•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Confrontée à l’arrivée massive de migrants illégaux, Londres menace de les refouler en mer

Neuf migrants dérivent dans la Manche après une panne de leur moteur hors-bord à Douvres, en Angleterre.

Le 6 septembre 2020, neuf migrants dérivent dans la Manche après une panne de leur moteur hors-bord à Douvres, en Angleterre.

Photo : Getty Images / Christopher Furlong

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le gouvernement britannique, exaspéré par des arrivées records de migrants illégaux sur les plages de la Manche, menace de refouler les bateaux en mer, selon la presse britannique, si la France n’intensifie pas ses efforts pour neutraliser les réseaux de passeurs qui opèrent à partir de ses côtes.

Selon les journaux britanniques, la police des frontières aurait déjà reçu l’ordre de s’entraîner en vue d’intercepter et de retourner en France les bateaux chargés de migrants illégaux qui tentent chaque jour de traverser la Manche.

D’après le Times, la ministre britannique de l'Intérieur, Priti Patel, a même demandé que soit réécrite l'interprétation par le Royaume-Uni du droit maritime international afin d’autoriser la Border Force à refouler ces bateaux, ce qui est contraire au droit maritime, proteste Paris.

Cette stratégie, qui a reçu l'assentiment du premier ministre Boris Johnson, ne serait utilisée que dans des circonstances très limitées pour les plus gros bateaux et quand la situation est jugée sûre, rapporte pour sa part The Telegraph.

Le gouvernement britannique de Boris Johnson, qui a fait du durcissement de la lutte contre l'immigration une priorité depuis le Brexit, est confronté depuis des mois à une augmentation marquée du nombre de migrants illégaux qui échouent sur les plages du pays en provenance de la France.

En dépit des efforts concertés de Londres et de Paris pour endiguer ce flot migratoire illégal, plus de 14 000 migrants ont débarqué sur les côtes du sud de la Grande-Bretagne depuis le début de l’année. C’est près du double des arrivées de l’an dernier (8000), souligne l’agence de presse britannique PA.

Du chantage, selon Paris

Trois hommes à la dérive dans un canot gonflable sur la Manche.

Ces migrants tentant de traverser la Manche dans un canot gonflable ont été interceptés par une embarcation de l'association française Les Sauveteurs en mer le 4 août 2018, au nord de Calais.

Photo : Getty Images / Pigiste

Décidée à obtenir des résultats , la ministre Patel a menacé en début de semaine, selon la presse britannique, de ne pas verser plus de 60 millions d'euros promis par son gouvernement pour financer le renforcement de la présence des forces de l'ordre françaises sur les côtes.

À Paris, on dénonce ce chantage. La France n'acceptera aucune pratique contraire au droit de la mer ni aucun chantage financier, a réagi sur Twitter le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin.

Pour Paris, refouler ces embarcations est contraire au droit maritime international et dangereux pour les passagers de ces embarcations de fortune qui bravent une mer froide et capricieuse, parfois violente, pour tenter de gagner le sol britannique à partir des côtes françaises.

« En mer, la sauvegarde de la vie humaine prime sur des considérations de nationalité, de statut et de politique migratoire. »

— Une citation de  Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur français

La Manche, qui sépare la France de la Grande-Bretagne, fait 41 kilomètres de largeur à son point le plus rapproché entre les deux côtes et jusqu’à 176 kilomètres dans sa partie la plus large.

Les passeurs raffinent leurs méthodes

Un homme roule à bicyclette le long d'une clôture barbelée au coucher du soleil.

Un migrant près de la clôture de 4 mètres à Calais, en France, payée par les Britanniques et érigée pour diminuer les tentatives d'intrusions massives de migrants.

Photo : Reuters / Pascal Rossignol

Selon Paris, l’augmentation du nombre de migrants qui gagnent les côtes anglaises n’est pas due au manque de vigilance des autorités françaises, mais surtout au recours à des bateaux de plus grande capacité par les passeurs. Les bateaux utilisés aujourd’hui peuvent accueillir une soixantaine de personnes contre une quinzaine environ auparavant, souligne Paris.

Les passeurs ont aussi recours à des bateaux appâts qui servent à attirer et saturer les forces frontalières françaises de façon à laisser le champ libre aux bateaux chargés de migrants. La circulation maritime très dense sur ce bras de mer complique également le travail des autorités frontalières.

En août, il y a eu jusqu'à 828 traversées en une seule journée, un record, affirme Londres.

À la mi-août, le naufrage d'une embarcation a provoqué la mort d'un migrant érythréen. L'an dernier, quatre membres d'une famille kurde iranienne étaient morts et leur enfant d'un an avait disparu avant d'être retrouvé, selon des médias britanniques, plusieurs mois plus tard sur les côtes norvégiennes.

Cette arrivée importante de migrants illégaux ne passe pas non plus inaperçue sur les plages britanniques où la population voit défiler chaque jour des dizaines de personnes courir à toutes jambes après avoir débarqué de canots pneumatiques sur les plages.

C’est un peu intimidant, avoue Alan Purchase, un antiquaire de 66 ans qui habite près des plages de galets de Dungeness, à une quarantaine de kilomètres de Douvres.

Avec le Brexit, on était censés avoir des frontières plus dures : c'est ce pour quoi la plupart des gens ont voté, rappelle Alan Purchase, qui estime que son pays est une bonne poire en matière d'immigration.

Ça empire, constate pour sa part Matt Briffit, un ouvrier du bâtiment de 27 ans. J’ai vu ça plusieurs fois récemment : des bateaux sur la plage, des gens prenant la fuite.

Je pense que le gouvernement devrait faire quelque chose, mais ils ne font rien pour empêcher les arrivées, juge-t-il, prônant la manière forte et le recours à l'armée s’il le faut.

À Londres, le premier ministre Boris Johnson a assuré mercredi que son gouvernement mettait tout en œuvre pour arrêter les traversées, ayant fait de la lutte contre l'immigration illégale une priorité depuis le Brexit.

Avec les informations de Agence France-Presse

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...