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Québec bonifie le salaire de 50 000 éducatrices de la petite enfance

Des représentantes de la CSN préviennent cependant qu’il ne s’agit que d’un premier pas, que les négociations se poursuivent, tant sur le plan salarial que des conditions de travail, et que les grèves déjà prévues auront lieu.

Des enfants jouent avec des blocs en mousse.

Des enfants jouent dans un CPE.

Photo : iStock

  • François Messier

Québec va bonifier dès maintenant le salaire d'environ 50 000 éducatrices des centres de la petite enfance (CPE) et des garderies subventionnées, a annoncé jeudi la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel.

Les éducatrices qui en profiteront le plus sont celles qui accepteront de faire des semaines de 40 heures. Elles toucheront 17 % de plus si elles sont qualifiées ou 14 % si elles ne le sont pas.

Les éducatrices qui travaillent plutôt 32 heures par semaine – un cas de figure courant dans le réseau des CPE – verront leur salaire majoré de 12 % si elles sont qualifiées ou 9 % si elles ne le sont pas.

Une augmentation de 12 % fait passer le salaire horaire d'une éducatrice de 19 $ à 21 $ au premier échelon, et de 25 $ à 28 $ au dixième et dernier échelon.

En agissant de la sorte, la présidente du Conseil du Trésor applique en fait unilatéralement les paramètres salariaux de la dernière offre patronale présentée en juillet dernier aux éducatrices syndiquées des CPE.

Il s'agit d'une mesure administrative temporaire, qui se répercutera sur le premier chèque que recevront les éducatrices en novembre, en attendant qu'un nouveau contrat de travail soit conclu en bonne et due forme.

Les négociations entourant un nouveau contrat de travail sont toujours en cours et se poursuivent, a d'ailleurs assuré Mme LeBel. Une offre bonifiée sera d'ailleurs déposée dans les prochains jours, a-t-elle dit.

De l'urgence d'agir

Mais en attendant la conclusion d'une entente, a-t-elle expliqué, Québec a jugé urgent d'agir pour contrer la pénurie d'éducatrices, qui compromet l'accès à des places déjà existantes et le développement du réseau.

Il faut avoir un impact maximum, rapide et je dirais même immédiat sur la rétention et les inscriptions aux formations.

Une citation de Sonia LeBel, présidente du Conseil du Trésor

Le salaire actuel, force est de le constater, n'attire pas de nouvelles éducatrices dans le réseau, pas plus qu'il ne contribue à les retenir, a expliqué Sonia LeBel.

C'est un message qui est très bien compris par le gouvernement. Donc, il est nécessaire de rendre justice au travail qu'elles accomplissent tous les jours.

La négociation continue. Ce n'est qu'un premier geste concret, un geste pour démontrer la bonne foi du gouvernement. Je serais fort étonnée de toute façon que les syndicats négocient [une hausse salariale] en bas de 17 %.

Une citation de Sonia LeBel, présidente du Conseil du Trésor

Bien que la rémunération des éducatrices soit un enjeu majeur des négociations en cours, Québec est conscient que les conditions de travail sont aussi importantes pour les syndiquées, a encore dit Mme LeBel.

Un coût de 132 millions par année pour le Trésor public

On ne peut pas attendre la fin des négociations, encore six mois par exemple, avant de vous offrir de meilleures conditions salariales. C'est pour cette raison qu'on a décidé d'agir rapidement, a renchéri le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe.

Chaque semaine qui passe, c'est des éducatrices en moins dans notre réseau. C'est des éducatrices en moins qui s'inscrivent pour joindre notre réseau. Donc, on ne peut pas attendre [une entente]. Et ce n'est pas un désaveu envers la négociation.

Une citation de Mathieu Lacombe, ministre de la Famille du Québec

Selon lui, la bonification salariale coûtera environ 11 millions de dollars par mois au Trésor public, soit 132 millions par année.

