Vaccination des voyageurs : une mesure importante, disent des personnes immunodéprimées

La vaccination est maintenant requise pour voyager par avion et par train.
Photo : Radio-Canada / Francis Ferland
Les nouvelles exigences de vaccination du gouvernement fédéral pour les voyageurs de 12 ans et plus sont accueillies avec soulagement par certaines personnes immunodéprimées, qui voient cette mesure comme une protection supplémentaire.
Depuis samedi, les voyageurs doivent présenter une preuve de vaccination complète contre la COVID-19 pour monter à bord d’un vol intérieur, transfrontalier ou international, ainsi que pour les trains de VIA Rail et Rocky Mountaineer. Pendant une période de transition d’un mois, les passagers auront aussi l’option de présenter un test négatif pour embarquer.
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Pour le Dr Peter Jüni, directeur du groupe de consultation scientifique de l’Ontario sur la COVID-19, il s’agit d’une mesure importante
. Le risque d’être assis à côté de quelqu’un qui a une infection active et qui peut transmettre le virus est considérablement réduit
, souligne-t-il.
Et chez les gens qui sont vaccinés, même s’ils sont infectés, le risque de transmettre est probablement réduit de 50 %.
On ne sait pas encore quel sera l’impact, poursuit-il. Mais si on regarde déjà [la situation] en Ontario, le certificat vaccinal combiné aux masques est très efficace pour maîtriser la pandémie. Donc si on extrapole, on peut supposer que cela va jouer un rôle important dans les transports. Et cela fait monter la pression pour que les non-vaccinés se fassent vacciner.
Grâce à ces nouvelles exigences, Eileen Davidson, qui est immunodéprimée et souffre notamment d’ostéoarthrite ou d'arthrite rhumatoïde, songe de nouveau à voyager. Cette résidente de Burnaby, en Colombie-Britannique, planifie de se rendre à une conférence à Québec.
Je me sens plus en sécurité
, confie-t-elle, même si elle rappelle qu’il y a d’autres pièces du casse-tête
tout aussi importantes comme le port du masque, le lavage de mains et la ventilation.
Elle espère aussi que cela pourra la rapprocher de son père, qui habite en Thaïlande et qu’elle n’a pas pu voir depuis trois ans.
« Étant une mère monoparentale atteinte de maladie chronique, j’ai besoin de ma famille. Mais mon père est à l’autre bout du monde et ç’a été très difficile de ne pas pouvoir le voir. »
D’autres mesures réclamées
Ce n’est rien de nouveau, une preuve vaccinale pour voyager. Il y a plein de pays qui même avant la COVID, demandaient une preuve de vaccin pour certaines maladies
, rappelle pour sa part Ryan Partridge. Ce montréalais est atteint d’hypogammaglobulinémie, une condition qui l’empêche de produire des anticorps contre la COVID-19, même après avoir reçu trois doses de vaccin.
Même si lui et sa conjointe Sari Stein voient là une étape nécessaire
, ils ne se disent pas tout à fait prêts à recommencer à voyager.
Le passeport n’élimine pas le risque, dit Mme Stein. Il y a encore des enfants de moins de 12 ans qui ne peuvent pas être vaccinés, les gens peuvent retirer leur masque pour manger ou boire ou ne les portent pas correctement. On n’a pas non plus imposé [des normes] pour de meilleurs masques comme en Europe.
Tous deux demeurent donc très confinés. Ils pensent d’ailleurs que le passeport vaccinal devrait être étendu, également, à des lieux non essentiels comme les épiceries.
« On parle beaucoup de la discrimination contre les gens qui choisissent de ne pas être vaccinés, mais on ne parle pas assez de la discrimination contre les gens immunosupprimés qui n’ont pas choisi leur condition. »
Donc à chaque fois qu’ils entrent par exemple à l’hôpital pour être traités par une infirmière, peut-être non vaccinée, le niveau de stress est tellement élevé, souligne-t-elle. Chaque fois aussi qu’ils doivent se déplacer ou se mettre dans un espace essentiel où ils n'ont pas le choix d’être, même pour le travail. On a besoin de gagner de l’argent, de manger, c’est essentiel.
Le Dr Peter Jüni estime que les risques de transmission dans certains commerces comme les épiceries demeurent tout de même faibles, et pense qu'étendre le passeport vaccinal partout pourrait poser des enjeux légaux et éthiques. Nous avons maintenant mis beaucoup de restrictions pour les gens qui ne sont pas entièrement vaccinés, ce qui est tout à fait correct du point de vue de la santé publique, de la science. Mais on a probablement atteint la limite de nos possibilités.
Avec les informations d'Anne-Marie Trickey et Lorenda Reddekopp