Taxer les touristes : l’idée de Percé fait du chemin dans l’Est-du-Québec

Percé compte imposer aux touristes des frais de 1 $ sur toute transaction de plus de 10 $ pour des biens non essentiels (archives).
Photo : Getty Images
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Inspirées par la Ville de Percé, des municipalités à forte affluence touristique de l’Est-du-Québec réfléchissent à l’idée d’une redevance imposée aux non-résidents pour certains achats alors que les administrations municipales doivent souvent assumer des dépenses supplémentaires pour accueillir les visiteurs.
À Tadoussac, aux portes de la Côte-Nord, des milliers de visiteurs circulent chaque année sur les places publiques et les plages du petit village de 800 habitants.
Si les retombées économiques du tourisme sont importantes, l’administration municipale rappelle tout de même que la facture est salée pour les contribuables.
On a des agents de stationnement. Trouvez-moi ça, dans un village de moins de 800 personnes. On a des employés qui ne font que laver des toilettes, que vider les poubelles
, explique le maire de Tadoussac, Charles Breton.
Nos infrastructures sont sollicitées de façon extrême et nos rues aussi
, ajoute-t-il.
En raison de ses dépenses pour le secteur touristique, Tadoussac se dit limitée dans son budget.
L’initiative de Percé est donc vue comme une solution intéressante par le maire de Tadoussac, qui compte mettre de l'avant cette idée au conseil municipal.
Accueil mitigé
Plus à l’est, au bout de la route 138, la mairesse de Natashquan, Marie-Claude Vigneault n’est pas aussi convaincue que ses homologues de Percé et de Tadoussac de la pertinence d’une telle mesure.
Même si son village connaît une forte croissance de l'activité touristique, elle craint que l'imposition d'une redevance aux touristes les freine dans leur élan vers les régions éloignées.
C’est une façon d’aller chercher de l’argent, c’est certain. Mais en même temps, les visiteurs viennent déjà dépenser pas mal d’argent dans notre milieu. Moi j’y penserais deux fois avant d’instaurer ça chez nous
, explique Mme Vigneault.
Même son de cloche à Saint-André-de-Kamouraska, au Bas-Saint-Laurent, où le maire Gervais Darisse craint une réticence du milieu des affaires. La possibilité de voir les visiteurs déserter le village et se déplacer là où une redevance ne leur serait pas imposée lui fait rejeter l’idée d'adopter une telle mesure.
C’est sûr que dans une économie comme à Percé, où les services sont dédiés entièrement au tourisme, ça peut être intéressant. Mais pour nous autres, pour une économie assez variée, il n’y a pas d’intérêt
, explique M. Darisse.
Diversifier les revenus
La volonté de Percé d’augmenter ses revenus par une taxe spéciale pour les touristes découle de la dépendance des municipalités à l’impôt foncier, croit le maire de Carleton-sur-Mer, Mathieu Lapointe.
Ce dernier dit comprendre le besoin des Villes de diversifier leurs sources de revenus, mais il n’a toutefois pas l’intention d’imposer une telle taxe à Carleton-sur-Mer.
On a aussi des infrastructures touristiques qui nous apportent des revenus. Je pense notamment au camping municipal qui nous permet d’apporter un bénéfice d'environ 1 million de dollars dans les coffres de la Ville. Même chose avec le club de golf municipal qui apporte des revenus. On a une réalité qui est différente ici
, explique-t-il.
Si ces revenus suffisent pour avoir un budget équilibré, Mathieu Lapointe rappelle l’importance de l'aide fédérale et provinciale dans le financement des infrastructures municipales.
Tant au niveau du tourisme, qu’en sport et en loisir, on a besoin de l’aide des gouvernements. Je pense entre autres aux impacts des changements climatiques, il va falloir investir dans nos milieux
, ajoute M. Lapointe.
Tous les regards seront donc tournés vers Percé, qui compte instaurer cette redevance dès le printemps prochain, si l'idée est adoptée au conseil municipal.