Des villes du Nord de l’Ontario écartent la vaccination obligatoire de leurs employés

La Ville de Timmins écarte pour l'instant la vaccination obligatoire de ses employés contre la COVID-19. (Archives)
Photo : Radio-Canada / Sophie Houle-Drapeau
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les villes du Nord de l'Ontario tardent à emboîter le pas à celles du Sud de la province en exigeant la vaccination de leurs employés. Pour l'instant, Thunder Bay et Timmins écartent la mesure, tandis que North Bay commence à peine à se pencher sur la question.
Le conseil municipal de North Bay a réclamé la semaine dernière que ses fonctionnaires se penchent sur une politique de dépistage et de vaccination contre la COVID-19 pour tous les employés municipaux.
Le document devra aussi préciser les mesures additionnelles et politiques visant à assurer des interactions sécuritaires entre le personnel et les citoyens
.
L’idée d’une vaccination obligatoire n’obtient toutefois pas l’appui inconditionnel de tous les élus.
Bien qu’il dise encourager les gens à se faire vacciner, le conseiller Mark King croit notamment que la vaccination obligatoire dans un environnement comme la ville de North Bay n’est simplement pas quelque chose qui pourrait être facilement accepté
.
La conseillère et mairesse adjointe, Tanya Vrebosch, croit quant à elle qu’une politique de vaccination s’impose, surtout pour protéger les employés vulnérables ainsi que leurs enfants qui ne sont pas en mesure de se faire vacciner.
Les employés ont le droit de se sentir en sécurité au travail en présence de leurs collègues
, affirme-t-elle.
L’ébauche de politique doit être remise aux élus le 20 septembre pour approbation, mais Mme Vrebosch anticipe déjà une certaine réticence
des syndicats d’employés avec lesquels la Ville doit négocier.
Ailleurs dans le Nord de l’Ontario, la Ville de Timmins indique qu’en ce moment il n’y a pas de politique de vaccination pour les employés municipaux
.
Dans un courriel, une porte-parole précise toutefois que les travailleurs des foyers de soins de longue durée doivent se plier aux exigences de vaccination du ministère ontarien des Soins de longue durée.
La Ville continue de suivre de près les autres municipalités en ce qui concerne les enjeux de santé et de sécurité ainsi que les enjeux légaux qui découlent des politiques de vaccination
, écrit Amanda Dyer.
À Thunder Bay, la Ville écarte la vaccination obligatoire des employés municipaux et propose plutôt à ces derniers de dévoiler leur statut vaccinal.
Il sera demandé aux employés de fournir une preuve de vaccination contre la COVID-19, et ceux qui ne l’auront pas d’ici le 1er novembre devront se soumettre à un test de dépistage rapide
, écrit la porte-parole de la Ville Jodi Wright.
Elle précise par ailleurs que les employés continueront de suivre toutes les mesures de santé et de sécurité en place, dont le dépistage actif quotidien, le nettoyage, le port du masque et la distanciation physique
.
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À Hearst, l'administrateur en chef de la Ville, Yves Morissette, indique qu'il en « a parlé brièvement avec le conseil municipal ».
Pour l'instant, on penche vers le fait de ne pas avoir de politique en ce sens-là. J'ai déjà un taux de vaccination élevé parmi mes employés, donc présentement, on ne fera pas ce pas-là
, explique-t-il; et il précise que le taux de vaccination est supérieur à 90 % parmi les membres du personnel.
Le directeur administratif de Kapuskasing, Guylain Baril, tient des propos similaires.
On sait que ça va être très polarisé, on ne voulait pas prendre de décision qui n'est pas nécessaire. On ne voudrait pas frustrer [les gens] davantage.
À Sault-Sainte-Marie, le conseil municipal a évalué lundi soir une politique de vaccination proposée par le directeur administratif, Malcolm White, et qui entrera en vigueur le 15 septembre.
Les employés municipaux devront se faire vacciner, et la Ville accordera même à ceux qui ne l'ont pas encore fait deux heures de temps rémunéré pour aller recevoir leurs doses.
À partir du 5 octobre, les employés qui ne seront pas encore vaccinés devront se soumettre à des tests de dépistage rapide tous les sept jours. Le coût des tests pendant les six premières semaines leur sera remboursé par la Ville.
Cette dernière s'engage également à répondre aux préoccupations précises de chaque employé réticent à la vaccination.
Il commence à être tard
, regrette un immunologue
L’immunologue Alain Simard, de l’École de médecine du Nord de l’Ontario, regrette que les municipalités du Nord n’aient pas encore adopté une position semblable à celle d’autres villes ontariennes, comme Hamilton, Toronto et Barrie.
Il estime qu’en imposant la vaccination obligatoire des employés, les municipalités peuvent jouer un rôle de leadership
et encourager entre autres des entreprises locales et des citoyens à en faire de même.
Ces décisions-ci, j’aurais préféré qu’elles soient prises plus tôt pendant l’été. On a eu beaucoup de temps d’observer ce qui se passait ailleurs dans le monde, on savait que cette quatrième vague s’en venait
, note-t-il.
« Présentement, il commence à être tard à mettre ces mesures en place. »
« On n'a pas des libertés absolues »
L'éthicienne Monique Lanoix, de l'Université Saint-Paul, admet que plusieurs syndicats d'employés pourraient vigoureusement s'opposer à l'imposition de la vaccination de leurs membres.
Elle rappelle d'ailleurs que le Code des droits de la personne de l'Ontario protège les personnes qui ne veulent pas se faire vacciner pour certaines raisons, comme des croyances religieuses.
Mais elle estime que la gravité de la situation justifie une telle mesure.
« On semble oublier que, dans le discours qu'on entend, "mon corps, mon droit", qu'on n'a pas des libertés absolues. [...] Il faut se rappeler que c'est une mesure prise parce qu'on est dans une situation extraordinaire. C'est une pandémie, ce n'est pas la grippe. »
La Ville du Grand Sudbury indique travailler sur une politique de vaccination de ses employés qui devrait être dévoilée cette semaine.