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Un gouvernement minoritaire conservateur est préférable, laisse entendre Legault

Il invite les nationalistes québécois à « se méfier » des libéraux, des néo-démocrates et des verts, trois partis aux tendances centralisatrices qu'il estime « dangereuses ».

Francois Legault, devant un micro.

Le premier ministre Francois Legault a commenté les deux derniers débats des chefs en marge du caucus présessionnel des députés de la Coalition avenir Québec.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

  • François Messier

Le Québec serait mieux servi par l’élection d’un gouvernement minoritaire conservateur, a clairement laissé entendre François Legault, jeudi, au lendemain du second débat des chefs en français.

Selon le premier ministre du Québec, tous les nationalistes intéressés à ce que la province obtienne plus de pouvoir doivent se méfier de trois partis aux tendances centralisatrices.

Moi, je suis nationaliste, je veux que le Québec soit plus autonome, ait plus de pouvoir. Et il y a trois partis – le Parti libéral, le NPD et le Parti vert – qui veulent nous donner moins d'autonomie. Je trouve ça dangereux.

Une citation de François Legault, premier ministre du Québec

Tous trois veulent centraliser, s’approprier des pouvoirs qui sont clairement de compétence des provinces, a-t-il dénoncé, soulignant leur volonté d’imposer des normes pancanadiennes dans les CHSLD.

M. Legault a tout de même épinglé le chef conservateur Erin O’Toole, dont l’élection entraînerait l’annulation d’une entente consécutive au projet du gouvernement Trudeau d’implanter des garderies partout au Canada, en vertu de laquelle Québec doit recevoir 6 milliards de dollars.

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C’est une entente sans condition. Ce n’est pas rien. Ça nous donne 6 milliards de dollars par année, et là M. O’Toole semble vouloir annuler cette entente. Ça veut dire qu’il y a un manque à gagner de 6 milliards. Donc, je pense que M. O’Toole doit s’expliquer, a-t-il dit.

Moi, ce que je demande à M. O’Toole, c’est de nous offrir le même 6 milliards de dollars. C’est important, le 6 milliards de dollars, pour le gouvernement du Québec.

Une citation de François Legault, premier ministre du Québec

Le premier ministre caquiste a aussi souligné que M. O'Toole veut augmenter les transferts en santé sans condition, qu'il est ouvert à transférer plus de pouvoirs en immigration et qu'il s’est engagé à ne pas contester la Loi sur la laïcité, en plus d’être volontaire pour financer une part du troisième lien entre Québec et Lévis.

François Legault a été particulièrement critique à l'endroit de Justin Trudeau. Il a dit avoir peur de la volonté du chef libéral de s'ingérer dans les compétences des provinces avec des programmes ciblés, et a jugé très inquiétant qu'il appuie une contestation judiciaire de la Loi sur la laïcité.

Là, c’est aux Québécois à faire leur choix. Il n’y a rien de blanc ou de noir, a néanmoins nuancé M. Legault, se défendant de dire à la population pour qui voter.

Invité à dire s’il serait mieux pour le Québec que le prochain gouvernement fédéral soit minoritaire, il ne s’est cependant pas défilé.

Dans le contexte actuel, étant donné qu’il n’y a aucun parti qui répond à tous nos besoins, je pense qu’on est obligé de dire que, pour la nation québécoise, ce serait mieux, a-t-il plaidé.

La cheffe libérale Dominique Anglade et le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, ont critiqué la sortie de M. Legault sur Twitter.

En souhaitant l’élection d’un gouvernement conservateur, François Legault accepte de déchirer l’entente de 6 milliards et abandonne les parents, les enfants et tout le réseau des services de garde du Québec, a écrit Mme Anglade.

François Legault veut faire un deal en votre nom avec le Parti conservateur du Canada. Il est prêt à sacrifier 6 milliards de dollars pour les services de garde du Québec en échange d’argent pour le troisième lien, a accusé M. Nadeau-Dubois.

Pour donner raison à Legault, votez Bloc, dit Blanchet

M. Legault n'a pas spécifiquement parlé du Bloc québécois, qui se présente aux électeurs comme le défenseur des intérêts du Québec, sinon pour constater que son parti ne peut pas former le gouvernement.

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet n'a pas tardé à se ranger à l'avis de M. Legault.

