Benoit Dorais quittera la présidence du comité exécutif de Montréal pour de bon
Le maire du Sud-Ouest tentera de se faire réélire. Mais son rôle ne sera plus le même après le 7 novembre.
Benoit Dorais a cumulé les responsabilités de maire de l'arrondissement du Sud-Ouest et de président du comité exécutif de la Ville de Montréal pendant quatre ans.
Photo : Radio-Canada / Jérôme Labbé
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Valérie Plante changera de bras droit si elle est réélue. La mairesse et Benoit Dorais ont convenu d'un commun accord que ce dernier quittera la présidence du comité exécutif pour de bon à l'issue du mandat actuel de Projet Montréal.
Le principal intéressé en a fait l'annonce sur les réseaux sociaux samedi matin.
Benoit Dorais tentera de se faire réélire comme maire de l'arrondissement du Sud-Ouest sous la bannière de Projet Montréal. Mais peu importe l'issue de ces élections, son rôle ne sera plus le même après le scrutin du 7 novembre.
J'ai plein de choses encore à faire pour la Ville de Montréal, pour les gens du Sud-Ouest, a expliqué M. Dorais à Radio-Canada, vendredi. Je veux continuer à bien servir encore, mais on va faire en sorte qu'on puisse renouveler cette énergie-là au sein du comité exécutif.
« C'est un rôle qui est ingrat, qui demande énormément de travail. C'est un super honneur de faire ça, mais quand on se projette dans l'avenir, on se dit : "Est-ce que je vais rempiler encore pour quatre ans?". »
L'ex-maire Denis Coderre, qui tente un retour en politique à la tête d'Ensemble Montréal, a déjà fait savoir en août que la femme d'affaires Nadine Gelly sera nommée présidente du comité exécutif s'il remporte les élections.
Valérie Plante, elle, annoncera en temps et lieu qui remplacera Benoit Dorais si elle est reportée au pouvoir.
Correctif
Une première version de cet article mentionnait que Benoit Dorais quitterait la présidence du comité exécutif de la Ville de Montréal à l'issue de la séance du 22 septembre. Dans les faits, il demeurera en poste jusqu'à l'assermentation du prochain comité exécutif.
Montréal en bonne santé financière
En entrevue, Benoit Dorais s'est dit fier
de ses quatre années passées dans l'ombre
de la mairesse Plante à diriger ce qui constitue en quelque sorte « le conseil des ministres de la Ville de Montréal ».
À son arrivée, rappelle-t-il, les finances de la Municipalité faisaient face à un déficit anticipé de 358 millions de dollars. Et les relations avec les employés de la Ville, qui avaient vu leur régime de retraite amputé sous l'administration Coderre, étaient pour le moins difficiles.
Aujourd'hui, M. Dorais se félicite d'avoir conclu sept conventions collectives en quatre ans; d'avoir rétabli les ponts avec les syndicats, dont ceux des cols bleus et des pompiers; et d'avoir continué de gérer la Municipalité de manière appropriée malgré une pandémie mondiale
.
Malgré les critiques de l'opposition au sujet de l'augmentation des dépenses et de l'état de la dette, la Ville de Montréal est aujourd'hui en bonne santé financière
, assure M. Dorais, et l'implantation d'un programme décennal des immobilisations (PDI), à l'automne 2020, permettra dorénavant une meilleure prévisibilité.
Oui, les taxes résidentielles ont grimpé au-delà de l'inflation dans le premier budget de son administration, reconnaît-il, mais sur quatre ans, elles n'ont augmenté en moyenne que de 1,7 % par année, alors que le coût de la vie, lui, a crû en moyenne de 1,8 % par année durant la même période.
Quant aux taxes non résidentielles imposées aux commerçants, elles ont carrément baissé depuis l'arrivée au pouvoir de Projet Montréal, affirme M. Dorais.
Le prochain président du comité exécutif devra poursuivre dans cette voie, selon lui : maintenir un bon climat de travail, notamment avec les policiers, dont la convention collective arrive à échéance; garder le cap sur le PDIles plus récentes recommandations de la vérificatrice générale de Montréal.
