Il y a 20 ans, une entente survenait entre Québec et le Grand Conseil des Cris

Le premier ministre du Québec, Bernard Landry, et Ted Moses, chef du Grand Conseil des Cris, se félicitent après avoir signé la paix des braves le 7 février 2002, à Waskaganish, au Québec.
Photo : La Presse canadienne / JACQUES BOISSINOT
Le 23 octobre 2001, le gouvernement de Bernard Landry et le Grand Conseil des Cris du Québec signaient une entente moderne et novatrice qui garantissait aux Autochtones une participation dans le développement des ressources naturelles de leur territoire et une large part des retombées économiques des projets hydroélectriques de la baie James. Retour en archives sur l’entente de la paix des braves.
« Le projet était, convenons-en, plutôt ambitieux : se réconcilier et établir une nouvelle relation basée sur le respect et la confiance pour les 50 prochaines années. »
Le 23 octobre 2001, au Téléjournal, Sophie Langlois présente un reportage sur l’entente de principe signée entre Québec et les 14 000 Cris. Un accord négocié qui porte sur la gestion des ressources naturelles de la baie James.

Reportage de Sophie Langlois sur la signature de la paix des braves. Le Gouvernement Landry a signé la paix avec les représentants des 14 000 Cris. L'entente porte sur le développement des ressources de la baie James. Le bulletin de nouvelles est animé par Stéphan Bureau.
Un véritable traité de paix entre deux clans qui s’étaient affrontés à de nombreuses reprises depuis la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ) en 1975.
Les poursuites judiciaires engagées par les Cris, notamment contre les coupes de bois sur leur territoire, totalisaient près de 3,6 milliards de dollars. Avec la nouvelle entente, le gouvernement s’engage à leur verser 3,5 milliards de dollars sur une période de 50 ans.
Les Cris abandonnent en retour leurs poursuites judiciaires et permettent le développement de barrages hydroélectriques sur la rivière Eastmain et à la dérivation de la rivière Rupert. La centrale hydroélectrique Eastmain-Rupert doit produire 1200 mégawatts.
Les Autochtones consentent à un projet hydroélectrique qui inondera une partie de leurs terres, mais la signature de la nouvelle entente vient mettre un terme au projet d'aménagement hydroélectrique des rivières Nottaway, Broadback et Rupert (Complexe NBR), inclus dans la CBJNQ, qui aurait inondé huit fois plus de territoire
.
Les Cris participeront aux travaux et à la construction du complexe Eastmain-Rupert, qui permettra de créer 8000 emplois directs et indirects.
L’Entente concernant une nouvelle relation entre le gouvernement du Québec et les Cris du Québec, communément appelée paix des braves
, est officiellement signée le 7 février 2002.
Ce jour-là, à l’émission Le Québec en direct, le journaliste Michel Jean s’entretient avec des acteurs importants de cette négociation.

Le journaliste Michel Jean mène une entrevue avec Roméo Saganash, un des négociateurs autochtones de l’Entente concernant une nouvelle relation entre le gouvernement du Québec et les Cris du Québec, communément appelée « paix des braves ».
L’avocat Roméo Saganash, directeur des relations avec le Québec pour le Grand Conseil des Cris, explique le caractère nouveau de l’entente et ce qui la différencie de la CBJNQ.
« C’est la première fois qu’un gouvernement en Amérique du Nord permet que les Autochtones puissent bénéficier de leurs ressources naturelles. L’argent va venir des ressources du territoire traditionnel cri. C’est ce qui est important pour moi, qu’on puisse bénéficier nous aussi des ressources qui proviennent de notre territoire traditionnel. »
Une nouvelle relation de nation à nation, doublée d’un partenariat économique et d’un partage des revenus du développement des ressources, rend cette entente unique et historique, selon l’avocat cri.
Michel Jean s’entretient ensuite avec le premier ministre Bernard Landry et le chef du Grand Conseil des Cris, Ted Moses.

Le journaliste Michel Jean mène une entrevue avec le premier ministre du Québec Bernard Landry et le chef du Grand Conseil des Cris du Québec, Ted Moses, au sujet de la signature de la paix des braves.
Les chefs ont négocié leur rivière contre emplois et argent, un choix déchirant pour ceux qui verront leurs territoires inondés. Certaines voix se font entendre et des chefs de communautés cries restent opposés à l’entente, comme Henry Diamond, ancien chef de Waskaganish. Mais pour Ted Moses, la majorité a parlé lors des référendums.
Quelque 500 jeunes arrivent sur le marché du travail chaque année chez les Cris. Selon le chef Moses, la paix des braves bénéficiera à toutes les communautés cries.
« Il n’est que justice pour des raisons historiques et contemporaines que les Cris aient leur part. La jeunesse crie est en explosion démographique. Il faut que ces jeunes-là aient de l’espoir, de l’emploi. »