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Des DJ veulent le retour de la danse au Québec

Une boule disco dans un bar.

Alors que le Québec a assoupli d'autres restrictions sanitaires, les propriétaires de bars, les DJ et les personnes avides de danser disent ne pas comprendre pourquoi l'activité demeure interdite.

Photo : Getty Images / Mike Lawrie

La Presse canadienne
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Les noctambules réclament des annonces concrètes de la part du gouvernement en prévision de la réouverture des pistes de danse au Québec. Une manifestation à cet égard est d'ailleurs prévue samedi à Montréal.

Les adeptes de la vie nocturne au Québec réclament des annonces concrètes de la part du gouvernement en prévision de la réouverture des pistes de danse. Une manifestation à cet égard est d'ailleurs prévue samedi à Montréal.

Pour le DJ montréalais Marc-André Patry, il ne sert à rien d'offrir une prestation si les gens ne peuvent pas danser.

Je n'irais pas à une exposition dans un musée pour regarder une œuvre d'art sur le mur si elle est recouverte à 80 %. Je ressens la même chose avec la musique, en particulier la musique que je fais jouer, a-t-il expliqué dans un récent entretien.

Depuis des années, M. Patry organise un événement mensuel appelé Voyage Funktastique dans des bars. La pandémie de COVID-19 l'a arrêté, mais cet été, il a pu déplacer la fête à l'extérieur. Avec le temps qui se refroidit et les règles sanitaires du Québec interdisant toujours de danser dans les bars, le DJ prévoit de ranger son équipement.

Si les gens ne peuvent pas danser sur cette musique, alors je préfère ne rien faire, affirme Marc-André Patry.

Seulement deux provinces touchées

Le Québec et la Colombie-Britannique sont les deux seules provinces qui continuent d'interdire la danse dans les bars et les boîtes de nuit dans le cadre de leur réglementation liée à la COVID-19. Alors que le Québec a assoupli d'autres restrictions sanitaires, les propriétaires de bars, les DJ et les personnes avides de danser disent ne pas comprendre pourquoi l'activité demeure interdite.

Plusieurs personnes, y compris l’équipe organisatrice d'une manifestation qui doit avoir lieu à Montréal samedi, disent soutenir les efforts que la province a déployés pour lutter contre la pandémie de COVID-19, mais croient que la danse peut reprendre en toute sécurité dans des lieux où le passeport vaccinal de la province est requis.

Tommy Piscardeli, le propriétaire de la boîte de nuit montréalaise Stereo, a dit que, pour lui, c'était une question d'équité. Son établissement – qui ne sert pas d'alcool et dispose d'un permis lui permettant de rester ouvert après l'heure de fermeture de 3 heures – est fermé depuis le début de la pandémie.

Le risque des soirées clandestines

Pour ajouter à sa frustration, il a vu des vidéos de milliers de fans de Ricky Martin danser lors d'un récent concert au Centre Bell. Selon lui, cela n'a aucun sens que 17 000 personnes puissent se trouver dans un amphithéâtre à crier, danser, s'époumoner, chanter, alors qu'il ne peut pas avoir 500 personnes dans son club.

Ricky Martin chante sur scène avec à ses côtés des danseuses et des musiciens.

Ricky Martin a chanté devant une salle comble au Centre Bell, le 9 octobre.

Photo : evenko / Patrick Beaudry

Ils ne crieraient pas, ne s'époumoneraient pas, ne perdraient pas la tête, a-t-il soutenu. Ils ne feraient que danser.

M. Piscardeli mentionne que sans lieux légaux pour danser, les gens vont maintenant dans des soirées clandestines où les passeports vaccinaux ne sont pas requis et où les autres mesures de sécurité publique ne sont pas appliquées. Autoriser la danse ramènerait les gens dans les lieux qui ont mis en place tous les protocoles, qui vont vérifier les passeports vaccinaux, vont faire tout ce qu'ils nous demandent de faire, a-t-il affirmé.

Réduction des méfaits

Mathieu Grondin, cofondateur et directeur général de MTL 24/24, une organisation à but non lucratif qui défend le secteur de la vie nocturne de la ville, a déclaré qu'il considérait la réouverture des pistes de danse comme une initiative de réduction des méfaits, ajoutant que les lieux qui bafouent les mesures de COVID-19 sont également susceptibles d'enfreindre d'autres règles de santé et de sécurité.

Montréal est l'une des dernières villes au monde où l'on ne peut toujours pas danser, et nous avons l'un des taux de vaccination les plus élevés au monde pour les adultes. Les pistes de danse ont rouvert partout en Europe, partout en Amérique du Nord, a-t-il noté, ajoutant que 20 % des touristes de Montréal viennent pour la vie nocturne de la ville.

L'impact culturel de la danse dépasse la vie nocturne, estime pour sa part Laurianne Lalonde, qui fréquentait les clubs de salsa et de samba avant la pandémie.

Mme Lalonde, dont la pétition en ligne appelant à la réouverture des pistes de danse a reçu 5000 signatures virtuelles, a souligné que les lieux qu'elle fréquentait attiraient des personnes de plusieurs générations. Il ne s'agit pas seulement des boîtes de nuit, il s'agit aussi de ces communautés, de ces personnes qui partagent leur identité ou leur identité culturelle à travers la danse, a-t-elle déclaré.

Annonces gouvernementales en temps voulu

Le ministère de la Santé adopte une approche progressive pour assouplir les restrictions liées à la COVID-19, guidée par le nombre de cas, a écrit la porte-parole Marie-Louise Harvey dans un courriel. Bien qu'elle ait déclaré que le Ministère était au courant des appels pour que la danse soit autorisée, il est trop tôt pour dire quand cela pourrait se produire.

Des discussions sont en cours concernant l'ajustement des différentes mesures sanitaires. Des annonces seront faites en temps voulu, en fonction de la situation épidémiologique, a-t-elle écrit.

Le Dr André Veillette, immunologiste à l'Institut de recherches cliniques de Montréal, affilié à l'Université de Montréal, pense que la danse devrait être l'une des dernières activités à reprendre.

Habituellement, quand les gens dansent, ils respirent plus vite, ils parlent aux gens autour d'eux, les gens sont très proches. Ils n'observent pas une distance de deux mètres, ils sont parfois à deux centimètres de distance, a-t-il dit dans une récente entrevue, ajoutant que les gens peuvent crier pour se faire entendre, car la musique est forte. Il s'inquiète également de la ventilation dans les bars et les discothèques.

Il y a la bonne combinaison pour causer beaucoup de problèmes, a-t-il déclaré.

Même avec des passeports vaccinaux, M. Veillette pense qu'autoriser la danse est trop risqué avant que le nombre de cas de COVID-19 au Québec ne diminue considérablement.

Je pense que nous y arriverons, nous devons juste éviter d'aller trop vite, a-t-il dit. Chaque fois que nous avons essayé d'aller un peu plus vite, nous nous sommes fait du mal.

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