« C’est assez » : Québec dote les policiers des moyens de combattre le trafic d’armes

La ministre québécoise de la Sécurité publique Geneviève Guilbault.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le gouvernement Legault investit 90 millions de dollars dans sa nouvelle Stratégie québécoise de lutte contre la violence liée aux armes à feu, de l'argent d'abord et avant tout dédié aux corps policiers de la province.
La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, en a fait l’annonce vendredi matin, accompagnée de sa collègue responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, et d’un cortège de directeurs de corps policiers.
On envoie tous ensemble un même message d’une voix très forte. La violence liée aux armes à feu, la violence qui perturbe et inquiète nos citoyens et nos familles ici à Montréal et partout ailleurs au Québec : c’est assez
, a déclaré Mme Guilbault en amorçant son point de presse.

Conférence de presse de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, annonçant la création de l'escouade Centaure pour lutter contre la prolifération des armes à feu.
Photo : Radio-Canada / Charles Contant
Cette stratégie sera mise en place à travers l’opération CENTAURE, un acronyme qui signifie « Coordination des efforts nationaux sur le trafic d’armes, unis dans la répression et les enquêtes ».
Je m’adresse aux criminels qui terrorisent nos citoyens. Où que vous soyez et qui que vous soyez, vous allez trouver nos policiers sur votre chemin.
Pour décrire cette stratégie, la ministre Guilbault n’est pas passée par quatre chemins. Québec veut plus de policiers sur le terrain et dans les groupes d’enquête afin de dissuader les groupes criminels d’avoir recours aux armes à feu pour régler leurs conflits, et pour arrêter ceux qui choisissent tout de même de le faire.
Ce nouveau financement permettra à la Sûreté du Québec et à ses partenaires d’assurer une pression supplémentaire sur le crime organisé
, a résumé la directrice générale par intérim de la SQ, Johanne Beausoleil
La majorité des sommes promises, soit près de 75 des 90 millions, serviront donc à l’embauche et à la réaffectation de personnel. Québec promet la création de 107 postes, dont l’embauche de 87 policiers dédiés à la lutte contre la violence armée. Ces effectifs relèveront directement de la SQ.
Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) obtient quant à lui la somme de 911 000 dollars, qui servira à la formation du personnel et à l’achat de nouvel équipement
, selon son directeur Sylvain Caron.
Ça suffit. Montréal est une ville sécuritaire et elle va le rester.
Partage de renseignement et travail d’équipe
L’opération CENTAURE mobilisera 20 corps de police du Québec, y compris ceux des communautés autochtones.
Selon Sylvain Caron, directeur du SPVM, il s’agit d’une importante mobilisation
pour contrer la violence par armes à feu. Le rassemblement de plusieurs corps de police […] démontre bien la portée de cet enjeu de criminalité que s’étend bien au-delà des enjeux du territoire montréalais
, a-t-il ajouté.
Québec souhaite ainsi en faire plus pour contrer la contrebande des armes. Les corps policiers sont donc appelés à collaborer avec leurs vis-à-vis de chaque côté des frontières de la province.
En plus de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), le gouvernement du Québec a conclu des ententes avec plusieurs partenaires policiers, dont le département de la Sécurité intérieure des États-Unis.
Au cours des dernières années, le ministère québécois de la Sécurité publique faisait appel à ses homologues américains de façon ponctuelle pour certains dossiers, mais ce partenariat est appelé à être plus étendu.
La Police provinciale de l’Ontario (PPO) et les policiers des communautés autochtones de Kahnawake et d'Akwesasne augmenteront aussi leur collaboration pour rendre les frontières plus étanches au trafic d’armes à feu.
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Pas d’argent pour la prévention… pour l’instant
La prévention de la criminalité fait aussi partie de la stratégie présentée vendredi.
Québec entend faire appel aux différents groupes communautaires sur le terrain. Cependant, aucune nouvelle somme n’est promise pour les aider dans leur tâche.
La ministre s'est défendue de laisser les intervenants sociaux à eux-mêmes.
Des jeunes qui se retrouvent avec des fusils dans les mains à 14 ans, […] à la base, c’est une question d’égalité des chances
, a-t-elle dit. Il faut offrir à nos jeunes des projets de vie constructifs
.
On veut que chacun des citoyens se sente en sécurité et n’ait pas peur d’aller jouer au parc avec ses enfants.
Elle a promis que des investissements pour la prévention viendront et a affirmé que le plan présenté vendredi fait partie d'une solution à court terme
et qu’un plan à moyen et long terme
suivra prochainement
.
Mais dans l’immédiat, on a besoin de frapper un grand coup et de rassurer les citoyens qui sont stressés chez eux, et c’est exactement ce qu’on a annoncé aujourd’hui
, a dit Geneviève Guilbault, plus tard, en entrevue à Isabelle Richer.
Plante et Coderre se réjouissent
Les deux principaux candidats à la mairie de Montréal ont bien reçu l'annonce de Québec.
La mairesse sortante Valérie Plante a salué l’ajout de nouvelles ressources pour combattre la prolifération des armes à feu.
Je suis heureuse que le message comme quoi ça ne peut pas être juste les villes qui gèrent les armes à feu ait porté fruit
, a dit la cheffe de Projet Montréal. Je vois ça d’un très, très bon œil, que le gouvernement du Québec décide d’investir pour protéger entre autres les frontières, parce qu’on n’y arrivera pas tous seuls.
Le fait que tous les corps policiers, dont ceux dans les [communautés] autochtones, travaillent ensemble, pour moi, c’est une très bonne nouvelle. Il faut avoir un message qui est clair, et un message qui est le même : les armes, on n’en veut pas. On n’en veut pas à Montréal, on n’en veut pas dans les autres villes du Québec.
Le leader d’Ensemble Montréal, Denis Coderre, a réagi pour sa part par voie de communiqué. Il a dit se réjouir de l’annonce du gouvernement du Québec pour enrayer la violence par armes à feu
.
Il en a aussi profité pour envoyer une flèche à son opposante politique : Ce que je remarque, c’est qu’encore une fois, la Ville n’assume aucunement son leadership en matière de lutte contre la violence. Cette stratégie nationale démontre l’urgence d’agir pendant que la mairesse Plante se met la tête dans le sable.
Avec des informations de Véronique Prince