Le ministre Lacombe doit présenter la semaine prochaine un plan d'action et un projet de loi pour réorganiser le réseau et offrir plus de places pour des enfants. La liste d’attente pour une place contient plus de 50 000 noms à l'heure actuelle.

L'annonce a été faite alors que des milliers d'éducatrices syndiquées par la CSQ et la CSN débraient cette semaine pour faire pression sur Québec.

Le cabinet de M. Lacombe a précisé ultérieurement que toutes les éducatrices des CPE publics et des garderies subventionnés profiteront des salaires négociés par les deux centrales syndicales. Elles ne perdront donc pas la hausse salariale annoncée aujourd'hui une fois que le nouveau contrat de travail sera signé.

Un premier pas bien accueilli, mais qui ne règle pas tout

Du côté syndical, l’annonce de Québec est accueillie comme une bonne nouvelle. Des représentantes de la CSN préviennent cependant qu’il ne s’agit que d’un premier pas, que les négociations se poursuivent, tant sur le plan salarial que des conditions de travail, et que les grèves déjà prévues vont se poursuivre.

On est très surpris. C’est inhabituel, a commenté Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la Fédération de la santé et services sociaux (FSSS-CSN), dans une entrevue accordée à Radio-Canada.

C’est sûr que pour nous, c’est une bonne nouvelle, parce que le gouvernement reconnaît qu’il y a une urgence d’agir et de freiner l’exode.

Une citation de Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la FSSS-CSN

Maintenant, on sait que ça n’est pas suffisant. Ça n’est pas à la hauteur de ce qu’on demande et ça ne couvre pas les autres appellations d’emplois. On va continuer à négocier quand même.

Selon Mme Vachon, les syndicats voudront tout de même pérenniser l’augmentation de travail dans une convention collective, sans compter que les syndiquées exigent également de meilleures conditions de travail.

On a aussi face à nous des directions générales et des associations patronales qui, elles, ont d’autres enjeux, qui veulent régler les problèmes de pénurie de personnel en limitant les conditions de travail des travailleuses, a-t-elle observé. Ils veulent limiter beaucoup l’accès à différents congés, forcer du travail au-delà de la semaine normale.

La grève d’aujourd’hui et de demain est absolument maintenue. On va évaluer pour la suite. On va avoir à la table de négociations, peut-être que le ton de la partie patronale va changer. Je ne suis pas en mesure de m’engager à annuler toutes les prochaines grèves.

Une citation de Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la FSSS-CSN

Mme Vachon note aussi que les syndicats considèrent qu’une semaine de travail normale pour une éducatrice de la petite enfance tourne autour de 34 ou 35 heures par semaine, contre l’avis de Québec, qui souhaite plutôt qu’elles en travaillent 40.

Le métier d’éducatrice à l’enfance est excessivement exigeant, tant psychologiquement que physiquement et émotionnellement, et les horaires de travail sont condensés sur quatre jours parce qu’on fait de très longues journées, des journées de neuf heures où on a à peine un petit 30 minutes de pause en après-midi. On dîne avec les enfants. C’est un horaire très chargé, note-t-elle.

Najoua Zitouni, vice-présidente à la négociation pour le Syndicat des travailleurs et travailleuses en CPE de l’Outaouais, affilié à la CSN, a abondé dans le même sens.

On est vraiment content de cette offre-là parce qu’on voit que le gouvernement prend au sérieux la pénurie de main-d’œuvre. C’est un pas en avant. Ça donne un peu d’air, a-t-elle dit. Mais les négociations continuent et ça ne nuit pas à la mobilisation.

Beaucoup d’enjeux n’ont pas été mentionnés en point de presse, entre autres les autres titres d’emplois, les enfants avec des difficultés, les heures pédagogiques et tout ça, a ajouté Mme Zitouni.

La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec, affilié à la CSQ, doit aussi réagir à la nouvelle plus tard en après-midi.

Avec la collaboration de Joëlle Girard

  • François Messier

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