Ida : une partie de New York submergée par des pluies torrentielles
Le président Joe Biden, qui a promis une aide fédérale importante aux États meurtris par Ida, n'a pas hésité à montrer du doigt les changements climatiques.

Des voitures inondées après que les restes de la tempête tropicale Ida ont provoqué des pluies torrentielles, des crues éclair et des tornades dans certaines parties du nord-est des États-Unis, dont Mamaroneck, New York, le 2 septembre 2021.
Photo : Reuters / Mike Segar
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Même si elle a perdu de la vigueur après avoir dévasté la Louisiane, au sud, Ida a durement frappé le Nord-Est américain, notamment New York, avec des pluies record et des inondations meurtrières.
De l'État de New York au Maryland, les pluies torrentielles et les inondations qui ont frappé une partie de la région ont fait au moins une quarantaine de morts dans la nuit de mercredi à jeudi matin.
La région était peut-être prévenue du risque d'inondations soudaines potentiellement mortelles, mais elle ne s'était pas préparée à des intempéries d'une telle intensité. Des appartements situés à des étages inférieurs se sont trouvés inondés et plusieurs routes remplies de voitures ont été transformées en canaux.
Quinze personnes ont perdu la vie dans l'État de New York, dont au moins 12 dans la seule ville de New York, selon la police. Huit d'entre elles ont péri dans des appartements situés au sous-sol, où résident habituellement des gens moins aisés. Une autre personne est morte dans sa voiture.

Les piétons se mettent à couvert près de Columbus Circle à New York le mercredi 1er septembre 2021, alors que les restes de l'ouragan Ida sont restés puissants tout en se déplaçant le long de la côte est.
Photo : Associated Press / Craig Ruttle
Le gouverneur du New Jersey, Phil Murphy, a indiqué en soirée que la tempête avait fait au moins 23 victimes dans son État. À Passaic, notamment, le corps d’un septuagénaire a été retrouvé dans sa voiture qui avait été emportée par la crue soudaine des eaux.
Trois autres personnes sont mortes dans le comté de Montgomery, en Pennsylvanie, l'une d'elles a été tuée par la chute d'un arbre, une autre s'est noyée dans une voiture et l'autre est morte dans une résidence.
Au Connecticut, un policier qui répondait à un appel d'urgence pour une personne portée disparue s'est ajouté à la liste des victimes.
Si les restes d'Ida ont perdu la majeure partie des vents de la tempête, ils ont conservé son noyau de pluviosité, avant de fusionner avec un front de tempête plus traditionnel et déverser un déluge de pluie sur le corridor de l'autoroute Interstate 95, selon les météorologues.
Il est arrivé par le passé que cela se produise avec des ouragans, mais les experts estiment que la situation est légèrement exacerbée par les changements climatiques – l'air plus chaud retient davantage de pluie – et par l'environnement urbain, puisque les vastes revêtements asphaltés empêchent l'eau de s'infiltrer dans le sol.
New York en état d'urgence, des pluies record

Un bus passe devant des voitures abandonnées sur une autoroute inondée dans le Queens, New York.
Photo : Reuters / Brendan McDermid
Les inondations massives ont forcé la gouverneure intérimaire de l’État de New York, Kathy Hochul, et le maire Bill de Blasio à décréter l’état d’urgence, une première pour cause d’inondations soudaines.
Le Centre national des ouragans (National Hurricane Center) avait mis la population en garde depuis mardi contre le risque de crues soudaines importantes et potentiellement mortelles
et celui de crues modérées à importantes des rivières dans le centre du littoral atlantique et en Nouvelle-Angleterre. La gouverneure Hochul, qui a récemment pris le relais d'Andrew Cuomo dans la foulée de sa démission, et le maire de Blasio ont néanmoins admis que la force de la tempête les avait pris par surprise.
Nous ne savions pas qu'entre 20 h 50 et 21 h 50 hier soir, les cieux s'ouvriraient littéralement pour amener des eaux dignes des chutes du Niagara dans les rues de New York.
M. de Blasio, qui avait parlé la veille d'un événement météorologique historique
, a précisé que les prévisions faisaient état de 7,5 à 15 cm de pluie pour l'ensemble de la journée de mercredi.
Selon le service météo américain (NWS), Central Park a fini par recevoir 8,9 cm en une heure à peine, dépassant ainsi le précédent record de 4,9 cm enregistré en une heure lors de la tempête tropicale Henri, le 21 août dernier. La tempête a déversé plus de 23 cm de pluie dans certaines parties du New Jersey, de la Pennsylvanie, du Massachusetts et du Rhode Island, et presque autant sur Staten Island, à New York.
Les rues de Brooklyn et du Queens étaient inondées, et en matinée, jeudi, seuls les véhicules d’urgence étaient autorisés à circuler à New York.
La veille, dans la soirée, des cascades d'eau ont pris au piège au moins 17 rames de métro, ce qui a forcé l'arrêt de toutes les lignes du métro de la ville. Des images montraient des usagers se tenant sur les sièges de voitures remplies d’eau.

