L’administration Biden va accélérer l’expulsion de 15 000 migrants à Del Rio
L'administration Biden veut accélérer l'expulsion de près de 15 000 migrants qui ont franchi la frontière du Mexique pour se retrouver dans la ville de Del Rio, au Texas.
Photo : AP / Eric Gay
Sous le feu des critiques des républicains et d'appels de démocrates à agir, le gouvernement américain de Joe Biden a annoncé samedi qu'il allait accélérer le rythme des expulsions par avion de près de 15 000 migrants, surtout des Haïtiens, regroupés depuis plusieurs jours sous un pont au Texas.
Ces migrants sont arrivés depuis le Mexique à Del Rio, au Texas, en traversant le fleuve Rio Grande.
De moins de 2000 en début de semaine, ils étaient plus de 14 800 samedi, selon les chiffres du maire de cette ville frontalière, Bruno Lozano.
Les images spectaculaires de ces migrants massés sous un pont, dans la chaleur, en attendant que les autorités passent leurs cas en revue ont poussé ces derniers jours l'opposition républicaine, mais aussi des voix démocrates à exhorter Joe Biden à régler sans attendre la situation.
Le président américain est resté jusqu'ici silencieux, mais samedi, son ministère de la Sécurité intérieure a annoncé une nouvelle stratégie complète pour répondre
à ces arrivées massives.
Une nouvelle crise humanitaire se profile à la frontière sud des États-Unis. Plus de 10 000 migrants, majoritairement des Haïtiens, sont entassés sous un pont à Del Rio au Texas. Les autorités locales accusent le président Biden de ne pas prendre la situation au sérieux alors que Washington compte accélérer d'ici trois jours le rythme des expulsions par avion de migrants clandestins. Un reportage de Jean-Philippe Hughes
Elle implique notamment d'accélérer le rythme et augmenter la capacité des vols d'expulsions vers Haïti et d'autres destinations
dans les prochaines 72 heures.
Les ressortissants de ce pays pauvre et instable forment toujours une minorité des arrivées aux États-Unis, mais leur nombre augmente depuis plusieurs mois.
De nombreux Haïtiens fuient leur pays
Aux troubles politiques et à l'insécurité qui agitaient déjà Haïti s'est ajouté en août un séisme meurtrier qui a ravagé le sud-ouest du pays, tuant plus de 2200 habitants.
En 2010 déjà, après un tremblement de terre qui avait fait plus de 200 000 morts, de nombreux Haïtiens avaient quitté leur pays et s'étaient installés en Amérique latine. Mais il est devenu compliqué de trouver du travail et de renouveler un permis de séjour pour des milliers d'entre eux, qui ont mis le cap vers le nord.
Face à l'afflux de migrants, le maire démocrate de Del Rio a décrété un état d'urgence et fermé vendredi le pont à la circulation.
Aujourd'hui, il y a eu un changement important de stratégie
, a-t-il salué devant les médias samedi. La région de Del Rio reçoit beaucoup plus de moyens.
Nous allons voir encore plus de bus arriver ici
pour emmener les migrants vers d'autres centres de gardes-frontières, où leurs dossiers pourront être examinés, ainsi que des avions prévus pour les expulsions, a poursuivi le maire.
À lire aussi :
La police des frontières envoie des renforts
La police américaine des frontières, la CBP, a envoyé 400 agents supplémentaires afin d'améliorer la surveillance de la zone
, selon le ministère de la Sécurité intérieure.
Ce dernier a souligné dans un communiqué qu'il menait déjà, avant samedi, des expulsions ainsi que des vols vers Haïti, le Mexique, l'Équateur et les pays du triangle nord
, Honduras, Salvador et Guatemala.
L'administration Biden a rappelé que nos frontières ne sont pas ouvertes et que personne ne devrait faire ce dangereux voyage
, a ajouté le ministère, comme en réponse aux critiques des républicains qui accusent le président démocrate d'avoir provoqué une crise migratoire
en assouplissant les mesures de son prédécesseur Donald Trump.
Le sénateur Ted Cruz, qui représente le Texas à Washington, a encore tonné sur Twitter samedi après s'être rendu à Del Rio en fin de semaine : Personne étant témoin de ce qu'il se passe réellement ne peut penser que les politiques inhumaines de Biden ont un sens.
Un membre de la Garde nationale surveille la clôture près de la frontière du Mexique à Del Rio, au Texas, où des milliers de migrants, dont beaucoup d'Haïtiens, ont trouvé refuge.
Photo : AP / Eric Gay
Les gardes-frontières ont distribué de l'eau potable, des serviettes et des toilettes portatives aux migrants.
La grande majorité des migrants continue à être expulsée
immédiatement en vertu d'une règle sanitaire adoptée au début de la pandémie pour limiter la propagation du virus, a précisé la Sécurité intérieure.
Flux migratoires historiques
Un juge fédéral a toutefois ordonné jeudi au gouvernement de ne plus refouler les familles dans ce cadre, ce qui pourrait compliquer la tâche des autorités, déjà aux prises avec des flux migratoires historiques à la frontière avec le Mexique. Vendredi, le gouvernement a fait appel de cette décision.
Parmi les autres migrants, ceux qui n'ont pas de raisons légales pour rester
sont soumis au régime ordinaire des expulsions, précise le communiqué.
Plus de 1,3 million de migrants ont été interpellés à la frontière avec le Mexique depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche en janvier, un niveau inédit depuis 20 ans.
