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ArchivesLe Québec de Robert Bourassa

Robert Bourassa, conversant, assis dans un fauteuil.

Robert Bourassa, le plus jeune premier ministre que le Québec ait connu, a dirigé la province dans les années 70, 80 et 90.

Photo : Radio-Canada / Guy Dubois

Radio-Canada

Le 2 octobre 1996 disparaissait Robert Bourassa, premier ministre du Québec de 1970 à 1976, puis de 1985 à 1994. Au fil de discours et d'entrevues tirés de nos archives, revisitez sa pensée et sa vision pour le Québec.

Pragmatique, discipliné et rationnel, Robert Bourassa n’avait rien du politicien flamboyant.

Cela ne l'a pas empêché de diriger les destinées du Québec au cours de trois décennies, déclare le correspondant parlementaire Gilles Morin au moment de faire le bilan de ses quatre mandats comme premier ministre du Québec.

Montréal ce soir, 2 octobre 1996

Au bulletin de nouvelles Montréal ce soir du 2 octobre 1996, le journaliste revient sur les grands jalons de sa carrière politique.

Quelques mois à peine après son élection comme premier ministre du Québec, Robert Bourassa doit composer avec la crise d’Octobre de 1970.

Il instaure ensuite le programme québécois d'assurance maladie, puis lance le colossal projet hydro-électrique de la Baie-James.

On doit aussi au gouvernement de Robert Bourassa la création de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et la toute première loi faisant du français la langue officielle du Québec.

Tout comme la création d’emplois, la question constitutionnelle obsède le jeune homme dès son entrée en politique. Elle marquera tout particulièrement ses dernières années au pouvoir.

L’intellectuel qui brille en politique

Lorsqu’il est recruté par le Parti libéral du Québec (PLQ), Robert Bourassa enseigne les finances publiques aux universités de Montréal et Laval.

Le jeune avocat et économiste a terminé une maîtrise en sciences économiques et politiques à Oxford, en Angleterre, et une maîtrise en fiscalité et droit financier à l'Université Harvard.

D’abord élu comme député libéral de la circonscription de Mercier en 1966, il s'affirme rapidement comme critique économique du PLQ.

Nouvelles, 2 décembre 1968

La situation économique du Québec est loin d’être encourageante, déclare le critique de l’opposition dans cette entrevue enregistrée le 2 décembre 1968.

On doit accroître les investissements publics, affirme Robert Bourassa en citant des chiffres précis et en comparant la part du Québec à celle du reste du Canada.

Lorsqu’il y a un ralentissement économique qui s'annonce ou qui existe, je pense que c'est le rôle de l'État — et en particulier de l'État québécois — d'équilibrer ou de relancer l'économie en accroissant ses investissements publics.

Une citation de Robert Bourassa

Nouvelles, septembre 1969

Dans cet autre entretien tourné en septembre 1969, Robert Bourassa expose le déséquilibre entre les dépenses et les revenus du gouvernement provincial dirigé par l’Union nationale.

La réforme constitutionnelle constitue à ses yeux une priorité afin que les deux niveaux de gouvernement puissent agir efficacement.

Il faut un partage plus précis, plus clair entre le gouvernement central et le gouvernement du Québec, défend le critique économique des libéraux.

La question du conflit des générations est aussi à l’ordre du jour.

Le Parti libéral — je pense que c'est son devoir au cours des prochaines années — va faire tout ce qu'il peut pour que les générations mûres et les jeunes — les jeunes en particulier — s'intègrent davantage dans la société québécoise en fonction d'objectifs bien précis et bien déterminés.

Une citation de Robert Bourassa

Le plus jeune premier ministre de l’histoire du Québec

Pour le Parti libéral du Québec, Robert Bourassa représente cette jeunesse guidée par le progrès social, culturel et économique.

Quand Jean Lesage tire sa révérence, il est choisi pour diriger le parti, quatre ans seulement après avoir rejoint ses rangs.

Trois mois plus tard, aux élections provinciales de 1970, il porte le PLQ au pouvoir en récoltant deux fois plus de sièges que ses adversaires. Dans sa propre circonscription, il est élu avec une majorité de plus de 3000 voix.

À 36 ans, il devient le plus jeune premier ministre de l’histoire du Québec.

La soirée des élections, 29 avril 1970

Nous avions parié sur la maturité politique des Québécois, sur leur bon sens, sur leur jugement, en leur présentant un programme responsable et réfléchi, lance Robert Bourassa en introduction de son discours de victoire le soir du 29 avril 1970.

C'est extrêmement encourageant avec une telle approche, avec un nouveau style comme celui-là, que la population du Québec ait décidé de donner au Parti libéral ou même à un parti politique l'une de ses plus grandes victoires dans l'histoire du Québec.

Une citation de Robert Bourassa

Durant la campagne électorale, Robert Bourassa avait misé sur une promesse bien pragmatique : la création de 100 000 emplois.

