Enquête du coroner sur la mort de Rodney Levi : le jury présente ses recommandations

Un portrait de Rodney Levi le 29 septembre 2021 dans la salle de conférence de l'hôtel Rodd Miramichi River, à Miramichi, au Nouveau-Brunswick, où se déroule l'enquête du coroner sur les circonstances de sa mort.
Photo : La Presse canadienne / Kevin Bissett
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La mort de Rodney Levi est un homicide. C'est le verdict rendu par le jury de l’enquête du coroner, qui présente des recommandations dans le but d'éviter de tels drames à l'avenir.
Rodney Levi, 48 ans, membre de la Première Nation de Metepenagiag, a été abattu par l’agent Scott Hait, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), le 12 juin 2020 près de Sunny Corner, au Nouveau-Brunswick.
L'enquête du coroner s’est déroulée dans un hôtel à Miramichi. Le jury a terminé ses délibérations vendredi.
Il devait déterminer si ce drame était un homicide, un suicide ou aucun des deux, selon le coroner John Evans.
Le but des enquêtes d'un coroner n’est pas d’attribuer une responsabilité juridique, mais de formuler des recommandations afin de prévenir d’autres morts dans des circonstances semblables à l’avenir.
Les recommandations
Les cinq membres du jury ont déposé leurs recommandations, regroupées en trois catégories. Parmi elles, on retrouve les suivantes :
- que le programme des agents de police des bandes soit rétabli et qu'entre temps la GRC fasse appel à des agents autochtones de liaison communautaire;
- que de l'aide psychologique soit offerte dans un délai raisonnable aux victimes d'événements traumatisants, aux témoins et aux membres de leur famille respective;
- qu’une équipe qualifiée de gestion de crise soit disponible en tout temps;
- que la GRC ne soit pas la première répondante lorsqu'il s'agit d'une vérification du mieux-être d'une personne autochtone, et qu'elle attende l'arrivée de l'agent autochtone de liaison de la communauté ou de l'équipe de gestion de crise;
- que des centres pour des soins en santé mentale et en toxicomanie soient établis dans les communautés autochtones;
- qu'une formation sur la sensibilisation aux questions autochtones et qu'une autre sur l'intervention lors d'une tentative de suicide soient obligatoires pour les cadets de la GRC;
- qu'une formation soit donnée à tous les agents en matière d’utilisation d’un pistolet à impulsion électrique;
- que l'adoption du port de caméras d’intervention par les policiers soit accélérée.
Selon le juré qui a lu les recommandations, le jury espère de tout coeur que la Gendarmerie royale du Canada les accepte et en mette en oeuvre.

Des membres de la famille de Rodney Levi rassemblés lors de la dernière journée de l'enquête du coroner sur sa mort, à Miramichi, le 8 octobre 2021. La famille a exprimé une satisfaction quant aux recommandations du jury.
Photo : Radio-Canada / Jérémie Tessier-Vigneault
Des membres de la famille de Rodney Levi qui étaient présents ont poussé des exclamations de joie, ont applaudi et se sont embrassés après avoir entendu les recommandations.
Ils se disent heureux que les membres du jury se soient montrés attentifs. La famille croit que les recommandations sauront éviter d’autres événements semblables.
Nous avons eu ce que nous voulions, sauf pour notre frère
, explique Linda Levi, une sœur de Rodney Levi.
Ça a été des montagnes russes ces huit jours. Je suis heureuse de pouvoir respirer aujourd’hui
, raconte Rhoda Levi, une autre de ses sœurs, en précisant qu’il a été difficile de ne rien pouvoir dire pendant l’enquête du coroner.
La mort de Rodney Levi
Rodney Levi s’était rendu chez le pasteur Brodie MacLeod, chemin Boom, au sud-ouest de Miramichi. Selon les témoignages à l’enquête du coroner, son comportement était étrange et il avait mis deux couteaux de cuisine dans la poche de sa veste à capuchon.
Inquiets, les résidents de la maison ont appelé la police.
À lire aussi :
La thèse du « suicide par policier » évoquée à l’enquête sur la mort de Rodney Levi
Le policier qui a tué Rodney Levi affirme qu’il n’avait pas d’autre choix
Rodney Levi : des agents communautaires auraient pu désamorcer la situation, dit un témoin
L’enquête du coroner sur la mort de Rodney Levi commence à Miramichi
Durant son témoignage, l’agent Hait a expliqué qu’il a tenté de convaincre Rodney Levi de laisser tomber ses couteaux, mais ce dernier a refusé.
Selon M. Hait, l’homme a déclaré qu’il était suicidaire. M. Hait lui a donc dit qu’il l’amènerait en détention en vertu de la loi provinciale sur la santé mentale.
Le deuxième policier, l’agent Justin Napke, a tenté de maîtriser Rodney Levi trois fois à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique lorsque ce dernier a sorti ses couteaux de sa poche.
Selon les deux policiers, M. Levi a peu réagi aux décharges électriques et il a rapidement fait un pas en direction de l’agent Hait, qui l’a alors abattu de deux balles à la poitrine.
La Couronne a décidé de ne pas porter d’accusation criminelle contre les deux agents impliqués après avoir révisé les conclusions de l'enquête du Bureau des enquêtes indépendantes du Québec (BEI) sur ces faits.
Avec des renseignements de Jérémie Tessier-Vigneault, de Radio-Canada, et de Shane Magee, de CBC