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La Vérif : la pauvreté chez les aînés a-t-elle diminué sous les libéraux?

Justin Trudeau salue une femme âgée du coude dans un jardin.

Justin Trudeau salue une femme qui jardine lors d'un arrêt de campagne à Québec.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Justin Trudeau s’est targué pendant la campagne électorale d’avoir « sorti des dizaines de milliers, des centaines de milliers d’aînés de la pauvreté au fil des dernières années ». Selon ses dires, leur taux de pauvreté a même diminué de 20 % depuis le début du premier mandat libéral, en 2015. Vérification faite : c’est vrai, mais quelques précisions s’imposent.

Statistique Canada indique que le taux de pauvreté chez les aînés est passé de 7 % en 2015 à 5,4 % en 2019, ce qui représente ainsi une diminution de 1,6 point de pourcentage ou de près du quart.

Parmi les 6,6 millions de personnes âgées de 65 ans et plus en 2019, 349 000 se retrouvaient sous le seuil de pauvreté. Nous aurions comptabilisé 110 000 aînés de plus dans cette situation de précarité si le taux de pauvreté de 2015 s'était maintenu. Loin des centaines de milliers...

Les causes de la réduction du taux de pauvreté demeurent à ce jour difficiles à circonscrire et ne peuvent être entièrement attribuables au soutien gouvernemental. Ça peut être simplement un effet de structure, soutient le démographe Yves Carrière, de l’Université de Montréal.

Plusieurs imposantes cohortes de baby-boomers, généralement plus fortunés, ont franchi la barre des 65 ans dans les dernières années, ce qui peut engendrer une dilution des moins nantis dans ce groupe d’âge.

L’évolution du marché du travail peut aussi expliquer en partie le changement. Le taux d’activité, qui représente l’ensemble des travailleurs et chômeurs, a en effet bondi de 3 points de pourcentage chez les 65 à 69 ans de 2015 à 2019, pour s’établir à 28,2 %.

Le taux de pauvreté devrait [dans ce contexte] diminuer, dit-il, et c’est encore plus vrai dans les prochaines années. Le nombre de naissances de 1957 à 1962 a été le plus important du siècle dernier au Canada.

« Quand il y a des cohortes extrêmement nombreuses qui arrivent à l'âge de 65 ans, elles influencent les caractéristiques des 65 ans et plus. »

— Une citation de  Yves Carrière, démographe, Université de Montréal

Les seuils de faible revenu auxquels a recours Statistique Canada constituent l’une des mesures les plus fiables, bien qu’imparfaites, de la pauvreté. Ils sont établis en fonction de seuils en deçà duquel une famille est susceptible de consacrer une part plus importante de son revenu à l’alimentation, au logement et à l’habillement qu’une famille moyenne.

Bonification du SRG en 2016

Le directeur général de l’Institut sur la retraite et l’épargne de HEC Montréal, David Boisclair, ajoute que différentes mesures mises en place par le gouvernement libéral peuvent avoir eu un effet favorable chez les personnes se trouvant autour des seuils de faible revenu. Il apparaît vraisemblable que les bonifications aient joué un rôle.

En 2016, Ottawa augmentait par exemple de 10 % le Supplément de revenu garanti (SRG), l’équivalent de 947 $ par année, pour les aînés à faible revenu vivant seuls. Environ 900 000 personnes en bénéficieraient.

Dans la dernière année, le gouvernement sortant a bonifié ses programmes. Dans la semaine du 16 août, tout juste après le déclenchement des élections, les 75 ans et plus recevaient un chèque de 500 $.

À compter de juillet 2022, ce même groupe d’âge obtiendra également une augmentation permanente de 10 % de la Sécurité de la vieillesse, soit potentiellement 766 $ supplémentaires la première année.

Ces deux mesures représentent, d’après le dernier budget fédéral, une facture de 12 milliards de dollars sur cinq ans, suivie d’un coût récurrent de 3 milliards par année.

La plateforme électorale libérale prévoit une augmentation du SRG, à compter de 65 ans, de 500 $ pour les aînés vivant seuls et de 750 $ pour les couples. Un crédit d’impôt pouvant atteindre 1650 $ est en outre prévu pour les 65 ans et plus qui souhaitent prolonger leur carrière.

Dans leurs plateformes électorales respectives, le Parti conservateur et le Nouveau Parti démocratique ne prévoient rien de spécifique pour les 65 à 74 ans, quoique des engagements peuvent inclure ce groupe d’âge.

Le Bloc québécois dit rejeter toute tentative de créer deux classes d’aînés en les discriminant selon leur âge et propose une augmentation de la pension de la Sécurité de la vieillesse pour les 65 ans et plus de 110 $ par mois, indexée au coût de la vie.

Tout au long de la campagne électorale, les principaux partis ont tous promis un meilleur soutien financier aux personnes âgées. Les troupes libérales affirment pour leur part que leur gouvernement a réduit significativement la pauvreté chez les aînés. Reportage d'Olivier Bachand.

La pauvreté des aînés par rapport aux autres pays du G7

Parmi les pays du G7 où les aînés (66 ans et plus) sont les moins pauvres, le Canada se classe au troisième rang après la France et l’Allemagne, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les États-Unis ferment la marche.

Cependant, les aînés canadiens sous le seuil de pauvreté sont généralement mieux nantis que dans les autres pays du même groupe.

Avec la collaboration de Nathalie Lemieux

Consultez notre dossier sur les élections fédérales 2021.

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