Bien d’accord : méfions-nous de la centralisation sur le dos du Québec, exigeons les 6 milliards de dollars même des conservateurs pour les garderies, et assurons-nous que ce soit un gouvernement minoritaire, a-t-il écrit sur Twitter.

La seule façon d'y parvenir, a-t-il ajouté, consiste à élire plus de députés du Bloc québécois.

En point de presse après le débat des chefs en anglais, le chef du Bloc québécois a rejeté l’interprétation voulant que la sortie de François Legault ait pu être un appel à voter pour les conservateurs. Il a souligné le fait que M. Legault préférerait un gouvernement minoritaire.

C’est au moins autant une invitation à considérer le Bloc québécois qu’à considérer les conservateurs, a analysé Yves-François Blanchet. C’est forcément nous qui allons nous assurer que ce soit un gouvernement minoritaire.

M. Blanchet a ajouté que François Legault interpellait des gens qui peuvent devenir premier ministre du Canada . Je n’ai aucune inquiétude par rapport à ce que j’ai entendu , a résumé le chef bloquiste.

Plus tôt dans la journée, le chef bloquiste avait critiqué la plateforme électorale du Parti conservateur, en soulignant lui aussi la perte attendue d'une somme de 6 milliards de dollars pour le Québec.

Il a également souligné, à l'instar de M. Legault, que les conservateurs sont d'accord pour augmenter les transferts en santé de 6 % par année, mais sans accepter au préalable de financer les soins de santé à hauteur de 35 %, comme l'exigent Québec et les autres provinces.

M. Blanchet a aussi affirmé que la plateforme conservatrice ne contient rien pour les aînés.

O'Toole muet sur les 6 G$

Après le débat des chefs en anglais, jeudi soir, le chef conservateur a dit avoir beaucoup de respect pour M. Legault et son leadership pendant la pandémie. Il a mentionné la création de richesse et la relance économique comme des intérêts communs.

Je vais toujours respecter les champs de compétence et avoir un fédéralisme de partenariat, a réitéré Erin O’Toole. Je vais travailler en collaboration avec toutes les provinces, incluant M. Legault.

Plus tôt dans la journée, M. O'Toole avait reproduit sur Twitter une phrase dans laquelle le premier ministre du Québec a eu des mots pour lui.

Le Parti conservateur a été clair : ils veulent augmenter les transferts en santé sans condition, ils veulent transférer des pouvoirs en immigration. Pour la nation québécoise, c’est une bonne approche, l’approche de M. O’Toole, a dit M. Legault.

Le chef conservateur n'a cependant pas commenté le sujet qui fâche, et sur lequel M. Legault l'a invité à s'expliquer, soit la perte anticipée de l'enveloppe de 6 milliards de dollars.

Un sujet que n'a pas manqué d'aborder son adversaire libéral en commentant les propos du premier ministre du Québec.

On sait très bien que M. Legault va défendre ce qu’il voit comme les intérêts des Québécois, a remarqué Justin Trudeau jeudi soir, en soulignant qu’il défendait pour sa part les intérêts de tous les Canadiens.

Le chef libéral a enchaîné en attaquant les éléments de la plateforme conservatrice touchant l’environnement, le contrôle des armes et la fin de l’entente sur les garderies signée avec le Québec. Je les connais assez pour savoir que les Québécois ne veulent pas d’un gouvernement conservateur, a dit M. Trudeau.

Évidemment, je ne suis pas d’accord avec M. Legault, a quant à lui commenté le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, qui ne s'est pas démonté pour autant sur sa volonté d'imposer des normes canadiennes dans les CHSLD.

Il a réitéré qu'il lui est impossible de rester les bras croisés après avoir constaté la souffrance des gens dans les centres de soins de longue durée, particulièrement ceux à but lucratif.

C'est normal qu’on doive travailler ensemble dans un pays fédéral, on est toujours prêts à faire ça. On reconnaît les droits spécifiques du Québec, mais il y a plus de choses qu’on peut faire ensemble, a-t-il dit.

On a besoin de leadership. Pour moi un leader, ce n’est pas quelqu’un qui dit : "Je ne peux rien faire, ce n’est pas dans ma juridiction." Pour moi, un leader, c’est quelqu’un qui cherche des solutions et je vais toujours essayer de trouver des solutions pour aider les gens, a ajouté M. Singh.

  • François Messier

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