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Le Salvador, premier pays à adopter le bitcoin comme monnaie légale

Une pièce de monnaie marquée du logo du bitcoin.

À défaut d’être une valeur refuge, le bitcoin est bel et bien un actif spéculatif.

Photo : Getty Images / Edward Smith

Agence France-Presse
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le Salvador est devenu mardi le premier pays au monde à autoriser le bitcoin comme monnaie légale, à côté du dollar américain, en dépit des fortes réticences au sein de la population et des critiques d'économistes et d'organismes financiers internationaux.

[Mardi], pour la première fois dans l'histoire, tous les yeux seront braqués sur le Salvador, a tweeté le président Nayib Bukele, en annonçant dans la foulée que le pays avait acheté ses 200 premiers bitcoins.

Selon le chef d'État et son gouvernement, le bitcoin permettra à la population salvadorienne d'économiser 400 millions de dollars américains (505 millions de dollars canadiens) de frais bancaires lors des envois d'argent par la diaspora, notamment installée aux États-Unis, qui représentent 22 % du PIB du pays.

Une population réticente

Cependant, plus des deux tiers des 6,5 millions de Salvadoriens et Salvadoriennes s'opposent pour la première fois à une décision du très populaire président Bukele. Dans deux sondages distincts, la population a exprimé vouloir continuer à utiliser exclusivement le dollar américain, la monnaie légale du Salvador depuis 20 ans.

Ce bitcoin, c'est une monnaie qui n'existe pas, c'est une monnaie qui ne va pas profiter aux plus pauvres, mais aux plus riches. Qui, étant pauvre, peut investir alors qu'il a à peine de quoi manger?, s'enflamme José Santos Melara, un vétéran de la guerre civile qui a déchiré le Salvador de 1980 à 1992, et qui a manifesté vendredi contre la cryptomonnaie.

Ce sont des décisions [prises] sans consultation par le gouvernement et les parlementaires. [...] Les gens ne voient pas en quoi elles auront un effet positif pour changer de manière significative leurs conditions de vie, juge la directrice des sondages de l'Université centraméricaine (UCA), Laura Andrade.

Selon l'UCA, 65,2 % de la population n'est pas intéressée par le téléchargement du porte-monnaie électronique Chivo (« Super », en langage familier) nécessaire pour effectuer des transactions de la vie quotidienne en bitcoins, malgré les 30 dollars américains (38 dollars canadiens) de bienvenue offerts par le gouvernement.

Une semaine avant l'entrée en vigueur, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans la capitale pour demander au Parlement de renoncer au bitcoin.

Mais la cryptomonnaie a aussi ses adeptes : Jorge Garcia, un coiffeur âgé de 34 ans, utilise le bitcoin depuis maintenant trois ans. Il estime que c'est une monnaie d'avenir et espère que sa valeur va monter.

Le bitcoin imposé dans les commerces

Le Parlement salvadorien a voté en juin la loi qui fera du bitcoin une monnaie ayant cours légal au Salvador et qui oblige à accepter le bitcoin comme moyen de paiement. La valeur du bitcoin sera établie librement par le marché, stipule la loi.

Poursuivant la mise en œuvre de la réforme, les personnes élues ont approuvé mardi, à la demande du président Bukele, la création d'un fonds de 150 millions de dollars américains (190 millions de dollars canadiens) destiné à garantir la convertibilité automatique du bitcoin en dollars américains.

En outre, 200 distributeurs automatiques permettant d'échanger des bitcoins sont en cours d'installation. Certains sont gardés par des militaires pour prévenir leur dégradation par des personnes qui s’y opposent.

Une volatilité insécurisante

Des économistes, mais également la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque interaméricaine de développement (BID) ont exprimé leur scepticisme.

Cette mesure aura un effet négatif sur les conditions de vie au Salvador en raison de la forte volatilité du taux de change du bitcoin, et aura un effet sur les prix des biens et services, selon l'économiste de l'Université du Salvador Oscar Cabrera.

Le bitcoin, c'est la promesse d'un Titanic que personne ne gouverne, s'inquiète Oscar Cabrera, également ancien président de la Banque centrale du Salvador.

Le fait que la valeur de la cryptomonnaie soit déterminée exclusivement par le marché en fait une monnaie hautement volatile, insiste la Fondation salvadorienne pour le développement économique et social (Fusades).

Elle estime par ailleurs inconstitutionnel d'imposer l'acceptation obligatoire du bitcoin comme moyen de paiement.

Le populaire président Bukele, critiqué pour son autoritarisme et son mépris de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, a accusé l'opposition de vouloir faire peur à la population en dénigrant le bitcoin.

Craignant le blanchiment d'argent par des réseaux criminels, notamment de trafic de drogue, les États-Unis ont appelé le Salvador à se protéger des personnes malintentionnées par un usage du bitcoin réglementé, transparent et responsable.

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