Profilage racial : le Service de police de Québec sous la loupe

Depuis son inauguration en août, la fresque peinte sur un mur de la rue Saint-Réal et dédiée au mouvement Black Lives Matter a été vandalisée à trois reprises.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La section de Québec de la Ligue des droits et libertés braque les projecteurs sur le profilage racial prétendument exercé par la police de la Capitale-Nationale. Pour le quantifier et le caractériser, elle espère recueillir des témoignages.
La ligue ne s’engage pas seule dans ce processus. Elle le mène en partenariat avec l’Observatoire des profilages et différents établissements universitaires, parmi lesquels l’UDM, l’UQAM ou encore l’Université d’Ottawa.
On a lancé, il y a deux semaines environ, un appel pour recueillir des témoignages de gens racisés ou de couleur qui ont été interpellés au volant, sur la route
, indique Maxim Fortin, le coordonnateur de la Ligue des droits et libertés pour la section de Québec.

Maxim Fortin, de la Ligue des droits et libertés, espère que l'étude menée actuellement sur le profilage racial à Québec fera bouger les choses.
Photo : Radio-Canada
Prochainement, les personnes victimes présumées de profilage racial dans un lieu ou un espace public seront invitées à livrer leur expérience. Pour participer, les gens peuvent contacter la ligue directement, par courriel ou par téléphone. On pourra ensuite les rediriger vers les chercheurs attitrés
, explique Maxim Fortin.
Dialogue de sourds
Celui-ci assure que cette étude est nécessaire pour mettre fin au dialogue de sourds qu’il y a entre la communauté et la Ville
.
Ça fait plus de 20 ans, à Québec, que des gens prétendent qu’il y a du profilage racial et qu’ils en subissent. Et de l’autre côté, on a la Ville et le SPVQ qui disent que ça n’existe pas, que ce n’est pas un problème, etc.
En mai 2020, dans la foulée du mouvement Black Lives Matter, qui a émergé après l’assassinat de George Floyd, à Minneapolis, aux États-Unis, la Municipalité de Québec s’est intéressée à la question du profilage racial supposé dans les rangs de son service de police.
Au départ, on a salué ça, mais depuis, la Ville fait pas mal du sur place
, commente Maxim Fortin.
La stratégie municipale ne convainc pas
En mai dernier, la mairie a dévoilé sa stratégie en matière de diversité, d’équité et d’inclusion. Parmi les mesures annoncées figure la volonté d’augmenter le nombre de personnes issues des minorités au sein du service policier de Québec.
Intégrer des personnes noires ou racisées dans la police, c’est bien. Mais ça répond à la question de la sous-représentation de ces personnes, pas à celle du profilage racial. Parce que même les policiers noirs peuvent profiler
, rétorque Mbaï-Hadji Mbaïrewaye.

Mbaï-Hadji Mbaïrewaye affirme que la lutte contre le racisme est l'affaire de tous.
Photo : Radio-Canada
Une lutte pour la dignité humaine
Le collectif dont fait partie Mbaï-Hadji Mbaïrewaye compte sur les élections municipales du 7 novembre pour sensibiliser l’opinion et mettre la pression sur les candidats quant à la façon dont les Québécois de couleur et racisés sont traités par les forces de l’ordre.
La version originale de ce texte a été modifiée par souci d'exactitude.
Nous voulons que le futur maire reconnaisse le profilage racial policier et qu’il s’engage à lutter contre. Cela affecte les citoyens de Québec, car nous sommes des citoyens de la Ville de Québec comme n’importe quels autres
, déclare Mbaï-Hadji Mbaïrewaye, lui-même candidat dans Saint-Roch-Saint-Sauveur pour Démocratie Québec.
Ce n’est pas seulement une lutte pour les personnes noires et racisées. C’est une lutte pour la dignité humaine. Donc, ça inclut tout le monde.
Vandalisme
Par ailleurs, Mbaï-Hadji Mbaïrewaye est membre du collectif qui est à l’origine des deux œuvres d’art de rue dédiées au mouvement Black Lives Matter et inaugurées cet été dans les quartiers Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste.
La murale inaugurée dans le quartier Saint-Jean-Baptiste a depuis été vandalisée à deux reprises. Le Service de police de la Ville de Québec affirme prendre ces événements très au sérieux. Une surveillance policière accrue du secteur a été demandée dès le premier incident à la mi-août, souligne le porte-parole du SPVQ, David Poitras.
Ces deux méfaits sont traités comme étant des crimes à caractère haineux. Ce sont donc des enquêteurs spécialisés dans le domaine qui tentent d’identifier le ou les suspects.
Le SPVQ a aussi l'intention de donner davantage de détails plus tard cette semaine quant aux efforts déployés pour diversifier ses effectifs.
Pour sa part, Maxim Fortin se veut optimiste pour l'avenir. Il y a une nécessité de documenter et d’analyser la situation. Le simple fait de mettre la situation en lumière va avoir des effets bénéfiques. Si on arrive à brandir des chiffres, ça va faire bouger les choses.
D'après les informations de Kassandra Nadeau-Lamarche