La Vérif : Erin O’Toole a-t-il dit la vérité sur l’état de la dette fédérale?

Le chef conservateur Erin O'Toole entend rééquilibrer le budget fédéral au cours de la prochaine décennie de façon responsable, s'il est porté au pouvoir. Il a critiqué mardi la gestion des finances publiques du gouvernement libéral et a évoqué des chiffres astronomiques sur l'endettement de l'État.
Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Dans une allocution, mardi, le chef conservateur Erin O’Toole a déclaré que « la dette fédérale totale a doublé pour atteindre 1400 milliards de dollars en seulement quatre ans ». C’est 200 milliards de plus que la réalité.
D’après un document de référence du directeur parlementaire du budget (DPB) pour la campagne électorale, la prévision de la dette s’établira plutôt à 1194 milliards de dollars cette année, une augmentation de près de 78 % par rapport à 2017. Il s’agit d’ailleurs d’une amélioration depuis le budget déposé en avril, qui tablait sur une dette de 1234 milliards.
M. O’Toole a ensuite affirmé qu’au cours des quatre prochaines années, si Justin Trudeau continue de dépenser au même rythme qu’il l’a fait de 2016 à 2019, il va tripler la dette totale du Canada à 1800 milliards de dollars, soit près de 90 % du produit intérieur brut d’ici 2025
.
Il s’agit vraisemblablement d’une affirmation trompeuse. Le DPB indique que la dette atteindra 1321 milliards de dollars à ce moment, donc 479 milliards de moins. À 44,2 % du PIB, ce niveau d’endettement demeurera alors, note le DPB, nettement inférieur
au record de 1995, à 66,6 % du PIB.
Les conservateurs se justifient en appliquant, à compter de 2022, la croissance des dépenses de programmes de 6,5 % en moyenne observée de 2016 à 2019. Pourtant, de 2022 à 2025, la croissance des dépenses prévue au budget varie de 2 à 4 %.
Un écart de projections énorme
Le titulaire de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques à l'Université de Sherbrooke, Luc Godbout, s’interroge sur les prévisions du Parti conservateur. C’est comme si on avait l’équivalent de deux autres chocs pandémiques sur la dette, dit-il. C’est énorme comme écart de projections.
Énorme, d’autant plus que l’économie canadienne s'améliore, et plus rapidement que prévu.
Bien qu’elles ne tiennent pas compte des promesses électorales, les données du DPB devraient être, selon M. Godbout, une référence, puisqu’elles donnent le portrait de la situation au moment du déclenchement des élections.
1 831 000 000 000 $
Erin O’Toole aurait dit vrai au sujet des 1800 milliards de dollars s’il avait évoqué le plafond actuel de la dette fédérale. Le projet de loi C-14, sanctionné le 6 mai, a relevé le montant maximum d’emprunts du gouvernement de 663 à 1831 milliards de dollars.
Avec la collaboration de Nathalie Lemieux