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Des centaines d’Afghanes bravent les talibans dans les rues de Kaboul

Des femmes manifestent tout près d'un combattant taliban.

Les talibans ne sont pas intervenus au début de la manifestation, mais ont tout de même fini par disperser la foule, notamment en tirant en l'air.

Photo : Getty Images / AFP/HOSHANG HASHIMI

Radio-Canada

Des centaines d’Afghanes ont défilé mardi dans les rues de Kaboul, tant pour réclamer le respect de leurs droits que pour dénoncer l’ingérence alléguée du Pakistan dans leur pays et la répression des résistants dans la vallée du Panchir.

Les talibans qui patrouillent dans les rues de la capitale afghane ont laissé la manifestation se dérouler pendant un certain temps, avant de disperser les protestataires en tirant en l’air et en frappant certains manifestants avec des bâtons ou des crosses de fusil.

La manifestation, possiblement la plus importante depuis que les talibans se sont emparés du pouvoir, survient au lendemain d’un appel au soulèvement lancé par le chef autoproclamé de la résistance armée contre les talibans, Ahmad Massoud.

Le mouvement a été lancé par un groupe de femmes qui se sont rassemblées devant l’ambassade du Pakistan en Afghanistan, où elles ont été rejointes par de nombreux hommes.

Liberté, Longue vie à la résistance, Mort au Pakistan et Pakistan, dégage d’Afghanistan sont au nombre des slogans qui ont retenti dans les rues de la capitale avant que les talibans n’interviennent.

Nous avons invité les gens par les médias sociaux et nous avons plus de gens que ce que nous attendions, a raconté au New York Times une des organisatrices, une jeune femme de 26 ans se prénommant Rezai.

Selon elle, la manifestation a été organisée en coordination avec le Front national de résistance (FNR), dirigé par Ahmad Massoud, dont les forces sont retranchées dans la vallée du Panchir, au nord de Kaboul.

Nous nous attendons à ce qu’il y ait d’autres rassemblements ce soir parce que les gens s’opposent à la terreur et à la destruction. Les talibans n’ont rien accompli depuis qu’ils ont pris le pouvoir, sauf tuer des gens et répandre la terreur.

Une citation de Rezai, dans une entrevue au New York Times
Des femmes marchent dans une rue. Plusieurs brandissent un poing en l'air. Leur visage n'est pas voilé, mais beaucoup d'entre elles portent un masque.

Des centaines de femmes ont défilé dans les rues de Kaboul mardi matin avant d'être dispersées par les talibans.

Photo : Getty Images / HOSHANG HASHIMI

Nous ne défendons pas notre droit à travailler […] nous défendons le sang de nos jeunes, nous défendons notre pays, notre terre, scandait pour sa part une femme dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.

Nous réclamons la liberté de parole, la démocratie, a crié une jeune femme interrogée par la BBC. Je n’ai pas peur de mourir.

Nous allons continuer nos protestations, même si nous mourrons, a aussi déclaré à la chaîne publique britannique une militante pour les droits des femmes qui a participé à la manifestation, sous le nom d’emprunt de Marwa. Nous sommes prêtes à mourir.

Le Pakistan montré du doigt pour la répression dans le Panchir

Les femmes afghanes veulent que leur pays soit libre, qu'il soit reconstruit. Nous sommes fatiguées, a déclaré à l'AFP une manifestante, Sarah Fahim.

Originaire du Kapisa, au nord-est de Kaboul, elle dénonçait notamment la violente répression des talibans dans la province voisine du Panchir, la seule à avoir appelé à leur résister après leur soudain retour au pouvoir.

Des dizaines de femmes et quelques hommes sont rassemblés dans une rue.

Des femmes crient des slogans lors de la manifestation tenue près de l'ambassade du Pakistan.

Photo : La Presse canadienne / AP/Wali Sabawoon

Les talibans ont affirmé lundi l'avoir fait tomber et tué au passage plusieurs de ses chefs militaires. Le FNR soutient plutôt qu’il détient des positions stratégiques dans la vallée du Panchir et qu'il continue la lutte.

Pour Mme Fahim, cette répression a été orchestrée par le Pakistan, dont le chef des puissants services de renseignement militaires, Faiz Hameed, était ce week-end à Kaboul, où il s'est très probablement entretenu avec des responsables talibans.

Nous sommes fatigués d'attendre à l'aéroport, a ajouté Mme Fahim, en référence aux journées chaotiques et tendues qui ont suivi le 15 août, lorsque des milliers d'Afghans voulant fuir les talibans ont pris d'assaut l'aéroport de Kaboul dans l'espoir de quitter le pays.

Combien de temps cela va-t-il durer? Quand nos voix seront-elles entendues? Pourquoi la communauté internationale reste-t-elle silencieuse en voyant tant de gens se faire tuer?

Une citation de Sarah Fahim, manifestante afghane
La tête d'une femme qui crie apparaît du côté passager d'une voiture. Des hommes marchent aux côtés de la voiture.

Une Afghane crie des slogans depuis une voiture circulant au milieu de manifestants, mardi, à Kaboul.

Photo : Reuters / WANA NEWS AGENCY

Selon Associated Press, plusieurs journalistes afghans qui couvraient la manifestation ont été arrêtés par les talibans.

L’un d’eux a raconté, sous couvert de l’anonymat, que les talibans l’ont forcé à s’excuser d’avoir couvert la manifestation. Il devient plus difficile de faire du journalisme en Afghanistan, a-t-il déclaré.

La chaîne privée Tolo News a aussi rapporté qu’un de ses caméramans a été arrêté, et son matériel, confisqué, tandis que la BBC affirme aussi que les talibans ont empêché une de ses équipes de filmer.

Le chef du FNR, Ahmad Massoud, avait invité lundi les Afghans à se soulever pour la dignité, la liberté et la prospérité du pays.

Après la proclamation de la victoire dans le Panchir, le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a lancé lundi un ferme avertissement.

Quiconque tentera de créer une rébellion sera durement réprimé. Nous ne le permettrons pas, a-t-il prévenu.

Avec les informations de New York Times, Agence France-Presse, Reuters, Associated Press et BBC

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