Redevance imposée aux touristes à Percé : réactions nombreuses et diverses

Les touristes qui viendront à Percé pour admirer, entre autres, l'icône de la région paieraient une redevance dans les commerces. (Archives)
Photo : Mathieu Dupuis
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les réactions sont nombreuses à Percé, au lendemain de la médiatisation des intentions de la Ville, qui compte imposer une redevance dès le printemps prochain aux visiteurs qui effectueront certaines transactions sur son territoire.
La Ville souhaite profiter de l’affluence massive de touristes pour augmenter ses revenus et financer l’entretien, le fonctionnement ainsi que le développement de ses infrastructures touristiques. L’administration municipale compte ainsi mettre la main sur environ 1,5 million $ annuellement.
Si le règlement municipal proposé est adopté le 28 septembre, les visiteurs devront payer 1 $ sur toute facture supérieure à 10 $. En ce qui concerne l'hébergement, 1 $ sera facturé par nuitée dans les établissements de Percé.
Par exemple, une facture de 11 $ dans un café grimpera à 12 $ à la caisse. Une facture de trois nuitées dans un établissement d'hébergement augmentera quant à elle de 3 $.
L'un des copropriétaires de la Buvette Thérèse, un nouveau resto-bar situé au cœur du village, croit que cette façon de faire est un bon moyen de diminuer la charge financière des quelque 3000 citoyens de Percé.
Je pense que ça vient un peu rejoindre le concept d’utilisateur-payeur. On l’a vu à l’été 2020 avec les plages qui étaient débordées. En ce sens, plus il y a de gens, plus on va pouvoir se donner la capacité de les recevoir
, croit Billy Bastien.
L'entrepreneur rappelle qu'environ 500 000 visiteurs convergent vers Percé chaque année et que les commerçants doivent soutenir la Municipalité dans ses efforts d'améliorer l’accueil.
« On veut le faire pour Percé aussi, parce que, finalement, c’est notre cadre d’affaires à tout le monde. »
Ovila David Huard, propriétaire de la galerie d’art boutique Ovila, entrevoit de son côté cette nouvelle redevance avec moins d’optimisme. Établi sur place depuis le printemps, ce dernier estime qu’il coûte déjà très cher de venir à Percé
.
Il remarque qu’une hausse des coûts était déjà perceptible à plusieurs endroits afin de compenser les pertes liées à la pandémie. Selon lui, il ne faudrait pas exagérer
.
Le commerçant croit que d’autres solutions auraient pu être envisagées et aurait aimé qu’une consultation plus large soit effectuée par l’administration municipale avant d'avancer dans ce dossier.
M. Huard craint par ailleurs que l’accueil des clients soit, à certains endroits, ralenti par cette nouvelle procédure, puisque la redevance ne touchera que les visiteurs et non les résidents. Des vérifications supplémentaires pourraient donc s’ajouter, rappelle-t-il, à celle du passeport vaccinal dans les restaurants.
« C’est déjà compliqué avec la COVID, les masques et les mains. On a déjà plein de choses à demander aux gens et, en plus, il faudrait leur demander s’ils sont vraiment résidents et qu’ils nous montrent une preuve? »
La redevance sera facturée pour l'achat de certains biens et services, par exemple au restaurant ou lors d'activités récréotouristiques. Elle ne sera pas appliquée aux produits essentiels, comme les produits alimentaires non taxables et l’essence.
Et les touristes?
Encore nombreux à sillonner les rues de Percé, les touristes rencontrés jeudi par Radio-Canada ont réagi de façons diverses à ce projet d'imposition d'une redevance.
« Ce que je trouve un peu exagéré, c’est le dollar par transaction. Normalement, ça pourrait être en pourcentage, comme on a fait à Tremblant. Je pense que ce serait beaucoup mieux. »
À Mont-Tremblant, une redevance de 3 % s'ajoute au prix affiché sur les biens et services offerts dans les établissements du centre de villégiature. Cette redevance est gérée par un organisme à but non lucratif, l’Association de villégiature Tremblant.
Une dame prénommée Isabelle, qui n’a pas souhaité s’identifier davantage, ne partage pas l'avis de M. Piquette. Je ne vais plus à Tremblant à cause de ça. Je ne reviendrai pas ici. C’est la première et peut-être la dernière fois [que je viens] s’ils imposent une taxe
, lance-t-elle.
On trouve que c’est déjà assez cher et ils en rajoutent
, déplore Joseph Gagné, venu de Roxton Falls. Si on veut venir, on paiera pour
, renchérit-il néanmoins.
Un autre touriste, cette fois en provenance de Sutton, juge quant à lui raisonnable cette redevance. Pourvu qu’ils investissent l’argent à la bonne place, moi je n’ai pas de problème avec ça. […] Une piastre sur dix? C’est correct!
, commente Daniel Cloutier.
Percé détient le pouvoir d’imposer une telle redevance réglementaire depuis 2017 en vertu de la loi 122 – Loi visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs. Celle-ci ne permet pas l'imposition d'une taxe appliquée sous la forme d’un pourcentage, qui nécessite un décret ministériel.
Avec les informations d'Isabelle Larose