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Au Nouveau-Brunswick, le cannabis veut se faire une place au soleil

Carburant à l’énergie solaire, le cannabis produit au grand air a tout d’un produit vert. Mais le cultiver dehors, à grande échelle, comporte son lot de défis.

Le haut d'un plant de cannabis.

Les plants de cannabis de Solargram farms sont cultivés à l'extérieur, dans des tunnels.

Photo : Radio-Canada / Maude Montembeault

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Lorsqu’on arrive chez Solargram farms, l’odeur de cannabis est perceptible avant même de sortir du véhicule.

Et n’entre pas qui veut sur le site de l’entreprise située à Renauds Mills, au nord de Moncton.

Des clôtures de plus de deux mètres de haut et des barbelés entourent les lieux que quadrillent des caméras de sécurité.

Le site, où s’affairent une vingtaine d’employés, n’est pour l’instant exploité qu’au cinquième de sa capacité : on y trouve 10 000 plants, alors qu'il pourrait en contenir quelque 50 000.

C’est fin septembre, et on s’active à tailler les généreux plants avant la saison froide.

À Solargram farms on est convaincu que l'avenir de l'industrie se joue à l'extérieur plutôt que dans des serres chauffées, même s'il n'est pas possible de produire l'hiver.

« Moi, je pense qu’on a une meilleure recette parce qu’on utilise l’énergie du soleil, qui est gratuite. Et il n’y a aucun effet sur notre planète, ce qui devient un enjeu politique important. »

— Une citation de  Marc Leblanc, propriétaire de Solargram farms
Marc Leblanc est devant ses champs qui comptent 10 000 plants de cannabis.

Marc Leblanc est un homme d'affaires du Nouveau-Brunswick qui a vu une opportunité lorsque le cannabis est devenu légal.

Photo : Radio-Canada / Maude Montembeault

C’est que la culture en serre est énergivore, et donc coûteuse. S’il s’était lancé dans ce type de production, Marc Leblanc aurait payé une fortune en électricité.

Moi, ça aurait dépassé un million par mois, mon coût d’énergie, juste ici, si on était à l’intérieur. C’est substantiel, énorme, fait valoir le propriétaire de Solargram farms. Et il y a quand même un coût climatique à ce million-là par mois.

C’est que l’électricité de la province provient, selon la Régie de l’énergie du Canada, à 39 % de l’énergie nucléaire, à 30 % de combustibles fossiles (gaz naturel, charbon et pétrole) et à 21 % de l’hydroélectricité. Le reste est produit à partir de ressources éoliennes et de biomasse.

À l'avant-plan, un plant de cannabis complètement taillé avant la saison froide, tandis que, derrière, un travailleur en coupe un autre.

Une vingtaine d'employés travaillent chez Solargram farms. En septembre et octobre, ils s'affairent à tailler les plants avant l'hiver.

Photo : Radio-Canada / Maude Montembeault

Un facteur qui convainc de plus en plus de producteurs de se lancer dans la culture extérieure, affirme David Joly, chercheur en biologie à la Faculté des sciences de l’Université de Moncton.

« On voit une popularité qui commence à augmenter dans le but de rendre le marché de plus en plus compétitif. Donc, il y a des gens qui veulent se tourner vers la culture extérieure. »

— Une citation de  David Joly, professeur de biologie à l'Université de Moncton

Depuis le 31 décembre 2019, le nombre de titulaires de licences autorisés à faire de la culture extérieure comme intérieure a presque quintuplé, selon les données fournies par Santé Canada.

Jusqu’ici, Marc Leblanc a investi 8 millions de dollars dans l’aventure depuis que la province a autorisé au printemps 2019 la culture en plein air.

Éviter les maladies

Dans ses laboratoires à l’Université de Moncton, le chercheur David Joly se penche sur la génétique des plants de cannabis. Il cherche à trouver ceux qui sauront mieux résister au climat de la province.

Car si produire à l’extérieur du cannabis plutôt qu’en serre peut contribuer à la lutte contre les changements climatiques, ces mêmes changements sont aussi son pire ennemi.

On veut s’assurer qu’on a des plantes qui sont vraiment optimisées pour les changements climatiques du Nouveau-Brunswick, explique David Joly.

David Joly est assis dans son laboratoire, pendant qu'une étudiante manipule des outils scientifiques au comptoir derrière lui.

David Joly est une des figures de proue de la recherche dans le secteur du cannabis au Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada

Le scientifique s’intéresse aussi aux maladies qui pourraient affecter les cultures. Il s’agit d’un enjeu plus préoccupant lorsque le cannabis est cultivé dehors.

« En milieu extérieur, le vent peut transporter toutes sortes de champignons ou de bactéries, donc c’est beaucoup plus facile d’avoir des problèmes de maladie. »

— Une citation de  David Joly, professeur de biologie à l'Université de Moncton

Pour le moment, les producteurs ont peu de soucis quant aux maladies parce que la culture en plein air est récente. Toutefois, plus elle gagnera en importance et en superficie, plus ils seront confrontés à ces problèmes.

Erika Naruzawa, dans un de ses laboratoires du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick.

Erika Naruzawa, du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, travaille en collaboration avec David Joly, de l'Université de Moncton, pour aider les producteurs extérieurs de cannabis.

Photo : Radio-Canada / Maude Montembeault

L’enjeu du rendement

Pour rivaliser avec la culture intérieure, l’objectif est d’atteindre un taux de THC d'au moins 20 %, le seuil recherché par les consommateurs intéressés par les effets euphorisants du cannabis.

Marc Leblanc s’est assuré de travailler avec une variété de plants qui avait prouvé sa capacité à traverser les saisons du Nouveau-Brunswick, ce qui lui a permis d’atteindre ses objectifs.

Erika Naruzawa, spécialisée en agronomie et foresterie, remarque que peu d’études existent dans le domaine pour établir si, comme le veut la croyance populaire, le rendement en THC est meilleur dans un environnement intérieur contrôlé qu’à l’extérieur.

On n’a pas beaucoup de données fiables, on a beaucoup de sciences grises, souligne-t-elle.

C’est ce qu’elle tentera d’élucider avec son équipe du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick. David Joly et elle travaillent de concert avec des producteurs de cannabis néo-brunswickois pour faire avancer leurs recherches.

Et d’ici la publication de leurs découvertes, les acheteurs pourront juger de la qualité du cannabis de Solargram farms. Le produit sera en vente sur les tablettes des magasins d’ici décembre.

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