L’incinérateur de Québec répond (enfin) aux normes, mais divise toujours

Au cours des dernières années, la Ville de Québec a investi 42,5 millions de dollars dans la mise à niveau de son incinérateur (archives).
Photo : Radio-Canada / Raymond Routhier
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Après avoir subi des travaux de mise à niveau de plus de 40 millions de dollars, l’incinérateur de Québec répond désormais aux normes environnementales. Si le maire sortant, Régis Labeaume, y voit un outil permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par l’enfouissement des déchets, la présence d’une telle infrastructure en plein quartier résidentiel continue de soulever des craintes par rapport à la qualité de l’air et à la santé des riverains.
La Ville de Québec a dévoilé mercredi les résultats de la dernière campagne d'échantillonnage, réalisée en juin par la firme indépendante Consulair. Ils révèlent que les émissions des fours 1, 2 et 3 de l’incinérateur sont inférieures aux normes gouvernementales. Le four 4 était en réparation lorsque les mesures ont été prises, mais les résultats de la campagne en cours permettent de confirmer qu’il est conforme, assure la Municipalité.
En persévérant pour améliorer le fonctionnement de l'incinérateur, nous avons mis un terme aux dépassements occasionnels des normes environnementales pour les émissions atmosphériques ces dernières années. Ce sont les meilleurs résultats de l'histoire de l'incinérateur
, se réjouit le maire de Québec, Régis Labeaume.
Les travaux effectués à l’incinérateur au cours des dernières années incluent la métallisation d’une portion des fours, l’installation de brûleurs au gaz naturel et l’ajout d’unités individuelles d’addition de charbon activé.
10 fois moins de GES
Selon la Municipalité, ces améliorations ont permis de rendre l’incinérateur plus efficace et plus rentable
grâce à un gain de productivité de 3150 heures ainsi qu’à une diminution de 35 arrêts et départs depuis 2015.
En jumelant les améliorations apportées à l’incinérateur aux projets de biométhanisation des résidus alimentaires et à la valorisation de la vapeur à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, la Ville de Québec estime qu’elle produira, à terme, 10 fois moins de GES
qu’elle n’en produisait en 2017 et 100 fois moins que si elle envoyait tous ses déchets à l'enfouissement.Les gains de productivité et d’efficacité de l’incinérateur ne suffisent toutefois pas à faire taire ses détracteurs, à commencer par le conseil de quartier Maizerets. Même s’il salue l’installation de brûleurs au gaz, qu’il réclamait depuis une quinzaine d'années, l’organisme maintient ses critiques à l’égard de l’infrastructure.
On est heureux de ce geste-là, mais ça ne veut pas dire qu'on abandonne le combat, parce que c'est l'ensemble de la qualité de l'air du quartier qui est affectée et l'incinérateur n'est pas bâti à la campagne, il est bâti dans un milieu de vie et ça affecte la santé puis la vie des citoyens de façon directe
, affirme Marcel Paré, qui siège au C. A. du conseil de quartier.
Faible rendement énergétique
Il rappelle que l’incinérateur n’a pas été conçu pour fabriquer de l’énergie, mais pour détruire des ressources. Par conséquent, son rendement énergétique ne pourra jamais égaler celui des centrales thermiques au gaz, fait valoir M. Paré.
Selon lui, la Ville doit autant que possible empêcher les matières résiduelles de se rendre à l’incinérateur en améliorant le tri effectué en amont.
« Il faut l'affamer, l'incinérateur, il ne faut pas le laisser opérer sous prétexte qu'on vend de l'énergie. C'est une très, très mauvaise vision des choses. »
La Municipalité a répété mercredi que le tri des déchets allait être considérablement amélioré au cours des prochaines années grâce, entre autres, à l’usine de biométhanisation.
Marcel Paré fait toutefois remarquer que la Ville prévoit, dans le meilleur des cas, un taux de récupération des matières organiques de 60 %, alors que des technologies utilisées en Europe permettent selon lui d’atteindre un seuil de 90 %.
Ça veut dire qu'actuellement, il y a 40 % de matières organiques qui vont continuer tout droit vers l'incinérateur, puis la Ville le reconnaît elle-même. Brûler des matières organiques, c'est dommageable pour l'environnement
, insiste M. Paré.
Avec la collaboration d’Olivier Lemieux