Raquel Urtasun : une étoile montante du domaine des véhicules autonomes

Raquel Urtasun, fondatrice et cheffe de la direction de Waabi, une entreprise qui conçoit des technologies de conduite autonome.
Photo : Radio-Canada / Yan Théoret
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L’ex-scientifique en chef du laboratoire de technologies avancées d’Uber a lancé cet été sa propre entreprise, Waabi, qui a déjà récolté plus de 100 millions de dollars en capital de risque. L’objectif de Raquel Urtasun : rien de moins que de « bouleverser » l’industrie de la conduite autonome.
Le système Waabi utilise l’intelligence artificielle pour analyser l’environnement du véhicule, anticiper les mouvements d’autres objets et effectuer des manœuvres de façon sécuritaire. L’entreprise torontoise cherche d’abord à automatiser les poids lourds et les véhicules commerciaux, ce qui permettrait de résoudre d’importants problèmes dans le secteur du transport routier.
Il y a un manque de conducteurs et c'est une des professions les plus dangereuses en Amérique du Nord. Du point de vue de la technologie, c'est plus simple de conduire un long trajet sur une autoroute que dans une ville comme Toronto
, explique Raquel Urtasun.
Son but n’est pas de réinventer la roue
ni de fabriquer des véhicules autonomes. Elle veut plutôt s’allier avec des constructeurs automobiles en vue d’intégrer sa technologie dans leurs camions.
Une sommité en intelligence artificielle
L’Espagnole de 45 ans, qui a appris le français à l’enfance, s’est installée dans la Ville Reine il y a sept ans. Sommité en matière d’intelligence artificielle, elle est professeure au Département d’informatique de l’Université de Toronto.
En 2017, Raquel Urtasun s’est jointe à la tête de l’équipe d’Uber chargée de perfectionner le système de conduite autonome pour ses flottes de véhicules. Elle avait l’imposante mission de redorer le blason du service de covoiturage, surtout après l’accident d’un de ses véhicules sans conducteur qui a coûté la vie à une piétonne en Arizona.
« On est en train d'essayer de résoudre un des problèmes les plus difficiles de notre siècle. »
Il y a tellement de variables, comme la météo, le trafic, les piétons, des objets. C'est très difficile de faire un logiciel qui arrive à répondre à toutes les possibilités
, affirme-t-elle.
Lorsque la division Uber ATG a été vendue à Aurora plus tôt cette année, bien des joueurs du secteur ont été surpris que Mme Urtasun ne se joigne pas à la jeune pousse américaine.
Il y a eu des progrès dans l’industrie, mais pas les progrès dont on a besoin pour diffuser ces technologies à grande échelle, affirme l’entrepreneure. On voit beaucoup de compagnies qui sont vraiment des copies les unes des autres, qui ont le même type de technologie.
Ses concurrents prônent toujours une stratégie traditionnelle qui n’exploite pas le plein potentiel de l’intelligence artificielle, selon elle. Mme Urtasun a donc décidé de lancer sa propre compagnie afin d’explorer une nouvelle façon de faire beaucoup plus simple et moins coûteuse.
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Une vision qui séduit les investisseurs
Raquel Urtasun souligne que Waabi signifie la beauté de la simplicité
en japonais et elle a une vision
en ojibwé, l’une des langues autochtones les plus parlées au Canada. L’approche de son entreprise se veut justement simple et visionnaire.
Les investisseurs, en tous cas, sont déjà au rendez-vous : Waabi a conclu un cycle de financement de 83,5 millions de dollars américains (l’équivalent de 105 millions de dollars canadiens), l’un des plus importants de l’histoire pour une entreprise au pays.
La société d’investissement en capital de risque Khosla Ventures, le service de covoiturage Uber, la spécialiste des véhicules autonomes Aurora et bien d’autres grands noms ont contribué à cet effort de démarrage. Des experts en intelligence artificielle, y compris Geoffrey Hinton, Fei Fei Li, Pieter Abbeel et Sanja Fidler, ont aussi investi.
C’est un écosystème qui est en train de se développer et grandir à Toronto. C’est très, très excitant
, lance Mme Urtasun.
Le financement permettra notamment à l’entreprise d’embaucher davantage d’employés. Waabi en compte déjà une quarantaine entre ses bureaux de Toronto et ceux de San Francisco. Ses nouveaux espaces sont toujours inoccupés en raison de la pandémie.
Technologie au féminin, toujours un défi
L’entrepreneure espère que son succès incitera d’autres femmes à vouloir travailler dans le secteur de la technologie, bien qu’elle se soit butée à de nombreux défis au cours de ses 20 ans de carrière.
« Malheureusement, en étant des femmes, on fait face à de la discrimination relativement souvent. Il faut qu'on fasse 10 fois plus pour être reconnue au même titre qu'un homme. »
Les choses sont en train de changer petit à petit, il faut continuer ça, mais on n'est pas arrivé à la parité
, souligne-t-elle.
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