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AnalyseÊtes-vous prêts pour une hausse de taux en avril 2022?

L'édifice de la Banque du Canada à Ottawa.

L'édifice de la Banque du Canada à Ottawa.

Photo : Radio-Canada / Jonathan Dupaul

Plus nous avançons dans le temps, plus l’inflation persiste, plus la Banque du Canada se rapproche d’une première hausse de son taux directeur. La banque centrale ouvre la porte, maintenant, à une hausse dès le mois d’avril 2022. Ça s’en vient rapidement : êtes-vous prêts?

Il y a trois choses fondamentales à retenir des annonces de la Banque du Canada sur sa politique monétaire, mercredi : la fin de son intervention exceptionnelle dans les marchés, la hausse prochaine des taux d’intérêt et le relèvement marqué de ses prévisions sur l’inflation.

D’abord, la Banque annonce la fin de ses rachats massifs d’obligations du Canada. Le gouvernement s’est rapidement et largement endetté durant la pandémie et la Banque du Canada, pour faciliter ce processus, a fait passer son bilan de 123 à 576 milliards de dollars de février 2020 à février 2021.

Cette époque est révolue, alors que la Banque annonce la fin de son opération d’assouplissement quantitatif. Elle va limiter dorénavant ses interventions au rachat d’obligations qui arrivent à échéance.

Hausse de taux au printemps?

Ensuite, elle annonce que les conditions pourraient être réunies dès le deuxième trimestre de 2022 pour une reprise des hausses de taux d’intérêt. Elle prévoyait jusqu’à tout récemment une hausse dans la deuxième moitié de 2022. Le taux directeur de l’institution demeure, pour l’instant, à son niveau plancher, à 0,25 %.

Une telle majoration, dès le mois d’avril, pourrait avoir un effet important sur les Canadiens les plus endettés, surtout celles et ceux qui se sont précipités dans le marché immobilier, quitte à s’endetter lourdement. Les hausses du taux directeur de la Banque du Canada sont généralement suivies d'une majoration du taux préférentiel par les banques commerciales, ce qui a des répercussions directes sur les hypothèques à taux variable.

Avec la poussée de l’inflation et la forte reprise de l’économie, la Banque envoie le signal qu’une hausse de taux pourrait arriver plus tôt que prévu jusqu’à maintenant. De façon générale, l’institution affirme que les vaccins s’avèrent très efficaces contre le virus, mais leur disponibilité et leur distribution restent inégales. Autrement dit, la vaccination dans les pays riches permet un retour à quelque chose qui peut ressembler à la normale.

Mais le fait que l’accès mondial aux vaccins soit si inégal représente une incertitude qui pourrait ralentir ou entraver la reprise économique. De plus, comme l’indique la Banque du Canada, il faut continuer de considérer que les variants présentent des risques.

Par ailleurs, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement alimentent l’inflation un peu partout dans le monde, ce qui représente un risque important. Les goulots d’étranglement dans l’offre de produits et les prix élevés de l’énergie déstabilisent la reprise.

La Banque du Canada prévoit néanmoins une croissance de l’économie mondiale de 6,5 % cette année, et de 5,1 % au Canada. Ce sont des projections qui ont été revues à la baisse.

Fait à noter : la Banque prévoit que les ménages vont allouer 20 % du surplus d’épargne accumulé durant la pandémie à de nouvelles dépenses de consommation. L’institution rappelle que le gouvernement Trudeau stimulera encore l’économie avec les 108 milliards de dollars prévus pour la relance dans le budget 2021-22. Elle suppose également que les mesures sanitaires intérieures n’ont plus d’incidence notable sur l’offre de biens et de services.

L’inflation pourrait durer plus longtemps que prévu

La banque centrale n’emploie plus le mot transitoire pour qualifier l’inflation. De plus en plus d’économistes affirment que les pressions inflationnistes vont perdurer pendant un certain temps encore. La Banque du Canada relève ainsi sa projection d’inflation pour 2021 de 3 % à 3,4 % et la fait passer, pour 2022, de 2,4 % à 3,4 %. La Banque du Canada relève légèrement sa prévision pour 2023, de 2,2 % à 2,3 %.

La Banque s’attend à ce que l’inflation soit élevée jusqu’au cours de l’année prochaine et à ce qu’elle baisse graduellement pour revenir autour de la cible de 2 % fin 2022, indique l’institution dans son communiqué. En conférence de presse, le gouverneur Tiff Macklem a déclaré que la situation de l’inflation pourrait s’empirer, entre-temps, avant de s’améliorer.

Il y a tout lieu de croire que ce sera le cas. Et c’est pourquoi les opérateurs de marchés prévoient maintenant quatre hausses de taux en 2022. Les économistes de Desjardins ont fait passer récemment leur prévision de première hausse d’octobre à juillet 2022. Des économistes d’autres institutions prévoient maintenant une première majoration en avril 2022.

Les économistes de la Banque Scotia prévoient même huit hausses d’ici la fin de 2023, ce qui ferait passer le taux directeur de la Banque du Canada de 0,25 % à 2,25 %.

Des pressions salariales grandissantes

Il faudra maintenant surveiller les pressions salariales sur l’inflation. La Banque du Canada affirme ceci dans son document de politique monétaire : À mesure que les marchés du travail continueront de se redresser et que la course aux travailleurs s’intensifiera, les employeurs pourraient subir des pressions croissantes pour attirer et retenir les employés, et devoir proposer des conditions de travail plus favorables, ainsi que de meilleurs salaires et avantages sociaux.

Cette pression pourrait permettre à beaucoup de travailleurs d’améliorer leur situation financière, ce qui est absolument nécessaire. En même temps, une pression trop forte pourrait amener certaines entreprises à réduire ou cesser leurs activités, parce qu'elles seraient incapables de faire face à une augmentation des coûts trop élevée.

En ce sens, la proposition de Louis Audet d’augmenter le salaire minimum de 48 %, en le faisant passer de 13,50 $ à 20 $ l’heure, a été accueillie comme un véritable pavé dans la mare. Une telle poussée inflationniste pourrait avoir un effet positif exceptionnel pour bien des travailleurs, mais pourrait aussi être dommageable pour bien des entreprises. Elle pourrait aussi entraîner une forte hausse des prix à la consommation.

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