La fierté du Québec, c'est d'abord et avant tout de permettre à nos travailleurs québécois de travailler au Québec et pour le Québec, déclare le chef du PLQ.  C'était notre priorité, ça sera notre priorité. 

Nouvelles, 26 septembre 1970

Au cours de son premier mandat, le premier ministre Robert Bourassa insiste déjà sur le caractère distinct du Québec.

Sur le plan culturel, le Québec est distinct de l'ensemble de l'Amérique du Nord.

Une citation de Robert Bourassa

On ne peut pas dissocier l'égalité culturelle de la croissance économique, affirme-t-il dans ce discours du 26 septembre 1970.

Au niveau fédéral, le premier ministre du Québec peine à faire entendre sa position. Au provincial cependant, la relance économique promise est bien au rendez-vous avec  le projet du siècle .

Nouvelles, 1er octobre 1973

Assurance maladie, assistance médicaments, aide juridique, protection du consommateur, allocations familiales, Robert Bourassa énumère plusieurs mesures à caractère social adoptées par son gouvernement dans ce discours du 1er octobre 1973.

Devant ses commettants du comté de Mercier, il lance des élections générales anticipées qui le porteront au pouvoir pour un second mandat.

Le 29 octobre 1973, le Parti libéral du Québec remporte 102 des 110 sièges à l’Assemblée nationale avec 55 % des suffrages.

Trois ans plus tard, sa défaite sera d’autant plus cuisante.

L’exil du mal-aimé

Est-ce l’usure du pouvoir? La montée nationaliste? L’impasse sur la question constitutionnelle? Ou encore la loi 22 qui balise la langue d’enseignement et choque les anglophones du Québec?

Le 15 novembre 1976, le gouvernement libéral de Robert Bourassa est défait par le Parti Québécois (PQ). Le PLQ ne fait élire que 26 députés.

Robert Bourassa perd lui-même sa circonscription de Mercier aux mains du poète Gérald Godin, qui se présente pour le PQ.

Le chef du Parti libéral se place alors en réserve, puis quitte le Québec.

Nouvelles, juillet 1978

Dix-huit mois après les élections du 15 novembre 1976, le journaliste Paul-André Comeau retrouve l’ancien chef d’État en exil volontaire à l’Université libre de Bruxelles.

Robert Bourassa y travaille comme chercheur pour l'Institut d'études européennes.

Ça aurait peut-être été moins exigeant pour moi de rester au Québec et de faire le partage des bons coups et des mauvais coups de nos successeurs, explique-t-il au journaliste, mais j'ai pensé que je serais plus utile à la population du Québec en travaillant sur des problèmes particulièrement pertinents ces années-ci pour l'avenir du Québec et pour l'avenir du Canada.

À Bruxelles, le professeur approfondit les questions du marché commun, de l’union monétaire, des relations culturelles et du fédéralisme en Europe.

Il était plus opportun comme Québécois de travailler sur des questions essentielles à notre avenir.

Une citation de Robert Bourassa

Robert Bourassa n'a pas oublié le Québec et ses problèmes fondamentaux, souligne le journaliste Paul-André Comeau, mais il mène sa nouvelle vie dans un relatif anonymat.

Il n'est pas question de rentrer dans le secteur de la politique active, déclare l’ancien premier ministre du Québec, qui entend se consacrer à des activités de nature intellectuelle et pratique en dehors du gouvernement et en dehors du Parlement.

Le professeur donne également des cours dans des universités américaines, notamment à Washington (Johns Hopkins) et à New Haven (Yale).

Une occasion de discuter avec des hauts fonctionnaires américains des relations économiques entre le Québec, le Canada et les États-Unis, glisse-t-il au cours de l’entrevue.

Contrechamp, 10 janvier 1979

Nous commencerons cet après-midi par la comparaison entre l'union économique canadienne et l'union économique européenne.

Une citation de Robert Bourassa

Un an plus tard, Robert Bourassa est de retour au Québec, cette fois en tant que professeur au Département de science politique de l’Université Laval.

Le journaliste François Blain assiste à son premier cours magistral pour l’émission Contrechamp du 1er octobre 1979.

Devant un auditorium comble, le professeur expose sa thèse sur l’intégration économique menant à une union monétaire et à un certain fédéralisme.

Vous ennuyez-vous de la politique? lui demande le journaliste dans l’entretien qui suit.

En politique, quand vous avez trop d'action, vous voulez la paix. Puis quand vous avez la paix, vous manquez d'action, déclare Robert Bourassa en citant François Mitterrand.

Le contact avec le milieu universitaire, dynamique et ouvert, pourrait être un compromis, croit le nouveau professeur de l’Université Laval.

En ce début de session, plusieurs sont venus voir ce que l'ancien premier ministre avait à dire sur tel ou tel sujet. Il lui faudra par la suite trouver un équilibre entre problèmes d'actualité et questions de fond, admet-il.

