COVID-19 à l’école : des parents créent un système d’alerte

Une éclosion de COVID-19 à André-Piolat a été déclarée du 12 au 15 octobre.
Photo : Radio-Canada
Des parents de l’École André-Piolat à North Vancouver dénoncent un manque de transparence de la régie de la santé Vancouver Coastal face à une éclosion de COVID-19 qui a eu lieu du 12 au 15 octobre.
Pendant des jours, des parents ont enquêté, échangé des informations, créé des groupes Facebook et Whatsapp, dans l’optique de prendre la meilleure décision pour la santé de leurs familles.
Tout commence mi-octobre lorsque Jessica Sambolec voit sur un groupe Facebook appelé North Shore COVID-19 Information qu'un cas a été détecté dans une classe de 3-4e année d'André-Piolat. Elle se renseigne alors auprès d'autres parents et ils réalisent qu'il y a plus qu'un seul cas.
Durant la fin de semaine, plusieurs parents décident de ne pas envoyer leur enfant à l'école. Carli Sussman, dont deux enfants vont à André-Piolat, crée alors un groupe Facebook pour tous les parents de l'école afin de rapporter les cas. Et ce de manière anonyme, si besoin, pour éviter la stigmatisation.
« Le groupe s'est agrandi très rapidement jusqu'à plus de 100 familles. »
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Un avis d’exposition pour une seule classe
Le lundi 18 octobre, la régie de la santé Vancouver Coastal envoie dans la soirée une lettre aux parents de la classe de 3-4e année parlant d’une exposition à la COVID-19 entre le 12 et 15 octobre. Un avis d’exposition est publié sur leur site (Nouvelle fenêtre).
Dans sa lettre, la régie de la santé assure que les plans de sécurité COVID actuels dans [les] écoles, lorsqu'ils sont correctement suivis, sont très efficaces pour prévenir la transmission
et que le risque est très bas pour ceux qui n’ont pas reçu d’appel téléphonique.
Pas besoin de s’isoler s’il n’y a pas de symptômes, ajoute la régie.
Mais plusieurs parents décident tout de même de garder leur enfant à la maison toute la semaine. Selon leurs informations, il y aurait eu 6 cas parmi les enfants de la classe de 3-4e, et 4 cas chez des parents, une information non confirmée par la régie de la santé.
Deux autres cas seraient aussi apparus dans une classe de 6e année, des cas non signalés aux parents par la régie de la santé.
Pascale Cyr, porte-parole du Conseil scolaire francophone (CSF), a renvoyé les questions de Radio-Canada vers la régie de la santé. Cette dernière n’avait pas répondu à nos questions au moment de la publication de cet article.
Jessica Sambolec en est persuadée. Si ce n'était pas [grâce aux] réseaux sociaux, il y aurait eu plus de cas
, dit-elle. La mère a contacté la professeure de sa fille, mais explique que l'école n'était pas en mesure de donner plus d'informations aux parents.
On n'a presque pas eu d'informations, mais ce n'est pas de leur faute
, assure-t-elle. Je sais qu'ils font de leur mieux à l'école [...] la direction est fantastique, ils sont là pour nous.
Elle explique que la communication de la régie de la santé a été décourageante et que les directives n’étaient pas assez claires
.
« On a fait de notre mieux pour que ça ne se propage pas trop. »
Jessica Sambolec se dit fière des parents et de leur attitude responsable. Sa fille est restée à la maison une semaine et demie et a reçu un résultat négatif à un test de dépistage du SRAS-CoV-2.
Création d’un système d’alerte bénévole
De son côté, Carli Sussman a décidé de créer un système de courriel avec liste d'envoi en cas de COVID-19. Pour que les parents puissent s’inscrire à la liste de diffusion et également remplir un formulaire Google si leur enfant reçoit un résultat positif à un test de dépistage. Une initiative bénévole qui devrait être le rôle des autorités de santé, dit-elle.
Denise Soulliere, atteinte d’un cancer et mère d'une enfant immunodéprimée en 2e année à André-Piolat, a elle aussi gardé sa fille à la maison. Elle décrit la situation comme dangereuse
, mais explique que cela pourrait être réglé avec plus de transparence si la régie de la santé donnait des informations directement à l’école afin que cette dernière informe les parents.
« J'ai l'impression que mon enfant n'est pas en sécurité et j'ai aussi l'impression que l'information n’est pas disponible. [...] Je ne devrais pas avoir à aller sur Facebook [...] vers des sources extérieures pour pouvoir obtenir cette information. »
Denise Soulliere explique essayer d'équilibrer le besoin d'éducation et la santé de sa fille. Un équilibre délicat, dit-elle, alors qu’elle n’a pas vraiment confiance
en la situation avec la régie de la santé.
Mon enfant est immunodéprimée et, vous savez, chaque jour que je l'envoie, j'espère vraiment que nous n'aurons pas d'autres problèmes
, explique-t-elle.
Ce serait moins anxiogène si nous pouvions réellement obtenir des informations claires au fur et à mesure, et non des jours après, car nous pourrions alors prendre la bonne décision pour nos familles
.
Carli Sussman juge que les règles liées à la COVID-19 qui s’appliquent aux écoles diffèrent de celles du reste de la société.
Pour l’école, c'est comme s'ils essayaient de tout garder secret.
D’après les informations de Timothé Matte-Bergeron