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ChroniqueRicky Martin et Enrique Iglesias : vive le retour de la « folle vie »

Ricky Martin chante sur scène avec à ses côtés des danseuses et des musiciens.

Ricky Martin a ouvert le bal devant presque 15 000 spectateurs au Centre Bell.

Photo : evenko / Patrick Beaudry

Cinq cent quatre-vingt-deux jours… C’est l’écart qui sépare le dernier concert présenté au Centre Bell – celui du groupe The Lumineers – le 6 mars 2020, et le programme double de Ricky Martin et d’Enrique Iglesias, samedi soir : 582!

Ce concert initialement prévu en 2020 avait été repoussé d’un an et il l’aurait été encore une fois, n’eût été la décision du gouvernement Legault de permettre la pleine capacité des salles de spectacles et des arénas sans distanciation sociale – mais avec port du masque – dès vendredi.

Et les amateurs n’attendaient que ça…

Presque salle comble

Des 10 000 billets vendus depuis un an, en date de la semaine dernière, ce nombre était passé à 12 500 vendredi matin et il est finalement monté à 14 885, soit à un cheveu des 15 000 places maximales prévues avec la configuration retenue.

Avec les spectateurs qui prenaient d’assaut la billetterie sur le tard, les tentes de vérification du passeport vaccinal à l’extérieur et la file d’attente de l’entrée principale qui ne semblait pas avoir de fin, les alentours du Centre Bell avaient tout de la proverbiale ruche une heure avant l’entrée sur scène de Ricky Martin.

Une fois entrés dans le Centre Bell, n’eût été la présence des masques sur les visages, on se serait crus avant la pandémie : allées bondées et files d’attente aux toilettes. Mais tout ça doublé d’une fébrilité et d’une certaine perte de repères, comme si les spectateurs en étaient à un camp préparatoire. Comme les Canadiens de Montréal, finalement.

Trois écrans géants au fond de la scène, deux plateformes, un escalier central et une passerelle qui se rendait jusqu’au milieu de la patinoire nous ont fait comprendre que… non, ce soir, nous n’assistons pas à un concert en direct sur Facebook provenant d’un salon. Terminé, ça.

Symbolique Livin’ La Vida Loca

À 20 h 08, lorsque les lumières se sont éteintes, on a entendu une clameur de près de 15 000 voix comme on n’en avait pas entendu une en 19 mois. Clameur aussitôt suivie par la ligne de guitare et les cuivres pétaradants annonçant Livin’ La Vida Loca. Pouvait-on imaginer une chanson plus symbolique pour marquer ce retour? Le retour d’une vie de folie… Pour vrai. Enfin.

Pendant que Ricky Martin et ses dix musicien(ne)s, choristes, danseurs et danseuses occupaient tout l’espace sur scène, on voyait les gens sauter, danser et on les entendait hurler à travers leurs masques. Le chanteur a même escamoté New York pour Montréal dans la chanson. La totale.

Il y avait un réel exutoire dans cette scène jubilatoire. L’ovation qui a suivi m’a rappelé à quel point j’avais oublié le bruit que pouvait faire une foule de 15 000 personnes. Et nous n’en étions qu’au début.

Hormis pour Nobody Wants To Be Lonely, duel virtuel avec Christina Aguilera qui apparaissait sur l’écran derrière lui, Martin a rarement levé le pied de l’accélérateur durant plus d’une heure, avec ses succès universels (She Bangs, Shake Your Bon-Bon, Vuelve) interprétés en anglais ou en espagnol.

Nous venons de sortir de deux années bien spéciales. Il est temps de clore un cycle et de tracer un nouveau chemin, a noté Martin qui s’est adressé à la foule en français, en anglais et en espagnol. J’ai l’intention de laisser mon âme sur cette scène ce soir.

Et il n’a pas menti. Cuivres incendiaires, tambours tonitruants, bolas argentins : par moments, je me disais que ce concert aurait été pertinent au Festival de jazz tant l’instrumentation dépassait de beaucoup la pop à saveur latine. Martin arborait de splendides tenues, tout comme toute son équipe. Un souci du détail qui n’était pas sans rappeler les belles revues de Las Vegas.

Visiblement aussi heureux d’être là que les spectateurs et dans une forme exceptionnelle à l’aube de ses 50 ans en décembre, Martin a fait monter les décibels en demandant à répétition si on en voulait plus. Bien sûr! Cette question, toi…

L’enchaînement de La Mordidita et de Maria a été le doublé coup de poing de cette séquence qui a fait vibrer les tympans. Quand il a conclu avec The Cup of Life, chanson thème de la Coupe du monde de soccer de 1998 remportée par la France, il n’y avait plus rien à rajouter.

Enrique et ses chœurs

Enrique Iglesias chante derrière un micro sur une scène avec deux musiciens.

Enrique Iglesias

Photo : evenko / Patrick Beaudry

Arrivé moins d’une demi-heure plus tard, Enrique Iglesias a maintenu l’esprit festif qui régnait, mais de manière quelque peu différente. Si Martin reste très près d’une enveloppe sonore aux effluves latins dans son répertoire, Iglesias donne parfois l’impression d’être un Madrilène qui espère voir ses chansons devenir des succès sur des palmarès anglophones.

C’était particulièrement vrai pour son trio d’ouverture (I’m a Freak, Chasing the Sun, I Like How It Feels) diablement efficace. Durant la dernière, la pop matinée d’électro m’a donné l’impression que nous étions au festival île Soniq.

Mise à jour de règles sanitaires : après les trois premières chansons de Ricky Martin, huit des dix spectateurs dans la rangée derrière moi portaient adéquatement le masque, l’un l’avait en dessous du nez et un autre le portait dans le cou.

Une heure et demie plus tard, après les trois premières chansons d’Enrique Iglesias, neuf de ces spectateurs n’avaient plus de masque du tout. Comme dans, même pas dans le cou… Il faudra songer à corriger le tir samedi soir prochain quand les Canadiens vont attirer 21 000 spectateurs dans l’aréna.

Iglesias, lui aussi flanqué d’un groupe d’instrumentistes et de choristes compétents, joue souvent une carte plus nord-américaine que latine. Là où Martin épouse son héritage portoricain et semble sortir d’un chic défilé de mode LGBT, Iglesias pourrait être votre sympathique livreur de pizza avec sa casquette, sa chemise et son pantalon (peut-être hors de prix, j’en conviens).

Mais des tubes, il en a, le fils de Julio. Durant Bailamos, Be With You et Hero, cette dernière durant les rappels, la foule a entonné ses chansons, transformant le Centre Bell en immense chœur. Il y a eu aussi le moment d’intimité avec un doublé sur la scène à l’autre bout de la patinoire, genre de bivouac où Iglesias a fait baisser le mercure, mais en se rapprochant des spectateurs.

Le trio de clôture (El Perdon, Bailando, I Like It) a mené aux scènes de communion entre artiste et public, le tout, agrémenté d’éléments pyrotechniques, de fumigènes, de lance-flammes et de ballons, tombés du ciel, aux initiales d’Enrique Iglesias.

J’ai beau avoir préféré le concert de Martin dans son ensemble, Iglesias n’est pas demeuré en reste lors de ce programme double qui était exactement ce dont tout le monde avait besoin. Car il s’agissait bien plus que de deux prestations dynamiques et festives.

Il s’agissait d'un concert aux allures de délivrance.

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