La première impression des étudiants rencontrés à la sortie du cours est quant à elle sans équivoque : Robert Bourassa tente de faire passer son message libéral.

Dans un studio de télévision, Pierre Bourgault et Robert Bourassa discutent, assis à la même table.

Robert Bourassa sur le plateau de l'émission « La réponse » avec Pierre Bourgault lors de la soirée référendaire du 20 mai 1980

Photo : Radio-Canada / Jean-Pierre Karsenty

En 1980, le référendum sur la souveraineté du Québec est l’occasion pour Robert Bourassa d’amorcer un retour en politique. À titre d’orateur invité du camp du non, il participe à de nombreux duels et débats.

Au moment de la démission de Claude Ryan comme chef du Parti libéral, en 1982, deux jeunes députés libéraux se lancent dans la course à la direction du parti : Pierre Paradis et Daniel Johnson.

Au congrès libéral d’octobre 1983, c’est toutefois Robert Bourassa qui l’emporte dès le premier tour avec 75 % des voix.

Un retour triomphal en politique

Quelle grande victoire pour le Québec, le Canada et le changement!

Une citation de Robert Bourassa

Le 2 décembre 1985, le Parti libéral du Québec remporte les élections provinciales avec une éclatante majorité.

Dans son discours de victoire, Robert Bourassa remercie les électeurs de lui avoir fait confiance pour une troisième fois, tout en mentionnant avec humour  un incident qu'on pourra corriger dans quelques semaines 

Il n’a pas été élu comme député dans son comté de Bertrand!

Élections 1985, 2 décembre 1985

Si j'ai décidé de revenir en politique et de me battre comme je l’ai fait, c'est parce que j'ai une foi profonde dans l'avenir du Québec, dans la force du Québec, déclare Robert Bourassa devant ses partisans réunis au Centre Pierre-Charbonneau. J'ai une foi profonde dans ma détermination de rétablir l'équilibre entre nos richesses et nos besoins.

Cette détermination, je vais la consacrer maintenant à servir le Québec jusqu'au bout de mes forces.

Une citation de Robert Bourassa

Le chef du PLQ rappelle les priorités de son parti : le développement économique, le progrès social et l’affirmation culturelle.

 Nous allons nous adapter à notre temps , s'engage-t-il, en promettant de permettre à la société québécoise de retrouver sa force économique et de reprendre confiance en l'avenir.

Nous croyons dans l'avenir du Québec au sein du Canada et nous y croyons en toute circonstance, souligne Robert Bourassa dans son discours.

Avec son élection à la tête d’un gouvernement libéral s’entame effectivement un long processus pour réintégrer le Québec dans la Constitution canadienne.

Leadership libéral, 22 juin 1990

Les deux derniers mandats du premier ministre Robert Bourassa — facilement réélu en 1989 — seront profondément marqués par l’accord du lac Meech.

Robert Bourassa joue un rôle essentiel dans cette entente entre les gouvernements fédéral et provinciaux pour modifier la Constitution et y réintégrer le Québec.

Mais l’accord du lac Meech se transforme en échec le 23 juin 1990, faute d’un accord unanime entre les dix provinces qui forment le pays.

À la veille de la fête nationale du Québec, Robert Bourassa fait une déclaration mémorable à l’Assemblée nationale.

Monsieur le président, le Canada anglais doit comprendre d'une façon très claire que, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, le Québec est, aujourd'hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement.

Une citation de Robert Bourassa

Dans ce discours que nous vous présentons dans sa version intégrale, il rappelle que le Québec a accepté trois fois de réintégrer la famille canadienne pour se voir fermer chaque fois la porte sur le nez.

Au nom de tous les Québécois, je veux exprimer ma plus profonde déception, déclare-t-il, ovationné par ses collègues.

Robert Bourassa dans un studio de radio.

Robert Bourassa, invité à l'émission « Les affaires et la vie » en janvier 1992

Photo : Radio-Canada / Jean Bernier

Après l’échec de l’accord du lac Meech, le gouvernement de Robert Bourassa met sur pied une commission d’étude (Bélanger-Campeau) sur l'avenir politique et constitutionnel du Québec.

Au fédéral, le gouvernement de Brian Mulroney travaille à l’accord de Charlottetown.

Durant cette période, Robert Bourassa doit s’absenter afin de recevoir des traitements pour soigner un cancer.

Il devra encaisser en 1992 l’échec de ce second accord, rejeté tant par les Canadiens que par les Québécois dans le cadre de deux référendums.

L’année suivante, Robert Bourassa démissionne de son poste de premier ministre du Québec et de chef du PLQ pour des raisons de santé.

Il s’éteint à l’âge de 63 ans, le 2 octobre 1996, dans un hôpital de Montréal.  Le Québec vous aime!  lui aurait dit le médecin à son chevet peu avant sa mort.

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