Une femme attend à l'entrée de la station de métro Rector Street alors que le service est retardé après de fortes pluies à New York, le 2 septembre 2021.
Photo : Reuters / Carlos Barria
De leur côté, les aéroports de Newark, LaGuardia et JFK ont annulé des centaines de vols.
Au plus fort de la panne d'électricité qui a sévi dans une partie de la région, au moins 220 000 personnes ont été plongées dans le noir, essentiellement au New Jersey et en Pennsylvanie.
Les vents violents et le mauvais temps se sont étendus jusqu’au Massachusetts, où des alertes de tornades ont été publiées tôt jeudi.
Biden évoque les changements climatiques
Le président Joe Biden a par ailleurs promis une aide fédérale substantielle pour les États du nord-est et ceux du golfe du Mexique frappés par Ida, mais aussi pour les États de l'Ouest américain en proie à des feux de forêt. Ces catastrophes rappellent tragiquement que la crise climatique
est arrivée, a-t-il déclaré dans une allocution donnée jeudi à la Maison-Blanche.
À la tête d'un pays divisé, M. Biden a fait valoir que ce défi, en raison des menaces que font peser tempêtes et incendies, transcendait la politique.
Nous devons être mieux préparés. Nous devons agir
, a-t-il martelé.
Ces tempêtes extrêmes et la crise climatique sont là. [...] C'est une question de vie ou de mort, et nous sommes tous là-dedans ensemble.
Les scientifiques soulignent que les changements climatiques augmentent la fréquence des événements météorologiques extrêmes tels que les tempêtes tropicales, ainsi que les sécheresses et les vagues de chaleur qui créent des conditions propices à de vastes feux de forêt.
Montrant elle aussi du doigt le changement climatique, l'Agence nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA) a récemment indiqué que le mois de juillet 2021 avait été le plus chaud jamais enregistré sur Terre depuis le début des relevés météorologiques, il y a 142 ans.
Le président Biden a par ailleurs assuré qu'il continuerait à faire pression sur le Congrès pour qu'il adopte son colossal plan d'investissements dans les infrastructures de quelque 1000 milliards de dollars, destiné à améliorer les routes, les ponts, le réseau électrique et les systèmes d'égouts.
Son initiative vise notamment à garantir que les réseaux vitaux reliant les villes, les États et le pays dans son ensemble résistent aux inondations, aux tourbillons et aux dommages causés par des conditions météorologiques de plus en plus dangereuses.
Mercredi, la Maison-Blanche a indiqué que Joe Biden se rendrait en Louisiane vendredi pour évaluer les dégâts causés par l'ouragan Ida.
Une saison des ouragans loin d'être finie

Le toit de ce salon de quilles de Houma, en Louisiane, a été entièrement arraché par les vents dévastateurs de l'ouragan Ida, dimanche.
Photo : AP / Steve Helber
Ida était la cinquième tempête la plus puissante à frapper les États-Unis quand elle a meurtri la Louisiane dimanche avec des vents atteignant 240 km/h, occasionnant vraisemblablement des dégâts avoisinant les dizaines de milliards de dollars de dégâts, notamment au réseau électrique.
C'était par ailleurs la deuxième tempête à toucher le Nord-Est américain en peu de temps. La tempête tropicale Henri avait déjà frappé la région il y a un peu plus d’une semaine. Henri avait provoqué des inondations, et la région était littéralement saturée par la pluie, ce qui la rendait plus vulnérable aux inondations de cette semaine.
Mais la saison des ouragans ne tire pas à sa fin. La tempête tropicale Larry est devenue un ouragan jeudi matin, se renforçant et se déplaçant rapidement vers l’ouest après s’être formée au large des côtes africaines plus tôt mercredi.
Elle risque de s’intensifier et de devenir un ouragan de catégorie 4 sur l'échelle de Saffir-Simpson qui en compte 5, d'ici dimanche.
Avec les informations de Associated Press, Agence France-Presse et Reuters