Meng Wanzhou est libérée

Meng Wanzhou parle aux médias après sa libération.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
Meng Wanzhou pourrait avoir quitté le Canada vendredi vers 16 h (heure du Pacifique). Un avion Air China affrété par Beijing Airlines a décollé de l’aéroport international de Vancouver à destination de Shenzhen, en Chine, où se situe le quartier général de Huawei. Le vol devrait durer plus de treize heures et arriver à destination à 9 h 15, heure du Pacifique, samedi.
Meng Wanzhou était en résidence surveillée depuis son arrestation à Vancouver en 2018. Elle est libre de quitter le Canada, à la suite d’une décision de la Cour suprême de la Colombie-Britannique vendredi.
La Cour a avalisé une entente conclue entre la directrice financière de Huawei et le Département de la Justice aux États-Unis permettant sa libération conditionnelle en vertu d’un accord de suspension des poursuites.
La juge Heather Holmes a signé la décharge de Meng Wanzhou, suivant la demande des procureurs de la Couronne de retirer la requête d’extradition. Mme Meng est libérée
, a annoncé la juge.
À sa sortie de cour, Meng Wanzhou à remercié la juge Holmes, ses avocats, et même le gouvernement canadien, pour avoir respecté l’état de droit
. Je suis également reconnaissante envers le peuple canadien et les médias pour leur tolérance
, a-t-elle dit.
Au cours des trois dernières années, ma vie a été chamboulée. Cela a été un moment bouleversant pour moi en tant que mère, épouse et dirigeante d’entreprise, mais chaque malheur a son côté positif. Comme le veut l’expression, le plus grand le défi, le plus grand l’apprentissage.
Plus tôt dans la journée, lors d’une comparution virtuelle depuis Vancouver devant la cour de district de New York, Meng Wanzhou a d'abord plaidé non coupable à des accusations de fraude.
L'avocat du procureur général des États-Unis a pour sa part présenté un accord de suspension des poursuites dans lequel Meng Wanzhou admet avoir sciemment menti à des membres de la Banque HSBC.
Accord conclu
Le gouvernement américain suspendra les poursuites pendant ce qui équivaut à une période de probation pour Meng Wanzhou, qui s’étend de son arrestation à Vancouver en décembre 2018 jusqu’en décembre 2022.
Si Meng Wanzhou se conforme aux exigences établies dans l’accord, les accusations de fraude portées contre elle seront retirées à la fin de cette période. Si elle ne s’y conforme pas, elle pourra toujours être poursuivie.
L'accord de suspension des poursuites est toutefois assorti de conditions. La défenderesse et ses avocats ne peuvent pas, notamment, faire de commentaires qui contredisent l'exposé conjoint des faits qui fait partie de l'accord.
Meng Wanzhou, qui comparaissait virtuellement depuis Vancouver, a affirmé à la cour qu’elle acceptait l'accord de manière volontaire et en toute connaissance de cause. Affirmer ou suggérer le contraire mettrait d’ailleurs un terme à l’accord, selon les règles de l’entente.
Meng admet avoir menti à une banque
La poursuite suspendue accuse Meng Wanzhou d'avoir faussement laissé croire à la Banque HSBC qu’il n’y avait aucun risque à continuer à faire des affaires avec Huawei malgré les sanctions économiques imposées par Washington contre l'Iran.
Dans l'exposé conjoint des faits qui est au cœur de l'entente, Meng Wanzhou reconnaît avoir sciemment donné de fausses informations à propos des liens unissant Huawei et sa filiale Skycom, qui faisait affaire en Iran, lors d’une présentation faite en août 2013 à des employés de la Banque HSBC.
La dirigeante a notamment présenté la société Skycom comme étant un partenaire
de Huawei, un partenaire d’affaires
de Huawei ou encore un tiers parti avec lequel fait affaire Huawei
, alors qu’elle savait que Skycom était en réalité contrôlé par Huawei et que toutes les décisions d’affaires de Skycom étaient prises par Huawei
.
Meng Wanzhou prend ainsi responsabilité pour son rôle principal dans un plan pour frauder une institution financière mondiale
, écrit le Département de la Justice des États-Unis dans un communiqué.
En Chine, le fait que Mme Meng ait reconnu les faits a été effacé d'Internet, selon l'AFP.
L'agence de presse d'État Xinhua a déclaré qu'elle rentrait en Chine grâce aux efforts incessants du gouvernement chinois
et le rédacteur en chef du journal d'État Global Times l'a déclarée libérée après avoir plaidé non coupable
.
Huawei a déclaré samedi dans un communiqué qu'il continuerait à se défendre
contre les allégations de la justice américaine selon lesquelles il aurait contourné les sanctions contre l'Iran.
Les deux Michael en route vers le Canada
En début de soirée vendredi, le premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé que Michael Kovrig et Michael Spavor étaient en route vers le Canada. Les deux hommes étaient détenus en Chine depuis leur arrestation en 2018.
L’arrestation, en décembre 2018, de la directrice financière de Huawei, à la demande des États-Unis, a soulevé la colère de Pékin et ébranlé les relations entre le Canada et la Chine.
Michael Spavor et Michael Kovrig ont souffert pour le bien du Canada
et leur traumatisme et celui de leur famille ne peuvent être minimisés, selon lui.