Des municipalités de l’Est-du-Québec cancres pour le déversement d’eaux usées

La Ville de Rimouski a connu des déversements d'eaux usées pendant 140 jours en 2020. (Archives)
Photo : Radio-Canada / François Gagnon
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Québec a connu près de 53 000 déversements d'eaux usées en 2020, selon l'analyse de la Fondation Rivières rendue publique mercredi. Certaines des municipalités dans lesquelles on a enregistré les indicateurs d'intensité de déversements par habitant les plus élevés se situent dans l'Est-du-Québec.
Le directeur général de la Fondation Rivières, André Bélanger, explique que l'organisme a développé ce nouvel indicateur pour comparer les villes et les municipalités en les plaçant sur un pied d'égalité, en tenant compte de la taille de leurs infrastructures de traitement des eaux usées, de la durée et de la quantité des débordements et de leur nombre d'habitants.
Le nombre de débordement ne représente pas la quantité d'eaux usées qui se retrouve dans les rivières parce qu'un débordement qui dure cinq minutes ou un débordement qui dure une journée, on s'entend que ce n'est pas la même quantité d'eau. Un débordement qui est fait par un tout petit ouvrage qui déborde ou par un gros ouvrage qui déborde, ce ne sera pas la même quantité d'eau non plus
, soutient-il.
Dans le palmarès de la Fondation Rivières, les municipalités et les villes ont été séparées en trois catégories : « moins de 10 000 habitants », « de 10 001 à 100 000 habitants » et « plus de 100 000 habitants ».
Le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et la Côte-Nord comptent de nombreuses municipalités de moins de 10 000 habitants.
Dans cette catégorie, Caplan et Marsoui, en Gaspésie, figurent parmi les pires municipalités de la province, tout juste derrière Saint-Tite, en Mauricie.
Caplan a connu 72 déversements d'eaux usées en 2020 et Marsoui, 285 déversements.
Il faut toutefois noter que la qualité de mesure des déversements de Caplan a été mauvaise en 2020.
André Bélanger soulève par ailleurs que la qualité de la mesure des déversements à Caplan est loin d'être excellente parce qu'elle ne semble pas systématique.
[La Municipalité] ne mesure que très peu. Donc, ce qu'on soupçonne, c'est que dans le cas de Caplan, le chiffre est sous-estimé
, soulève-t-il.
Au Bas-Saint-Laurent, la ville de Saint-Pascal est celle qui a le moins bien fait, alors qu'elle se retrouve en 20e position du triste palmarès.
La Fondation Rivières a étudié les rejets de 700 des 1108 municipalités et villes de la province.
Plus de 400 municipalités ne possèdent pas de stations d'épuration des eaux usées et les données concernant leurs rejets sont donc indisponibles. Dans l'Est-du-Québec, Cap-Chat, en Haute-Gaspésie, Baie-Trinité, en Haute-Côte-Nord et Saint-Germain, dans le Kamouraska, se retrouvent notamment dans cette situation.
Milieu de peloton pour de grandes villes
Au Québec, parmi les 83 villes analysées par la Fondation, qui comptent entre 10 001 et 100 000 habitants, celles de l'Est-du-Québec font bien.
Gaspé se retrouve en milieu de peloton avec 312 déversements d'eaux usées l'an dernier.
Rimouski, Rivière-du-Loup, Matane, Baie-Comeau, Sept-Îles et Les Îles-de-la-Madeleine, elles, se retrouvent parmi les villes de cette taille qui détiennent les indices d'intensité de déversements par habitant les plus faibles.
Même si elle démontre de meilleures statistiques par rapport à d'autres villes au Québec, Rimouski a tout de même connu 639 déversements en 2020.
La Fondation Rivières indique les données employées pour dresser son palmarès proviennent du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
En publiant ce palmarès, l'organisme souhaite lancer un message au Ministère puisqu'il juge que son objectif de réduction des déversements des eaux usées n'est pas assez ambitieux.
L’objectif du Ministère est de ne pas augmenter le nombre de déversements au-delà du niveau de 2014, et non de le réduire. Après le 1er janvier 2030, le Ministère avertit qu'il sévira contre les municipalités qui n’auront pas atteint cet objectif.