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Parc marin Saguenay-Saint-Laurent : une pêche au pétoncle jugée incompatible

Deux bateaux voguent dans le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent.

Vue du fjord du Saguenay (archives)

Photo : Radio-Canada / Alexandre Shields

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

La pêche commerciale au pétoncle, autorisée dans un secteur du Parc marin Saguenay-Saint-Laurent, menacerait la biodiversité et serait incompatible avec le statut d’aire marine protégée de l’endroit. C’est ce que conclut, dans un rapport récemment rendu public, la Société de protection pour la nature et des parcs (SNAP) du Canada.

En ce moment, ce qui est permis, c’est une drague au pétoncle à l’intérieur des limites du parc marin. Cette pêche au pétoncle s’effectue avec une drague, qui est en fait un engin mobile qui va se promener sur le fond de l’eau pour récolter des pétoncles, vulgarise d'entrée de jeu Marie Cadieux, chargée de projets en conservation marine pour la section Québec de la SNAP.

Cette activité est permise dans le secteur de l’île Rouge, à la hauteur de l’embouchure du Saguenay, en vertu d’une dérogation. Selon la SNAP, celle-ci doit être impérativement révisée.

« [Cette pêche] ne répond pas aux objectifs de conservation d’une aire marine protégée, qui est de protéger la biodiversité. »

— Une citation de  Marie Cadieux, chargée de projets en conservation marine pour la section Québec de la Société de protection pour la nature et des parcs

La géographe de formation rappelle que des normes minimales de protection ont été adoptées par le Canada, en 2019, pour les futures zones marines protégées. En plus d’y interdire les activités industrielles comme l’exploitation gazière, pétrolière et minière, le fédéral y proscrit le chalutage de fond, dont fait partie ladite pêche au pétoncle.

Marie Cadieux, photographiée durant une entrevue virtuelle effectuée avec Radio-Canada.

Marie Cadieux est chargée de projets en conservation marine pour la section Québec de la SNAP.

Photo : Radio-Canada

Or, le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, conjointement géré par Québec et Ottawa, a été créé en 1998. Marie Cadieux indique néanmoins que le gouvernement de Justin Trudeau s’est engagé à réviser les activités ne répondant pas aux normes désormais en vigueur. Un comité de révision se penche d'ailleurs déjà selon elle sur la question.

Le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent est un endroit propice à l'observation de mammifères marins.

Le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent est un endroit propice à l'observation de mammifères marins.

Photo : Radio-Canada / Benoît Jobin

La prémisse du rapport Évaluation des aires marines protégées du Canada de la SNAP était de valider si la réglementation entourant les aires protégées fédérales, ces espaces marins délimités dédiés à la conservation de la biodiversité, assuraient une protection suffisante.

Le document dresse de nombreuses recommandations en la matière.

Une pêche qui crée un désert

Le professeur émérite à l’Institut des sciences de la mer (ISMER) de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Émilien Pelletier, n’est pas surpris des conclusions de la SNAP. Selon lui, une pêche au chalut de fond comme celle qui est autorisée au Parc marin Saguenay-Saint-Laurent contribue à une certaine destruction du fond marin.

Émilien Pelletier répond aux questions de Radio-Canada.

Émilien Pelletier s'intéresse depuis plusieurs années aux aires marines protégées.

Photo : Radio-Canada

Malheureusement, ce genre de chalut n’est pas sélectif et ne ramasse pas que les pétoncles, mais aussi les autres organismes qui se trouvent autour, explique-t-il. M. Pelletier précise que la grosseur de l’équipement employé et la surface sur laquelle il est utilisé ont une incidence sur la dégradation encourue.

« Après, il ne reste que le désert. »

— Une citation de  Émilien Pelletier, professeur émérite à l’Institut des Sciences de la mer de l’Université du Québec à Rimouski

M. Pelletier rappelle que le permis de pêche au pétoncle dont il est question a été inactif pendant une période d’environ 20 ans. Son activité a repris, apparemment, en 2017, 2018, 2019. On ignore s’il a été utilisé en 2021, résume le professeur.

Pour lui, le constat est clair quant à la suite. S’il y a une action à prendre, c’est Pêches et Océans qui doit la prendre, conclut-il.

Pêches et Océans Canada réagit

Pêches et Océans Canada n’a pas souhaité accorder d’entrevue à Radio-Canada dans ce dossier. Par courriel, son département des relations avec les médias confirme néanmoins que le ministère analysera si les activités de chalutage sont compatibles avec les objectifs du parc marin.

Le crabe commun, un des organismes qui se trouve dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent.

Le crabe commun est l'un des organismes qui se trouvent dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent.

Photo : Parcs Canada M.-I. Rochon

La question des pêches sera soulevée dans le cadre du processus de révision du plan directeur du parc marin qui sera complétée d’ici 2024, conformément à la nouvelle approche du gouvernement pour les aires marines existantes, peut-on lire dans ce message.

Selon la SNAP, le Canada protège actuellement 13,8 % de ses milieux marins et côtiers à l’aide de différents outils, dont font partie les aires marines protégées.

Avec les informations de Philippe Arseneault

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