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« Il faut plus de logements étudiants abordables, et vite! »

Une vaste coalition étudiante interpelle les chefs de partis municipaux en campagne à Montréal sur le manque criant de logements abordables et prône la création d’un réseau de logements étudiants à but non lucratif.

Un immeuble en construction à Montréal

Le projet la Rose des vents dans le technopôle Angus est en pleine phase de construction. Il pourra héberger dès l'été 2022 plus de 180 étudiants.

Photo : Radio-Canada / Fannie Bussières McNicoll

Plus de 190 000 jeunes étudient dans un établissement universitaire à Montréal, dont 37 000 sont des étudiants étrangers, selon des chiffres récents du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI). Pourtant, il n’y a qu’une petite minorité d’entre eux, moins de 10 000, qui ont accès à une résidence étudiante gérée par leur campus universitaire.

Résultat? Plus de 100 000 étudiants inondent chaque année le marché locatif privé de la métropole et entrent ainsi souvent en compétition, bien malgré eux, avec de jeunes familles à la recherche d’appartements ayant plusieurs chambres, déplorent tant la Coalition régionale étudiante de Montréal (CREM) que l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE).

Quand la communauté étudiante arrive dans un marché locatif, les prix ont tendance à augmenter, parce que la colocation fait en sorte que plusieurs étudiants se partagent un seul loyer.

Une citation de Laurent Levesque, directeur général et cofondateur de l’UTILE

Et la proportion des étudiants locataires ne cesse d’augmenter, selon des chiffres exclusifs obtenus par Radio-Canada, issus de l’enquête PHARE 2021 qui sera publiée prochainement. Elle est ainsi passée de 70 % à 77 % entre 2017 et 2021. Des étudiants ont d’ailleurs eu de la difficulté à trouver un logement pour la rentrée cette année.

La pression et les besoins s’accentuent donc sur deux fronts simultanément, résume Laurent Levesque, cofondateur de l’UTILE. D’une part, il y a l’érosion du parc locatif. Et d’autre part, il y a de plus en plus d’étudiants locataires. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le marché locatif en général, ajoute-t-il.

Les deux tiers des locataires étudiants sont d’ailleurs concentrés dans cinq quartiers centraux de la ville, selon l’enquête PHARE 2021.

Répartition des locataires étudiants par quartiers à Montréal

  • Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce 18 %
  • Le Plateau-Mont-Royal 16 %
  • Rosemont–La Petite-Patrie 11 %
  • Ville-Marie 11 %
  • Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension 10 %

Le modèle sans but lucratif à prioriser, selon les étudiants

Sept étudiants sur dix indiquent débourser plus de 30 % de leur revenu dans le logement, un seuil reconnu de précarité financière, d'après une enquête de l’UTILE réalisée en 2017. Par ailleurs, dans les quatre dernières années, le coût médian que paient les étudiants universitaires à Montréal est passé de 575 $ à 680 $ par mois, soit une augmentation de 18 %, selon l’enquête PHARE 2021.

L'étudiante et représentante d'association étudiante pose sur le campus de l'Université de Montréal à l'automne.

Meriem Khatem est la porte-parole de la Coalition régionale étudiante de Montréal, un regroupement expressément créé pour faire valoir les revendications étudiantes dans le cadre des élections municipales à Montréal.

Photo : Radio-Canada / Gracieuseté de Meriem Khatem

Il faut une solution! Et celle que nous proposons, c’est celle de la construction de logements abordables et à but non lucratif dédiés aux étudiants.

Une citation de Meriem Khatem, porte-parole de la Coalition régionale étudiante de Montréal

Sans s’avancer à chiffrer ses demandes, la CREM, un regroupement représentant plus de 90 000 étudiants universitaires créé expressément pour les demandes étudiantes dans le cadre des élections municipales, demande à la future administration de la Ville de Montréal de prioriser la construction de logements étudiants gérés par des organismes à but non lucratif.

La création de logements étudiants abordables hors du marché privé permet justement de ne pas être soumis à la flambée des prix des loyers qu’il y a en ce moment, indique Meriem Khatem. Elle affirme que cela permettrait non seulement d’aider à réduire la précarité financière de la communauté étudiante, mais viendrait aussi réduire la pression sur le marché locatif privé.

Cela rendrait possible, selon elle et Laurent Levesque, une certaine détente de la crise du logement dans laquelle est plongée Montréal et qui entraîne l’émergence de pratiques abusives, voire illégales, comme l’ont confirmé récemment plusieurs comités logement de la ville.

Seuls 90 logements étudiants développés sur ce modèle à but non lucratif existent présentement à Montréal. Et un second projet géré par l’UTILE, la Rose des vents, est en pleine construction, pour livraison à l’été 2022, dans l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie. L’immeuble de 120 logements abordables pourra accueillir 160 étudiants de différentes universités montréalaises.

Un autre avantage du modèle est d’assurer la pérennité de l’abordabilité de ces logements, précise Laurent Levesque. Contrairement au modèle traditionnel où le propriétaire désire souvent maximiser ses profits en louant chaque chambre le plus cher possible, ce que l’UTILE propose, c’est de briser cette dynamique avec une approche à but non lucratif en louant nos logements le moins cher possible, explique-t-il. Notre modèle en économie sociale va permettre d’assurer la capacité d’accueil de Montréal pour les générations futures.

Engagements électoraux salués mais jugés insuffisants

Tant Projet Montréal qu’Ensemble Montréal ont fait connaître leurs engagements pour lutter contre la crise du logement et ses dérives, et ont promis la création de 2000 logements étudiants. Les deux partis se sont aussi déjà prononcés en faveur du modèle de logements étudiants abordables gérés par des organismes à but non lucratif.

2000 logements étudiants, c’est bien. Ça démontre une certaine ouverture et on a hâte de voir ça se concrétiser. Mais on le sait déjà que ça ne sera pas suffisant.

Une citation de Meriem Khatem, porte-parole de la Coalition régionale étudiante de Montréal

Laurent Levesque dit lui aussi qu'il s'agit d’un premier pas dans la bonne direction. C’est un pas qui est essentiel et qui est réaliste pour les quatre prochaines années, soutient-il.

Un jeune homme portant chemise et veston, regardant la caméra.

Laurent Levesque, directeur et cofondateur de l'organisme UTILE qui se consacre à développer et à gérer des projets de logements étudiants abordables.

Photo : Radio-Canada / Fannie Bussières McNicoll

Il faudrait toutefois, selon Laurent Levesque, que la future administration joue non seulement un rôle de partenaire financier, mais aussi de facilitateur de ces projets. En agissant sur ses leviers réglementaires comme le zonage et son droit de préemption, par exemple.

Autre axe de revendication : l’abordabilité du transport

La CREM formule également des demandes en matière de transport en commun et de transport actif.

Parmi ses revendications, l’élargissement du tarif étudiant à la communauté étudiante à temps partiel, la prolongation du tarif étudiant un an après la fin des études ainsi que la prolongation de la ligne bleue, puisque les étudiants préfèrent très souvent se loger près d’une bouche de métro pour faciliter l’accès à leur campus.

La CREM voudrait également voir mis en place un tarif réduit étudiant pour l’utilisation du service de vélo en libre-service BIXI ainsi qu’un meilleur entretien et développement du réseau de pistes cyclables à Montréal.

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