Le thé : la boisson « sacrée » des Azerbaïdjanais
Des Azerbaïdjanais sont fiers de perpétuer la tradition du thé de leur pays d’origine dans la grande région de Toronto.

Selon Elmira Mammadova, les restaurants ouzbeks ou turcs servent aussi du thé avec un rituel proche de celui des Azerbaïdjanais.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Comme dans d’autres pays d’Asie centrale et de l’Ouest, en Azerbaïdjan, le thé est davantage consommé que le café. La boisson fait partie de la culture des Azerbaïdjanais. Symbole de l'hospitalité, le thé ne se prépare pas de n'importe quelle façon, car « le thé est sacré » en Azerbaïdjan.
Le thé est vraiment sacré chez nous. L’offrir à un visiteur, c’est une façon de se présenter à lui et de lui dire que je le respecte
, explique Elmira Mammadova, de Toronto. Pour sa part, Galiba Abdullayeva, dit consommer le thé à tout moment.
« On dit généralement qu’il faut boire huit verres d’eau par jour. En Azerbaïdjan, on boit huit tasses de thé par jour, voire plus. »
Qu’il s'agisse d'occasions heureuses ou pas, tout se déroule autour du thé dans ce pays du Caucase. Le thé est d'ailleurs un symbole fort dans les traditions du mariage chez les Azerbaïdjanais, souligne la Torontoise Yegana Gafarova. Dans notre tradition azerbaïdjanaise, si une femme accepte la demande en mariage, elle donne du thé sucré à la famille de l’homme qui la demande en mariage. En cas de refus de sa part, elle leur offrira un thé sans sucre.
Ingrédients et ustensiles particuliers
Le thé azerbaïdjanais ne se boit pas dans n’importe quelle tasse. On le sert dans un verre particulier appelé armudu, dont l’apparence en forme de poire n’est pas choisie au hasard, précise Nazila Isjandorova, résidente de Vaughan, en banlieue de Toronto. Nous croyons que la forme de l'armudu joue deux rôles : la partie la plus étroite empêche le thé qui se trouve au bas du récipient de refroidir et la partie supérieure moins chaude facilite la manipulation du récipient.
Il existe également des armudus en porcelaine et en métal, même si le verre est préféré. On retrouve aussi la forme de ce récipient en Turquie, où la tradition du thé est également très forte.
Selon Konul Gurbanora, c’est surtout le gâteau shakar bura qui crée la différence entre le rituel du thé azerbaïdjanais et celui de ses voisins. Sur ce gâteau, nous reproduisons des motifs qui figurent sur nos tapis et vêtements. C’est vraiment un véhicule de la culture azerbaïdjanaise. Leur forme en demi-lune nous rappelle que nos ancêtres buvaient leur thé sous la lune
, explique-t-elle.
Le deuxième gâteau qui accompagne le rituel de thé azerbaïdjanais est le pakh lawa. Selon Gallila Abdullayeva, le gâteau pakh lawa azerbaïdjanais est préparé et servi de manière particulière. Notre pakh lawa est plus épais et on le présente toujours au nombre de 9, 11 ou 13 sinon ça ne sera pas délicieux, car les 9, 11 et 13 sont des chiffres sacrés pour les Azerbaïdjanais.
Le thé azerbaïdjanais est servi avec du sucre, mais c’est le sucre en morceaux qui est utilisé et pas n'importe lequel, insiste Yousra Bader, étudiante au collège Seneca. Selon une ancienne croyance azerbaïdjanaise, le sucre en morceaux permettait de savoir si le thé est empoisonné ou non : un carré de sucre qui ne changeait pas de couleur une fois versée dans le thé indiquait que la boisson était bonne à boire
, raconte-t-elle.
Une grande partie du thé azerbaïdjanais est cultivé à Lenkéran-Astara, une région frontalière avec l'Iran. La Géorgie et l’Azerbaïdjan font partie de la région productrice du thé la plus septentrionale du monde.
D'après les informations publiées en mai sur le site du Fonds des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO
), les deux pays étaient les principaux fournisseurs du thé consommé dans les années 1980 dans l’ancienne Union soviétique, classée à l'époque parmi les quatre premiers producteurs mondiaux de thé. Actuellement, la part de la production de thé géorgien et azerbaïdjanais équivaut à moins de 0,05 % de la production mondiale, toujours selon le site de l’agence onusienne.