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Vaccination obligatoire : les syndicats demandent à être convaincus

Éric Girard pose pour la caméra.

Le président de la Centrale des syndicats du Québec, Éric Gingras, prenait la parole vendredi devant la commission parlementaire sur la vaccination obligatoire.

Photo : Radio-Canada / Fannie Bussières-McNicoll

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Bien qu'ils appuient les efforts de vaccination contre la COVID-19, les dirigeants de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) émettent de sérieuses réserves sur le recours à la vaccination obligatoire par le gouvernement, craignant des effets néfastes sur la pénurie de personnel déjà criante en santé et en éducation.

Interrogés vendredi matin en commission parlementaire, le président de la CSQ, Éric Gingras, et sa collègue Nathalie Léger, directrice de l’action professionnelle et sociale, ont tous deux soutenu que le recours à la vaccination obligatoire de leurs membres devait être une mesure exceptionnelle.

Selon la CSQ, qui représente plus de 200 000 travailleurs de la santé, de l’éducation et des milieux de garde, des zones d’ombre importantes demeurent concernant le déploiement d’une telle mesure, notamment quant à ses effets sur le personnel déjà à bout de souffle.

Le fardeau de la preuve au gouvernement

Il incombe au gouvernement Legault d’expliquer clairement ses intentions et de présenter des données probantes afin de justifier le recours à la vaccination obligatoire dans des secteurs où elle est déjà très élevée, affirment les représentants de la centrale.

Une couverture vaccinale qu’ils estiment – sans avoir mené d’enquête auprès de leurs membres – à près de 90 % dans les établissements de santé publique du Québec.

Mais au-delà des chiffres, l’organisation syndicale, qui se dit résolument en faveur de la vaccination de masse, craint que, face à une telle pression, plusieurs travailleurs réticents à se faire vacciner décident de quitter leur emploi, ce qui ne ferait qu’aggraver la pénurie de personnel dans des secteurs déjà très fragiles.

« Dans le milieu de l’enseignement, si 1 % décidaient de quitter le réseau […] c’est près de 1000 enseignants et enseignantes qui quitteraient. Est-ce que le réseau peut se le permettre? Et la question se pose également dans les services de garde, où il manque énormément de places. »

— Une citation de  Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec

Selon M. Gingras, l’imposition de la vaccination obligatoire, si elle n’est pas pleinement justifiée, instaurerait un climat de méfiance et de sanction contre-productif au sein des travailleurs. Pour la CSQ, l’adhésion plutôt que l’imposition demeure une avenue efficace, précise la centrale dans un communiqué.

Après les acteurs de la santé, ce sont ceux de l'éducation qui étaient entendus vendredi à Québec à la commission sur la vaccination obligatoire. Tous ne s'entendent pas sur la pertinence de rendre le vaccin obligatoire, mais tout le monde plaide pour un meilleur dépistage. Reportage de Valérie Gamache.

Sécurité au travail et droits fondamentaux

Se disant bien au fait que les travailleurs vaccinés ont aussi droit à un environnement de travail sécuritaire, Éric Gingras a rappelé aux députés que son syndicat doit aussi veiller à la défense des droits fondamentaux de ses membres, y compris ceux qui ont refusé le vaccin.

La vaccination obligatoire de certains travailleurs représente une atteinte aux droits de nos membres, mais le gouvernement peut, en contrepartie, démontrer qu’elle se justifie vu les circonstances dans le cadre d’une société libre et démocratique tout en aménageant des exceptions afin que l’atteinte soit minimale, écrit la CSQ dans un communiqué publié en marge de la commission. Il est essentiel de se questionner sur les exceptions qui seront prévues, notamment pour les personnes qui ne peuvent se faire vacciner pour des raisons légitimes liées à leur santé.

Le président de la CSQ a également plaidé devant la commission pour le maintien des mesures de protection sanitaire dans le milieu de la santé et de l’éducation. Il s’agit d’une question de cohérence, selon lui.

« Nous devons vivre avec l’incertitude, que la vaccination soit obligatoire ou non […] L’imposition de mesures mal expliquées pourrait nous desservir, collectivement, à plus ou moins long terme. »

— Une citation de  Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec

Faux sentiment de sécurité dans les écoles

Un homme s'adresse aux médias en conférence de presse.

Le président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) Sylvain Mallette.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Le ton était aussi à la prudence à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente plus de 500 000 enseignants et enseignantes au Québec.

Selon le président de l'organisation, Sylvain Mallette, qui comparaissait également devant les députés vendredi matin, la vaccination obligatoire des enseignants pourrait donner un faux sentiment de sécurité aux parents.

Dans la mesure où des centaines de milliers d’enfants de moins de 12 ans ne sont pas actuellement vaccinés et où les membres de leur famille constituent aussi des vecteurs de propagation potentiels, le fait d’imposer la vaccination aux enseignants n’offre aucune garantie réelle contre l’entrée et la propagation du virus dans les écoles, a-t-il avancé.

Tout comme son collègue de la CSQ, Sylvain Mallette a réclamé la publication par le gouvernement du Québec de données probantes et d’explications claires justifiant le recours à la vaccination obligatoire du personnel en éducation.

« Le débat sur la vaccination obligatoire ne peut se mener que si l’ensemble des données et des informations qui conduisent le gouvernement à lancer l’idée de la vaccination obligatoire, notamment pour le personnel enseignant, sont accessibles. »

— Une citation de  Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement

Rappelons que le gouvernement du Québec a annoncé le 17 août dernier que les travailleurs de la santé et des services sociaux du Québec, tant dans les réseaux publics que privés, devront être pleinement vaccinés d'ici le 1er octobre, sans quoi ils ne pourront pas travailler.

Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, a expliqué pour sa part la semaine dernière qu'il réfléchissait à l'imposition d'une mesure semblable dans les écoles, mais qu'il désirait attendre la fin des travaux de la commission parlementaire en cours afin d'entendre davantage de points de vue en provenance du milieu avant de prendre une décision.

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