installer
, affirme-t-elle.
Son emploi au ministère du Tourisme lui permet actuellement de remplir ses fonctions en télétravail. Elle garde son pied à terre dans la métropole, mais savoure quotidiennement sa nouvelle vie à Moffet.
Finir de travailler, dans mon cas en télétravail, embarquer dans la chaloupe, aller faire un tour sur le lac à la pêche, manger le poisson qu’on a récolté après le travail. C’est juste le paradis, tout ça ensemble. La vie, le calme, parce qu’à Montréal, ce n’était plus vivable avec la COVID-19. Au début, c'était un refuge pour la COVID-19. Là, c’est rendu une vie qui fait mon affaire
, souligne Danielle Jodoin.
La tarte au sucre du maire
Depuis son arrivée à la mairie en 2017, Alexandre Binette livre personnellement une tarte au sucre à tous les nouveaux arrivants. En riant, il affirme avoir pris du retard dans sa livraison.
En ce moment, j’ai du retard et les nouveaux arrivants me le font savoir. Nous, la municipalité, ce sur quoi on peut travailler, c’est l’accueil et l’intégration. La tarte au sucre arrive là, au niveau de l’accueil. Chaque personne qui arrive ici on la reconnaît, on essaie de la connaître, on essaie de lui faire valoir comment elle peut s’impliquer dans notre communauté. Ça marche
, affirme-t-il.
Depuis quatre ans, Moffet a aussi grandement amélioré son offre de services avec l’ajout d’un marché public qui regroupe dépanneur et station d’essence et l’amélioration des infrastructures sportives et de loisirs.
Les nouveaux arrivants le constatent aussi. C’est apparent que le maire de Moffet travaille fort pour développer des projets qui donnent plus d’autonomie aux gens de Moffet, avec l’accès au magasin, à la station d’essence, des projets qui encouragent la musique, la cuisine communautaire. Les gens ici veulent travailler ensemble et veulent aider
, constate Peter Learn.
Qu’ils puissent vivre ici, acheter ce dont ils ont besoin pour vivre ici et se faire du fun. C’est ce qu’on vise et c’est ce qu’une municipalité peut faire
, conclut le maire de Moffet.