Élections fédérales : portraits de candidates autochtones en Colombie-Britannique

De gauche à droite : Joan Phillip (NPD), Adeana Young (Parti vert) et Sherri Moore-Arbour (Parti libéral).
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Au moins 67 candidats autochtones se présentent à cette élection fédérale à travers tout le pays. Pour certains, c’est un grand saut en politique nationale. Pour d’autres, une deuxième tentative. Portrait de trois candidates autochtones de la Colombie-Britannique.
Joan Phillip, Nouveau Parti démocratique
Joan Phillip, candidate du Nouveau Parti démocratique (NPD) dans la circonscription Central Okanagan-Similkameen-Nicola, se présente pour la deuxième fois aux élections fédérales. En 2019, elle avait terminé troisième avec 17 % des voix.
Son engagement ne date pas d’hier. Militante pour l’environnement depuis l'âge de 16 ans, la candidate néo-démocrate occupe aussi depuis plus de 20 ans des fonctions politiques au sein de l’Alliance de la nation Okanagan en tant que gestionnaire des terres.
« Il y a une chose très importante que nos aînés nous ont enseignée. Nous avons deux grandes responsabilités : celle de prendre soin de la terre et celle de prendre soin de notre communauté. »
Joan Phillip s’engage en politique fédérale pour, dit-elle, changer les choses
.
Elle fait de la protection de l’environnement sa priorité et plaide notamment pour l’arrêt des subventions aux énergies fossiles au profit d'énergies plus vertes.
Nous sommes à un point critique de notre histoire où nous avons désespérément besoin de changement
, dit-elle. Nous avons besoin de politiciens qui protègent l’environnement, car rien n’a été fait. Il faut aller au-delà des paroles.
« Ce n’est qu'en s’impliquant qu’on peut changer les choses et voir plus de justice pour tous. »
La candidate autochtone veut aussi porter la voix de sa communauté à la Chambre des communes.
Joan Phillip dit recevoir beaucoup de soutien de sa nation, mais également d’autres communautés autochtones.
Beaucoup d’électeurs autochtones ne votent pas parce qu’ils sont découragés par le manque d’action du fédéral sur de nombreux sujets comme l'accès à l’eau potable, la réconciliation et bien d’autres.
Les candidats autochtones des différents partis au niveau national, en date du 31 août :
Le Parti libéral : 25 candidats.
Le NPD : 25 candidats, dont 4 en Colombie-Britannique dans les circonscriptions de Vancouver-Sud, Vancouver-Centre, Central Okanagan-Similkameen-Nicola, et Kelowna--Lake Country.
Le Parti vert : 11 candidats.
Le Parti conservateur : 5 candidats, dont 2 en Colombie-Britannique, dans les circonscriptions de Pitt Meadows-Maple Ridge et de Burnaby-Nord-Seymour.
Le Bloc québécois : 1 candidat, dans la circonscription de Saint-Hyacinthe--Bagot
Le Parti conservateur a décliné nos demandes d'entrevue.
Adeana Young, Parti vert du Canada
Kuun Jaadas Adeana Young, Haida, porte les couleurs du Parti vert dans la conscription de Skeena-Bulkley Valley, qui comprend notamment Prince Rupert et Terrace. C'est la première fois qu’elle se porte candidate à une élection fédérale.
Conseillère scolaire et directrice de plusieurs conseils au sein de sa communauté de Haida Gwaii, elle participe à la vie politique locale depuis 10 ans.
Adeana Young est engagée au Parti vert depuis environ un an et, dans cette élection, elle veut surtout porter en priorité le thème de la réconciliation avec les peuples autochtones.
« Nous avons besoin de changements systémiques. Et nous avons besoin d’avoir des voix autochtones à la Chambre des communes. »
Je reconnais le pouvoir et les compétences du gouvernement et du système. Mais je voudrais que l’inverse soit aussi vrai, et que soient reconnus les systèmes héréditaires que les communautés autochtones ont mis en place avant la colonisation
, dit-elle. Le fédéral et les communautés autochtones doivent travailler ensemble et nous devons nous reconnaître mutuellement.
Parmi les autres batailles de la candidate verte figure la lutte contre les changements climatiques.
Adeana Young estime également que les projets de pipeline créent de la division chez les Premières Nations, ce à quoi elle veut remédier.
Enfin, la candidate Haida veut améliorer la vie des nations autochtones qui vivent sur la côte en améliorant la pêche commerciale ou l'accès à l’eau potable. De façon générale, elle veut mieux desservir sa communauté.
Notre territoire s’étend sur plus de 300 000 hectares et nous avons beaucoup de communautés rurales ou reculées
, dit-elle. Il faut aussi travailler sur le thème des transports pour mieux desservir ces communautés.
Lors des précédentes élections de 2019, plus d'une soixantaine de candidats autochtones se sont présentés à travers le pays. Dix d'entre eux ont remporté une circonscription, soit le même nombre qu'en 2015.
Sherri Moore-Arbour, Parti libéral du Canada
Sherri Moore-Arbour est candidate libérale dans la circonscription de Saanich-Îles du Golfe. Engagée en politique locale dans le domaine de l’éducation et auprès des libéraux depuis des décennies, elle se lance en campagne électorale pour la première fois.
La candidate libérale veut mener plusieurs batailles, du sort des femmes autochtones disparues à la réconciliation en passant par la protection de l’environnement.
Je me bats aussi pour qu’il y ait plus de représentation des femmes et des minorités
, dit-elle. Nous devons avoir plus de voix autochtones à Ottawa.
« Nous ne sommes pas un seul et même bloc, il existe une diversité incroyable au sein des communautés autochtones. Alors une dizaine de députés autochtones ne suffit pas. »
Dans cette campagne, la candidate métisse fait face à une concurrence de taille, nulle autre que l’ancienne cheffe du Parti vert et députée sortante à la Chambre des communes Elizabeth May.
Comme j’ai dit à mes deux adolescents qui me posaient la question, on ne se lance pas dans une campagne parce que c’est facile. On le fait pour une cause importante à défendre, surtout étant Autochtones.
Sherri Moore-Arbour reconnaît les talents de son adversaire, mais estime que les actions de la députée sortante sont limitées à la Chambre des communes.
La candidate libérale estime que les découvertes de restes d'enfants sur les sites d'anciens pensionnats pour Autochtones ont éveillé une certaine conscience chez les Canadiens, mais qu'il reste encore beaucoup de travail à faire.
Des panneaux de certains candidats ont été vandalisés. On voit parfois de l'intimidation. On a encore du chemin à faire, on doit faire mieux pour rassembler tout le monde.