; et mettre en œuvreQuelques erreurs
Si Benoit Dorais peut se vanter d'avoir su garder à flot la métropole du Québec malgré tous les défis qui s'imposaient, son bilan des quatre dernières années n'est pas sans taches. Deux controverses l'ont propulsé bien malgré lui sur le devant de la scène à l'été 2019.
En juin de cette année-là, médias et chroniqueurs s'étaient enflammés en apprenant que les célébrations de la fête nationale du Québec dans le Sud-Ouest avaient été rebaptisées « Festival du solstice ».
Benoit Dorais évoque aujourd'hui une erreur de communication
, presque amusé qu'on ait pu remettre en question son amour du Québec, lui qui ne cache pas ses convictions souverainistes.
Le mois suivant, par contre, le Journal de Montréal révélait que le maire du Sud-Ouest avait reçu une amende de 1378 $ et 14 points d'inaptitude pour avoir conduit son VUS à plus de 170 km/h sur l'autoroute 35.
Cette erreur
, objectivement beaucoup plus grave, M. Dorais reconnaît l'avoir commise. Il s'en est d'ailleurs excusé dans les jours qui ont suivi la controverse. Ça ne se faisait pas
, convient-il encore aujourd'hui.
Plusieurs membres de l'opposition, à l'époque, réclamaient sa démission. Il est resté en poste contre vents et marées. Mais c'est sûr que je n'ai pas aimé ces deux controverses-là
, admet-il. Ça a chiré.
Maire depuis 12 ans
Benoit Dorais briguera cet automne un quatrième mandat d'affilée comme maire de l'arrondissement du Sud-Ouest. Outre Keeton Clarke, de Mouvement Montréal, on ne lui connaît pour l'instant aucun opposant.
M. Dorais avait obtenu pas moins de 71,41 % des voix aux élections de 2017 – un sommet parmi tous les maires d'arrondissement de la ville. Projet Montréal avait également remporté les quatre autres sièges en jeu dans le Sud-Ouest.
Cette année, l'habitation sera, selon M. Dorais, l'enjeu le plus important de la campagne électorale dans le Sud-Ouest, qui inclut les quartiers de la Petite-Bourgogne, Saint-Henri, Pointe-Saint-Charles, Côte-Saint-Paul, Ville-Émard et Griffintown.
Dans le Sud-Ouest, la priorité, ça va être de s'attaquer à la transformation en habitation, dit-il. Il y a des gens qui veulent accéder à la propriété, c'est parfait; mais il y a des gens en ce moment qui perdent leur logement, qui se font faire toutes sortes d'entourloupettes par toutes sortes de gens qui ont peu ou pas de conscience sociale.
M. Dorais rappelle que son arrondissement a adopté récemment un règlement pour lutter contre les « rénovictions ». Mais il faudra en faire plus, dit-il, et utiliser tous les outils réglementaires à la disposition de la Ville, y compris les avis de réserve foncière et le droit de préemption, pour déjouer les promoteurs sans scrupules.
De Vision Montréal à Projet Montréal
Élu sous la bannière de Vision Montréal en 2009, puis réélu en 2013 sous celle de Coalition Montréal, Benoit Dorais a siégé comme indépendant de décembre 2016 à mai 2017 avant de se joindre à Projet Montréal – ce qui avait passablement froissé Denis Coderre, qui le courtisait aussi, à l'époque.
Valérie Plante l'avait présenté six mois plus tard comme le futur numéro 2 de son administration. Denis Coderre, lui, s'était tourné vers Harout Chitilian. Les deux annonces avaient eu lieu à peu près en même temps, quelques jours avant le scrutin.
Quatre ans plus tard, Benoit Dorais termine le mandat qu'il s'était engagé à remplir en tant que président du comité exécutif. Et il se dit : Mission accomplie
.
S'il souhaite pour l'instant se concentrer sur sa réélection comme maire du Sud-Ouest, M. Dorais n'écarte absolument pas
la possibilité de revenir au comité exécutif si Valérie Plante obtient un second mandat. Les deux [fonctions] m'intéressent
, dit-il.
Sa chaise de président, par contre, sera occupée par quelqu'un d'autre, et ce, peu importe l'issue des élections.