Santé mentale et dépendances : 132 millions de dollars sur trois ans

La crise des opioïdes tue les gens dans la fleur de l'âge avec un âge moyen de décès de 44 ans.
Photo : Radio-Canada / Maryse Zeidler
La Colombie-Britannique investira 132 millions de dollars pour des services de traitement et de rétablissement en santé mentale et dépendances, a annoncé mercredi Sheila Malcolmson, ministre de la Santé mentale et des Dépendances.
Cet investissement au cours des trois prochaines années fait partie des 500 milliards de dollars promis dans ce domaine dans le budget 2021.
Il permettra d’augmenter les services dans toutes les régions de la province pour renforcer le continuum complet des services de traitement et de rétablissement de la toxicomanie. Cela comprend la gestion du sevrage, la transition et l'évaluation, le traitement et les services de suivi.
« Nous devons nous assurer que les services sont disponibles quand et où [les personnes] en ont besoin. »
La ministre Malcolmson a expliqué qu’au cours des quatre dernières années, la province a été occupée à colmater les trous dans un système profondément fragmenté
et qu’un véritable changement systémique est désormais en route.
65 services concernés
Plus de 65 services seront créés ou améliorés, 195 nouveaux lits seront ouverts et plus de 130 employés devraient être embauchés. Les détails seront communiqués dans les semaines à venir.
Parmi les initiatives annoncées, il y aura un nouveau centre de dégrisement à Prince George et un financement supplémentaire pour les lits de sevrage à Vancouver Detox.
Il y aura aussi de nouveaux lits de traitement pour soutenir les femmes des régions de l'Intérieur et de l'île de Vancouver, ainsi que l’extension du programme de partenariat dirigé par les nations Gwa'sala-Nakwaxda'xw pour le traitement et le rétablissement de l'alcoolisme à Port Hardy.
Patricia Daly, médecin hygiéniste en chef de la régie de la santé Vancouver Coastal, a tenu à rappeler que la crise des opioïdes a fait plus de morts que celle de la COVID-19 en Colombie-Britannique. Une crise qui tue les gens dans la fleur de l'âge
avec un âge moyen de décès de 44 ans.
Elle regrette que cette crise ne reçoive pas le même niveau d'attention du public
et souligne que ses ramifications se feront sentir pour des années.
« De juillet 2020 à juin 2021, [...] la toxicité des drogues illicites a été la quatrième cause de décès dans cette province derrière le cancer, les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. »
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Mark Haggerty, pair navigateur, à l'Hôpital Saint Paul à Vancouver, aurait aimé avoir un pair à ses côtés pendant ses 20 ans de dépendances. Il a expliqué que certes les décès ne cessent de croître depuis 2016, mais que sans les cliniques d'accès rapide, leurs nombres seraient encore plus importants.
« Quand les gens viennent à notre clinique ou à l'hôpital et qu'ils voient quelqu'un comme moi qui est sorti de l'autre côté de la dépendance, ça leur donne de l'espoir. »
Pour lui, la stigmatisation qui entoure les dépendances est encore très présente et la construction de rapports de confiance entre personnes dépendantes et le milieu médical reste essentielle. « Ce sont des connexions significatives et puissantes », dit-il.
Des lacunes à combler
Cette annonce est un pas vers la bonne direction, selon Cheyenne Johnson, la directrice générale du Centre sur l'usage de substances en Colombie-Britannique. Elle croit qu’il est critique d’investir en santé mentale pour combler les lacunes du système.
Elle soutient toutefois qu’il est primordial de cibler un système de prise en charge complète des personnes souffrant de troubles de santé mentale et de dépendance.
Rejoindre un service de désintoxication, par exemple, peut prendre de quatre à six semaines, explique-t-elle. Quand les gens sortent de ce programme, ils n’ont nulle part où aller en matière de lits où ils peuvent récupérer
, dit-elle.
Les familles démunies sont également confrontées à des problèmes d'accessibilité de ces services en zones éloignées, soutient Cheyenne Johnson.
« On entend de familles et personnes qui tentent d'accéder à ces services tous les jours qu’ils sont tellement fragmentés, il y a tellement de failles. »
Pour elle, un système de prise en charge complète prendra des années à voir le jour. Elle rappelle à la province qu'il faudra également former les professionnels de la santé à la question de la dépendance.