Des eaux usées parfois déversées dans l’environnement plutôt que traitées

Un des bassins d'épuration des eaux à Rouyn-Noranda.
Photo : Radio-Canada / Annie-Claude Luneau
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Dans plusieurs municipalités en Abitibi-Témiscamingue, l’intensité de déversement des eaux usées se trouve dans le rouge, avec un indice d’intensité élevé, selon les données diffusées dans le palmarès de la Fondation Rivières.
Ce palmarès de la Fondation Rivières ainsi que leur carte interactive (Nouvelle fenêtre) démontrent l’intensité des déversements d’eaux usées de près de 700 municipalités du Québec.
Le directeur général de la Fondation Rivières, André Bélanger, explique comment surviennent les déversements.
Dans une municipalité, tu peux avoir plusieurs dizaines de stations de pompage et d’ouvrages surverse qui viennent acheminer les eaux usées vers la station d’épuration. Chacun de ces ouvrages a une soupape ou un trop plein pour permettre de déverser les eaux usées dans l’environnement s’il y a trop d’eau qui vient menacer l’intégrité de la station
, décrit-il.
L'indice de l’intensité des déversements s’appuie sur le débit de conception de la station d’épuration, la grosseur de l’ouvrage qui a débordé et la durée de chacun des déversements.
Qu'est-ce qui augmente les risques de déversements des eaux usées?
Premièrement, les infrastructures de canalisation plus vieilles évacuent les eaux usées et les eaux de pluie dans les mêmes conduits, comme c’est le cas en Abitibi-Témiscamingue et ailleurs au Québec.
On appelle ça un réseau unitaire. Ça coule tout dans le même tuyau. Donc dès qu'il pleut fort, c'est sûr que ça déborde. Tandis que dans les nouveaux quartiers, on va séparer. Quand il pleut, ça s'en va dans l'environnement, mais ce n'est pas grave, ça ne se mélange pas aux eaux usées
, souligne M. Bélanger.
À Rouyn-Noranda, la Ville remplace graduellement son réseau unitaire pour un réseau séparatif, comme l’indique le directeur de la gestion des eaux et de l'environnement à Rouyn-Noranda Stéphane Lacombe.
Vous en voyez toutes les années, des travaux. Dans le secteur Noranda, on s’en vient bien, on a toujours un tronçon qui est fait, dit-il. Chaque année on réinvestit puis on remplace les canalisations qui sont désuètes et qui étaient d'une autre époque. C'est le nœud du problème, c'est de séparer nos eaux.
Comment les citoyens peuvent-ils aider?
Une part de la solution repose aussi sur les épaules des citoyens. En diminuant notre consommation d’eau, on allège par le fait même la quantité d’eau acheminée vers les canaux, comme le rappelle la directrice adjointe du Conseil régional de l'environnement de l'Abitibi-Témiscamingue (CREAT) Bianca Bédard.
Le piège un peu ici, c'est l'abondance. Les gens ont l'impression que l'eau potable est un peu une ressource inépuisable. En région, il y a seulement la ville de Rouyn-Noranda qui a des compteurs d'eau
, fait-elle valoir.
Les compteurs d’eau, c’est super intéressant parce que ça permet de financer un peu les coûts du traitement des eaux parce que ce n’est pas donné. Deuxièmement, ça permet un peu de voir par année c’est quoi notre consommation d’eau potable
, observe la directrice adjointe du CREAT.
Bianca Bédard, André Bélanger et Stéphane Lacombe invitent les citoyens à ne pas jeter des déchets aux toilettes puisque cela nuit au traitement des eaux et augmente les risques de bris de matériel et donc de déversements.
De plus, le concept de ville éponge
, qui consiste à acheminer l’eau de pluie ailleurs que dans les égouts, peut contribuer à éviter de saturer les systèmes de traitement des eaux.
Installer du gazon plutôt que d’installer de l’asphalte. Faire une pente sur la rue qui mène vers un terrain gazonné, nécessairement l’eau de pluie va s’écouler sur le terrain, percoler dans le sol et ça ne viendra pas occasionner des débordements dans les réseaux
, mentionne André Bélanger.
Malgré tout, Rouyn-Noranda, Amos et Val-d’Or ont amélioré leur score en termes de déversement d’eaux usées depuis l’an dernier.